Après vous avoir dressé le portrait d’une rentrée trop chargée la semaine dernière, voici maintenant le temps des chroniques ! On commence aujourd’hui par un blockbuster : Bleach et la fin des Arrancars. C’est sur cette saga à rallonge que nous nous étions arrêté, il y a un peu plus de deux ans déjà, pour un article sur ce blog… Depuis je ne trouvais rien de plus à dire en bien ou en mal, jusqu’en mai dernier. À ce moment là, c’est avec un grand alléluia que j’accueille alors le tome 48 de la série qui signe la fin d’Aizen et de ses sbires, ENFIN ! Un soulagement et l’occasion de revenir à des bases plus saines que cet enchevêtrement portenawesque de combat à surenchère et de surenchère de combats, qui fait passer la saga Namek de Dragon Ball Z pour un one-shot raisonnable…
Cela dit cette conclusion ne signe pas pour autant la fin de l’œuvre de Tite Kubo. Le mangaka a indiqué dans le Shonen Jump, en février dernier, qu’il rentre dans son dernier arc, mais rien ne nous dit combien de temps il va durer. De plus, il existe un décalage de 7 tomes entre la publication française et japonaise qui nous laisse le temps de voir venir. En attendant, chez Glénat, on accueille un nouveau volume et un nouvel arc. Aujourd’hui sort en effet le 49ème opus de Bleach, qui lance la saga de 6 tomes des Fullbringers.
Voilà une excellente occasion de faire le point sur la série, entre conclusion poussive et tentative de renouveau…
Bonne lecture
Tome 48 : dieu est mort, vive dieu !
Vingt-neuf tomes et cinq ans et demi, voilà le temps qu’aura duré la saga Arrancar-Aizen. Beaucoup trop pour un scénario aussi mince, basé sur un enlèvement d’une héroïne pour la seconde fois de suite. Les périodes de flashback qui sont venus temporiser une action surdosée ont permis au lecteur de reprendre son souffle mais n’ont pas réussi à apporter le fond qui a rapidement manqué à cette saga, tout comme un méchant d’envergure. Aizen a toujours été trop fort, trop intelligent, trop froid… Trop chiant.Des combats encore des combats toujours des combats, c’est un peu ce que l’on retient des dix derniers volumes de la saga avec un défilé d’Arrancars qui n’en finit plus. Ils sont passés, pour la plupart, aux oubliettes. Le plaisir de découvrir, dans les volumes 20, un personnage comme Grimmjow ou d’apprécier l’hommage de Tite Kubo à Dragon Ball Z à travers son duo Ulquiorra – Yammy inspiré par Végéta et Nappa a laissé la place à un ennui croissant à énumérer les espadas déchus, sans profondeur malgré des idées parfois plaisantes. Mais qui incriminer cela dit ? Tite Kubo, son tantô, la Shueisha ? Impossible à dire, donc revenons à Bleach…
Beaucoup de protagonistes intéressants ont été créés puis jetés très rapidement, pour jouer sur la nouveauté encore et toujours, au détriment du fond. Même les Vizards et leur caractère pourtant bien trouvé finiront balayés et rangés au placard, pendant qu’on nous ressort tous les généraux de l’arc à succès de Soul Society. Mais que faire si ce n’est appeler ce genre de renforts quand vos personnages principaux – Ichigo, Orihime, Ishida, Chad – n’ont plus rien, mais alors rien du tout, à nous dire ? Qu’est devenu l’insolence de notre héros aux cheveux orange qui défiait avec le sourire Byakuya, où est l’humour et le ton léger qui mettait du relief dans la narration ? Et ce n’est pas en faisant défiler des poitrines gargantuesques – au point que Bleach devienne une référence risible en la matière – qu’on peut compenser le manque de charisme.
Pour en revenir plus spécifiquement à ce tome 48, on nous offre une conclusion logique et sans beaucoup d’éclat. Le combat final est sympathique, mais c’est globalement un non-combat : Ichigo résiste à tout les coups d’un Aizen devenu hystérique et il ne se met au combat que pour lui asséner le coup (quasi) final. Même graphiquement, alors que Tite Kubo maîtrise très bien son sujet, il n’y a pas grand chose de très excitant : Aizen ne cesse de se transformer depuis les derniers volumes et les dernières métamorphoses de ce tome ne lui offre pas davantage de crédit… Pendant que celles d’Ichigo n’ont rien de révolutionnaire : des cheveux plus longs, roux ou noir et une chaîne qui lui entoure le bras… Et qui au final ne sert à rien du tout, d’ailleurs. Pire : ce personnage qui était à l’origine un anti-héros a, par moment, des allures de membre de boys-band ou de groupe de Visual.
Si on excepte ce point de vue esthétique discutable, les gros plans sur Ichigo sont techniquement réussis, mais les cadrages sont encore et toujours les mêmes, tout comme les doubles pages, sans originalité. En fait, par lassitude, on fini presque par passer à côté de quelques planches travaillées qui méritent de ralentir la lecture pour se rincer l’œil. Si vous avez l’occasion, re-feuilletez ce tome 48 et je suis sur que vous tomberez sur des dessins que vous n’aviez pas remarqué.
J’en finis pour ce tome avec l’épilogue de cette saga qui, ô surprise, parvient à titiller le cœur du lecteur fidèle : ce dernier chapitre est bref et sans bavure, possède une ou deux révélations bien senties, un peu d’humour (Aizen m’a fait rire, qui l’eut crut !) et s’achève sur une belle séquence entre Ichigo et Rukia. Si seulement elle avait eu lieu 10 volumes plus tôt, nous aurions tous applaudit !
Tome 49 – Un petit goût de renouveau
Retour à la case départ pour Ichigo, privé de l’intégralité de ses pouvoirs. Retour au lycée et son train quotidien. Retour de ses amis aussi, de sa famille. C’est un back to basics que tente Tite Kubo en prenant le temps de laisser parler ses personnages, qui n’ont désormais plus la chape de plomb qui les figeait dans leur attitude de sauveur du monde, et qui peuvent enfin se lâcher davantage et nous permettre de retrouver les personnages haut en couleur qu’on avait apprécier il y a de cela quelques années. Inoue, Tatsuki, Karin, Ishida, Jinta, et d’autres s’avèrent drôles et / ou séduisants dans leur vie ordinaire. Ichigo fait lui aussi son grand retour oscillant entre nostalgie de sa vie de shinigami et son rôle de mauvais garçon retrouvé.Car les shinigamis sont pour l’instant de l’histoire ancienne. Et ce n’est pas plus mal. En choisissant de se séparer pour un bon moment des généraux et des membres de Soul Society, Bleach prend un bol d’air bienvenu et prend surtout le temps de se reconstruire une histoire avec un scénario et une narration posée, quitte à déplaire. De nombreux fans, drogués par la surenchère d’action des 10 ou 15 derniers volumes sont aujourd’hui en manque et se plaignent en effet de ce tempo plus calme. Espérons que cet arc saura être une cure de désintoxication efficace, même si j’en doute.
Avec moins de personnages au compteur, Tite Kubo saisit la place libre pour en insérer de nouvelles têtes, celles des Fullbringers. Ces humains sont capables de manipuler l’âme des objets et des choses qui les entourent. Après l’âme humaine de la Soul Society, l’âme des objets… Why not ?! Il est encore trop tôt pour se prononcer là dessus avec un seul tome… On ne saura si l’idée bien exploitée que dans quelques volumes. De ces nouveaux combattants on ne sait quasiment rien et seul leur chef, Kugô Ginjo, a eu le droit au premier plan. Ce grand balèze au look totalement lambda joue sur le mystère et l’ambiguïté et s’avère assez difficile à cerner… Tant mieux.
Enfin j’en finis avec ce nouvel arc par l’aspect visuel. Des choses qui changent et d’autres non. Le chara-design de Tite Kubo s’affine et gagne en détail, notamment dans les regards ou dans les coupes de cheveux, mais l’allure globale de ses personnages ne bougent quasiment plus. Malheureusement, avec le renouvellement de figures à haute cadence de cette série, les nouvelles têtes ressemblent de plus en plus aux anciennes et il leur faudra se démarquer sur le plan psychologique.
Finalement le changement majeur sur le plan graphique reste la couverture de Bleach. Le tome 49 confirme l’apparition de grandes ombres et d’un contraste plus exacerbée, un travail dont on a eu les prémices sur quelques couvertures (celle du tome 45 par exemple). Ce travail sur les ombres et les trames se retrouve aussi depuis quelques tomes dans les gros plans du mangakas et il les maitrise de mieux en mieux… Peut-être une piste d’évolution, qui sait. Le tout est couplé à des bandes et un logo de couleurs variables selon les tomes, dans des tons très pop. Voyez par vous-même le résultat avec les numéros 50 à 54 ci-dessous :
Seul bémol : les couvertures des tomes 55 et 56 indiquent que ce style pourrait bien être chassé par un autre ou un retour à des couvertures plus conventionnelles :
Tite Kubo choisit donc de marquer le coup à plusieurs niveaux en débutant son nouvel arc : nouvelle couverture, nouveaux personnages, nouvel univers et nouveau tempo. En laissant parler et vivre ses personnages plutôt que d’enchaîner les combats et en laissant à nouveau place à l’humour, le mangaka veut passer par la case retour aux sources pour tenter un nouvel envol, et on plussoie globalement. Simple respiration, accalmie prolongée ou artifice commercial, il est encore trop tôt pour le dire mais l’intention d’un Bleach moins précipité est intéressante. Le changement est de toute façon de mise car la série accuse quelques faiblesses qu’on aimerait bien oublier… Affaire à suivre !
Fiche Technique
Titre : BLEACH
Auteur : Tite Kubo
Date de parution : 05 septembre 2012
Éditeurs fr/jp : Glénat – Shueisha
Nombre de pages : 192
Prix de vente : 6.9 €
Nombre de volumes fr / jp : 49 /56
Visuels BLEACH © 2001 by Tite Kubo / SHUEISHA Inc.
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