A propos de Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer
Jean-Pierre Bacri
A Paris, Damien (Jean-Pierre Bacri), un professeur sexagénaire de civilisation chinoise, sent que la fin de son histoire d’amour avec sa femme et metteur en scène Iva (Kristin Scott Thomas) est proche. Mais lorsqu’Iva lui demander si il ne peut pas l’aider à « régulariser » la situation d’une certaine Zorica, jeune femme d’origine serbe sans papiers, Damien accepte de se tourner vers son père (Claude Rich), président du Conseil d’Etat, avec qui il entretient une relation pourtant froide et distante…
Sixième long-métrage de Pascal Bonitzer, qui cosigne là également le scénario, Cherchez Hortense décrit la fin d’une relation amoureuse en même temps que le début d’une autre. Damien et Iva, qui vivent avec leur fils, âgé d’une douzaine d’années, vont chacun dans leur coin vivre et connaitre une nouvelle histoire d’amour, pour Iva avec un de ses comédiens, pour Damien avec une jeune femme (Isabelle Carré) qu’il croise régulièrement près du café où il retrouve ses vieux potes, dont Lobatch (inénarrable Jacky Berroyer, drôle et touchant en dépressif amoureux et suicidaire, et qui fait de plus en plus penser à Paul Giamatti).
Par petites touches subtiles, Cherchez Hortense tisse peu à peu sa toile, et construit un élégant et complexe scénario fait de chassés-croisés amoureux, de quiproquos, de malentendus, de coups de théâtre, de moments et de rencontres tantôt tragiques tantôt burlesques, avec en toile de fond la misère sociale et la défense des sans-papiers pour lesquels Damien prend de plus en plus parti et fait et cause. On le comprend…
L’élégance dont on parle, c’est la légèreté et le climat enchanteur créé par les musiques du compositeur russe Alexeï Aïgui. Le tragique, c’est la rupture violente entre Damien et Iva, à laquelle assiste impuissant leur fils. Mais chez Bonitzer, le burlesque n’est jamais loin. La douce ironie qu’il décrit dans les liens Père/Fils culmine dans une scène magistrale où Claude Rich avoue à demi-mots ses penchants pour les hommes dans un restaurant japonais, devant un Bacri hagard et qui n’arrive pas à en placer une sur le dossier de Zorica. C’est l’une des scènes les plus drôles et tragiques à la fois du film.
Dans Cherchez Hortense, on sent les influences d’un film comme Welcome. Dans l’ambiance évanescente, le lyrisme qui y naît parfois, on pense aussi à Chantrapas, dans lequel Bonitzer avait d’ailleurs joué.
Mais Cherchez Hortense ne serait pas ce qu’il est sans un acteur de la trempe de Bacri. Figure centrale du film, Damien est porté par un Bacri omniprésent. Il campe – et de quelle manière ! – un personnage de professeur à la fois à bout et déprimé mais qui, solide, calme, va peu à peu se reprendre et renaître de ses cendres grâce à sa rencontre avec la jeune femme jouée par Isabelle Carré. Damien a pourtant à affronter à la fois un père égocentrique et qui ne l’écoute jamais et une femme qui lui reproche de l’abandonner et de laisser partir leur couple à vau l’au alors que c’est elle qui l’a trompé.
Outre les très belles performances de tous ces acteurs, Bacri, Rich, Carré et Scott Thomas en tête, on ne dira jamais assez comment l’imbrication du scénario et la délicatesse de la mise en scène participent à la réussite du film, qui n’est pas vraiment une comédie, malgré des moments très drôles, ni une tragédie, mais plutôt la chronique douce-amère d’un homme qui sent qu’il a vieilli, un brin désabusé, mais qui va revivre au contact d’une femme et d’un combat contre l’injustice sociale qui lui tient de plus en plus à cœur. Si l’on peut dire…
http://www.youtube.com/watch?v=bdVlGmIusRY
Film français de Pascal Bonitzer avec Jean-Pierre Bacri, Isabelle Carré, Kristin Scott Thomas, Jacky Beroyer, Claude Rich… (01 h 40).
Scénario d’Agnès de Sacy et Pascal Bonitzer :
Mise en scène :
Acteurs :
Dialogues :
Compositions d’Alexeï Aïgui :