J'ai lu ce roman dans ma tendre adolescence, et il m'a durablement marqué. J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir, suivi de Il n'est pas si facile de vivre, forcément, ce sont des titres qui accrochent lorsqu'on a quinze ans. C'était Pénélope, 4èmeC, qui l'avait lu avant moi. Plus tard, elle a lu l'incroyable Tante Julia et le scribouillard de Julio Vargas Llosa, et après je l'ai lu, sous la canadienne à Tréboul plage. Pénélope connaissait aussi toute l'œuvre de Janine Boissard, mais là je n'ai pas suivi...
Hum... Revenons-en à J'ai quinze ans... : vous connaissez ? Vous avez lu ? C'est probable... Quoi qu'il en soit, une lectrice du BàL nous raffraîchit la mémoire :
Ce très court roman d’une centaine de pages est le récit du siège de Budapest, tenu par les Allemands contre les Russes, vécu de l’intérieur d’une cave d’immeuble, sombre, humide et peuplée de tous les locataires. La narratrice a 15 ans et passe le temps en lisant ce qu’elle a pu emporter : Balzac et Dickens surtout. Entre les grandes mesquineries des uns et les petits exploits glorieux des autres, l’adolescente raconte sans emphase ni apitoiement les morts violentes, l’omniprésence des cadavres, la lutte pour trouver à manger et à boire, les lectures et l’écriture de son journal à la lueur d’une misérable bougie de saindoux, l’arrivée des Russes qui n’apporte pas la paix attendue…
Ce récit autobiographique de Christine ARNOTHY très prenant, très émouvant et plein de justesse, est écrit avec la rage d’une jeune fille à qui la guerre vole son adolescence.
Il n’est pas si facile de vivre raconte la suite : la fuite clandestine, l’arrivée à Vienne, divisée en quatre par les vainqueurs, le statut de réfugiés clandestins. Puis, l’aventure en solo de Christine qui passe en France. Affaiblie par plusieurs mois de privations, elle doit s’adapter à un pays nouveau mais rêvé et idéalisé, loin d’être si accueillant que le prétend sa réputation. Les familles bourgeoises qui emploient la jeune femme de vingt ans comme nurse sont incapables d’imaginer ce qu’elle a subi, et se montrent souvent hautaines. Malgré cela, un désir tenace maintient Christine dans la volonté d’exister : écrire son premier roman, « avoir des enfants et des lecteurs ».
Ce roman semble plus posé que le précédent, plus amer aussi. Mais il permet de mieux se rendre compte de ce que subissent les immigrés, qu’ils soient réfugiés ou non.
286 pages, coll. Livre de Poche - 4,75 €