A vrai dire, l’intestine guerre picochroline que se livrent sans mer-ci Jean-François Copé et François Fillon et leur alliés réciproques pour la conquête de la forteresse UMP en vue de l’élection prési-dentielle en 2017 retient peu mon attention sinon par ses petits à-côtés souvent plus ridicules les uns que les autres. J’avais bien lu sur une dépêche de Reuters François Fillon enrôle Christian Estrosi pour conquérir l'UMP (4 sept. 2012) que « La conférence de presse conjointe entre les deux nouveaux alliés a été convoquée en hâte mardi, le jour où le secrétaire général de l'UMP était invité à Neuilly-sur-Seine pour un "café politique" par Jean Sarkozy » mais sans y prêter plus d’attention puisqu’il était indiqué qu’il recevrait également les autres candidats à la présidence de ce parti. J'avais juste pensé : Henri Guaino l'a dans le baba (5 sept. 2012). Bravo en tout cas pour le titre choisi par Frédéric Dumoulin Présidence UMP : Fillon sort la carte Estrosi le jour où Copé s'affiche avec Jean Sarkozy (Nouvelle République 4 sept. 2012) qui nous donne un exact reflet de ces « grandes manoeuvres » médiatiques.
Jusqu’à ce qu’en allant explorer Google Actus je tombe de stupéfaction rigolarde sur ce titre de l’Express : « Présidence de l’UMP : Jean Sarkozy adoube Jean-François Copé »… Le titre de l’article que j’ai bien évidemment ouvert séance tenante étant toutefois différent Présidence de l'UMP : Jean Sarkozy loue le "courage" et la "solidité" du candidat Copé (4 sept. 2012).
Il n’empêche, voilà bien de quoi m’avoir fait crouler de rire. Le petit merdeux prétentieux - pardon ! « Sa Seigneurie »… - se faisant le héraut d’armes du « champion » qui portera les couleurs du clan Sarkozy lors du grand tournoi d’automne destiné à départager les concurrents - Copé et Fillon restant sans doute seuls en lice - pour le titre de « maréchal » : chef de guerre contre les chevaliers « à la Rose (au poing) » du parti adverse.
J’avais cru comprendre en son temps que Nicolas Sarkozy lui avait imposé le silence les Sarkozy devant se faire oublier longtemps Le temps étant une notion à géométrie très variable quand il n’est pas mesuré scientifiquement, nous savons que Nicolas Sarkozy piaffe d’impatience - la patience n’étant guère vertu cardinale chez lui - tout en s’efforçant de garder un silence tout relatif. Il laisse ses amis s’exprimer à sa place. Autre envie de rigoler avec le titre de l’article d’Alexandre Lemarié Les partisans de Sarkozy lui préparent une "piste d'atterrissage" pour 2017 (Le Monde 3 sept. 2012) et selon lequel il ne fait aucun doute qu’eux-mêmes et très certainement Sarkozy himself conservent l’espoir qu’il reprît dans le futur les rennes de l’UMP, sans nul doute pour être à nouveau candidat à la présidence de la République en 2017 nonobstant Brice Hortefeux qui continue d’ânonner avec le si peu d’intelligence qui le caractérise « Nicolas Sarkozy se tient à distance de la vie politique et de la campagne UMP »… tu parles qu’on va le croire !
Alexandre Lemarié nous en livre une toute autre version, bien plus conforme à la réalité et à la personnalité de Nicolas Sarkozy : diviser pour régner. Un ancien ministre impliqué dans la bataille interne mais dont ne saurons pas le nom estime que « Son intérêt, c’est que ce soit le bordel » entre les candidats. Entendre « qu’il ne voudrait pas qu’un prétendant à la tête du parti l’emporte nettement, risquant de le remplacer, voire de le faire oublier - horribilis ! - pour l’empêcher de revenir, le moment venu, en comblant le vide ». Or donc, croit savoir un filloniste « Il ne va pas soutenir un candidat, il va plutôt brouiller les cartes et veut des soutiens dans les deux camps ». S’y ajoute une autre raison : s’il préfère ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre c’est « notamment pour ne pas prendre le risque d’être associé à l’éventuelle défaite de "son" candidat »… Ce qui à l’évidence obérerait définitivement tout espoir de retour.
Comme le constate François Fessoz sur son blog du Monde Nicolas Sarkozy, maître du jeu à l’UMP (Le Monde 4 sept. 2012) « le parti, loin de se ranger derrière l'un ou l'autre prétendant, est en train de se balkaniser. De multiples ambitions affleurent sans être sûres de pouvoir s'affirmer à cause des règles de parrainage qui mettent la barre beaucoup trop haut ». Mais Nicolas Sarkozy reste omniprésent dans la bataille de succession « rien ne se fera sans lui ni contre lui (…) Un mauvais vent souffle sur le parti, dont le plus petit dénominateur commun reste le nom de Nicolas Sarkozy (...) C'est la raison pour laquelle le président battu pèse de tout son poids dans la bataille ».
Jean-François Copé - qui n’en pense sans doute pas moins - a très vite compris qu’il ne devait pas se démarquer de lui "Toute critique contre Sarkozy est une critique contre moi" (Europe 1, le 20 juillet 2012). Il attaquait alors le livre de Roselyne Bachelot mais cette prise de position dépasse largement cet épiphénomène car comme l’indique Françoise Fressoz, « il a d'emblée collé à la roue de l'ancien président de la République dans l'espoir de récupérer une partie de la popularité dont Nicolas Sarkozy jouit auprès des militants » alors que François Fillon est « aujourd’hui obligé de rectifier le tir - il est critiqué dans son camp pour s’être démarqué de Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises - « pour ne pas risquer la sortie de route »… Le pilote de bolides de courses sur le circuit du Mans dans le « bac à sable »
Dans un autre article sur Europe 1 où elle analyse les forces en présence UMP : et les candidats sont... (4 sept. 2012) Hélène Favier note que Xavier Bertrand « pourrait se "défilloniser" tant il a été meurtri par le manque de soutien de l’ancien Premier ministre lors de sa candidature pour la présidence des députés UMP. Pour l’heure, Xavier Bertrand prend le pouls des militants et réfléchit à se lancer lui aussi ». Il restera à savoir de quelle popularité il jouirait auprès des militants, en se souvenant qu’il fut le premier chef - mais uniquement par intérim - de l’UMP après l’élection de Nicolas Sarkozy et que Jean-François obtint sa peau en 2010 - un « deal » de toute évidence : je te soutiens pour la présidentielle de 2012. En n’ayant garde d’oublier que Xavier Bertrand avait promis qu’il y aurait des « primaires » - conformément aux statuts de l’UMP, voulues par Nicolas Sarkozy en 2005 - visant à désigner le candidat aux législatives de 20012... Parfait crime de lèse-majesté.
Christian Estrosi - Président de l’association des amis de Nicolas Sarkozy - qui vient donc de faire allégeance à François Fillon - espère le retour de Sarkozy « leader moral (!?) et naturel de l’UMP (...) car il est le mieux placé pour rassembler l’UMP » cependant qu’un proche de l’ex-chef d’Etat - resté hélas lui aussi anonyme car j’eus bien voulu savoir qui pouvait bien être l’auteur d’une telle connerie l « Les troupes sont déjà prêtes pour l’atterris-sage (…) On allume des feux de piste pour qu’il sache où se poser le moment venu »… Métaphore au demeurant fort ridicule qui me fit imaginer Nicolas Sarkozy sautant en parachute en visant le cercle dessiné au milieu du terrain. Il restera toutefois à savoir - la vie politique étant loin d’être « un long fleuve tranquille » et les choses y changent à la vitesse grand V - si « le moment venu » le tarmac de l’UMP ne sera pas un champ de mines…
Ainsi - Nicolas Sarkozy restant le « manipulateur » notoire qu’il a toujours été - peut donc s’expliquer la prise de position de Prince Jean. Parce qu’à l’évidence « Papamadit » ne voudrait, ne saurait ou voudrait parler de son propre chef. Sauf à être très rapidement démenti. De mon avis, il m’étonnerait toutefois que Nicolas Sarkozy souhaitât la victoire de Jean-François Copé qui apprécierait fort peu qu’il revint pour livrer bataille en 2017 - et ne serait pas un adversaire particulièrement facile à manier - ayant misé en 2010 toute sa stratégie de prise du pouvoir à la tête de l’UMP en vue de cette échéance.
Le soutien de Christian Estrosi - qui de même n’a vraisemblablement pas agi sans l’aval au moins implicite de Nicolas Sarkozy - à François Fillon - est loin d’être négligeable. D’abord, le ralliement de ce fidèle parmi les fidèles de l’ancien président de la République atténue l’accusation portée contre Fillon de « s‘être éloigné de l‘orthodoxie sarkozyste ». Ensuite, en termes de suffrages internes selon ce que je lis sur un article d’Hélène Favier - observatrice avisée de la vie politique - Estrosi, nouvelle prise de guerre de Fillon (Europe 1, le 4 sept. 2012) puisqu’il est l’homme fort des Alpes-Maritimes, fédération troisième en nombre d’adhérents (12.000) derrière Paris et les Hauts-de-Seine. Le nombre d’adhérents de l’UMP à jour de cotisation - condition pour participer à la désignation du futur chef du parti - étant évalué à environ 264.000.
Jean-François Copé n’a-t-il pas récemment indiqué « qu’il irait chercher les voix des militants une par une» ? C’est exactement ce que demanda l’UMP à ses sympathisants lors des campagnes présidentielle et législatives. Pour le résultat que l’on sait. Christian Estrosi apportant à François Fillon 4.000 parrainages qu’il avait recueillis pour lui-même. Je doute que François Fillon en eût réellement besoin mais c’est sans doute un avantage psychologique autant que politique dans sa lutte au couteau avec Jean-François Copé : montrer ses muscles comme les boxeurs au moment de la pesée.
Christian Estrosi « avait entretenu le suspens sur ses intentions». Jusqu’à la semaine dernière, « il se disait encore prêt à se lancer dans la bataille et affirmait avoir déjà récolté la moitié des quelque 8.000 parrainages d'adhérents requis ». Allant jusqu’à évoquer « un attelage » avec Henri Guaino mais celui-ci brûla ses vaisseaux - sans nul doute « sanguins » car il se montra particulièrement irascible à plusieurs reprises dans des émissions de radio ou de télévision à l’encontre de contradicteurs de gauche - en annonçant seul (un jour trop tôt ?) lors d’une interview accordée au Figaro "Je suis candidat à la présidence de l'UMP" (Flash-Actu 3 sept. 2012).
En « tandem » avec Christian Estrosi à qui il laisserait la première place de ce « ticket». Ce tandem - lu sur un autre titre - déclencha ma verve ironique. Ne les imaginant pas pédalant sur un vélo à deux places en raison de la différence de taille - j’ai fait une rapide recherche : dix centimètres les séparent : Estrosi mesurant 1,77 m et Guaino 1,87 - j’eus l’idée plutôt jubilatoire du « motodidacte » (il interrompit ses études pour se consacrer au courses du moto discipline où il fut champion de France) - embarquant Guaino pour un tour de France des fédérations de l’UMP dans la nacelle d’un side-car.
Ceci dit, notons que Christian Estrosi joue en même temps sur le plan tactique une partie de billard à quatre bandes particuliè-rement serrée dans son département des Alpes-Maritimes. En effet, selon ce que je lis tant sur l’article d’Hélène Favier que celui de Reuters, la fédération des Alpes-Maritimes est co-dirigée par Christian Estrosi et Michèle Tabarot - « très puissante dans tout l’ouest du département ». Or, « celle-ci a été choisie avec Luc Chatel pour le "ticket" rival de Jean-François Copé ». Retenez d’ores et déjà vos places : castagne garantie au sein de la fédé !
Mais les calculs d’Estrosi ne s’arrêtent pas là. Ses rapports avec Eric Ciotti - nommé porte-parole de la campagne interne de François Fillon - qui fut longtemps le bras droit de Christian Estrosi se sont dégradés et « Estrosi s'est finalement dit que si Fillon remportait l'UMP, il ne pourrait plus empêcher Ciotti de contrôler le dépar-tement. Là, il pense garder les coudées franches ». Wait and see…
Je me demande bien comment François Fillon qui se posa en « républicain » et n’eut cesse de se démarquer de Nicolas Sarkozy et tous ceux qui prônèrent toute honte bue l’aggiornamento avec le Front national pendant les campagnes électorales aussi bien présidentielle que législatives pourrait encore « neyer le posson » comme dirait un Solognot. Ciotti étant en effet - avec son compère Lionel Luca - l’un des fers de lance de la très fachoïde « Droite populaire ».
Il rivalisent de twitts aussi bêtes que méchants contre les initiatives et déclarations de François Hollande, Jean-Marc Ayrault, etc. Christiane Taubira est leur tête de Turc favorite. Ils brillent par leur conception ultra-réactionnaire sur les questions de sécurité et de délinquance et Dieu sait pourtant si je ne suis ni laxiste ni angéliste.
Notez que je ne fus pas plus surprise que cela en l’apprenant sur une brève d’Europe 1 Ciotti dirigera la campagne de Fillon (13 juillet 2012) : « Qui se ressemble d’assemble »… Quitte à prendre une nouvelle fois une friction à l’huile de bois de cotteret sur les épaules et les abattis - mais il y a belle heurette que je m’en fiche autant qu’un canard sous un aca d’iau - je persisterais et signerais : comme je l’écrivis souventes fois sur mon blog et notamment il y a déjà longtemps Fillon : « Loué » soit le petit VRP de la maison Poulaga (15 juin 2007). « Je ne sais qui a cru naguère définir Fillon comme "l’aile gauche" de l’UMP - et cela dure encore ! - Plus réac, tu meurs ! Avec sa tronche d’enfant de chœur (sans cœur) chafouin (…) Quasi facho ! »
Il faut lire sur Le Point un réjouissant florilège des déclarations « off » de Sarkozy : ce qu’il dit en privé (3 juil. 2008)… Tout le monde ou peu s’en faut en prenant pour son grade ! Bien évidemment puisque « Sa Perfection » qui affirme sans cesse « n’être entouré que de charlots à l’Elysée et ne voir que des connards toute la journée » n’est pas plus tendre à l’égard de François Fillon « Il est lisse comme sa mèche. Tout est faux, chez cet homme. Tout est fait par-derrière. Impossible d’avoir une vraie conversation avec lui ». Ceci dit, je me demande bien quel est le suprême intérêt d’une conversation avec Sarkozy. Je suppose quand même à François Fillon un peu plus de culture et des sujets d’intérêt d’un niveau plus relevé.
J’ai trop souventes fois comparé le très cul béni François Fillon à un premier communiant bien propre et sage sur lui, filant en loucedé pendant le repas de famille des coups de tatane sous la table à une de des cousines pour ne pas supposer qu’il fût aussi « franc coume eun’âne qui r’cule » !
Néanmoins et j’en terminerais, je pense que Nicolas Sarkozy préférerait que ce fût lui et non Copé qui fût élu à la présidence de l’UMP car « courage Fillon » - sobriquet qui lui fut donné par ses amis politiques en 2003 quand il fut ministre des Affaires sociales de Jacques Chirac - serait autrement maniable s’il lui prenait l’envie de se présenter à la présidence de la République, Fillon n’ayant eu cesse de s’incliner en tout et pour tout à chaque lubie de Sarkozy, n’offrant qu’une pâle résistance - uniquement en paroles pour signifier sa différence.
Encore une fois et selon le bon mot de Jules Renard, il devait « n’écouter que son courage qui ne lui disait rien, et se garder bien d’intervenir ».
A vrai dire, je me fiche pas mal de savoir qui remportera in fine le coquetier en bois et la ficelle du même métal. Certains lecteurs-trices trouveront peut-être que pour une personne qui prétend n’y trouver que peu d’intérêt je me suis étendue plus que longuement sur le sujet ! C’est de la faute de ces olibirus : une fois ma curiosité aiguisée je cherche le maximum de renseignements sur divers articles, outre ceux que j’avais déjà en magasin dans mes fichiers. Et puis cet aveu : à lire et écrire sur toutes leurs magouilles je me suis bien amusée !