Sonatine, 18 août 2011, 450 pages
Résumé de l'éditeur :
Pologne, quelques années après la chute du communisme.
Lorsqu'on retrouve le cadavre d'un homme dans la forêt qui entoure le petit bourg de Jadowia, Leszek, un ami de la famille du disparu, décide de faire la lumière sur l'affaire. Il comprend vite que cet assassinat est lié à l'histoire trouble du village. Mais, dans cette petite communauté soudée par le silence, beaucoup ont intérêt à avoir la mémoire courte et sont prêts à tout pour ne pas réveiller les fantômes du passé.
L'ère communiste a en effet laissé derrière elle bien des séquelles et personne n'a rien à gagner à évoquer cette période où la dénonciation était encouragée, la paranoïa et la corruption étaient omniprésentes, les comportements souvent veules.
Sans parler de secrets plus profondément enfouis encore, datant de la Seconde Guerre mondiale, lors de la disparition brutale des Juifs établis à Jadowia depuis plusieurs générations.
Leszek va devoir mettre sa vie en jeu pour venir à bout de cette chape de silence et faire surgir une vérité bien plus inattendue encore que tout ce qu'il avait imaginé.
Dans ce thriller hors norme, au style d'une beauté et d'une puissance rares, Charles T. Powers aborde avec un art magistral de l'intrigue et du suspense des thèmes aussi universels que la culpabilité collective et individuelle, la mémoire et l'oubli - et les répercussions de l'histoire dans la vie de chacun. Un véritable chef-d'oeuvre du genre, qui restera, hélas, l'unique roman de son auteur, décédé brutalement après avoir remis son manuscrit à son éditeur.
Mon avis :
Pas de thriller ni de réelle enquête policière dans ce roman. Plutôt une vision de la Pologne des années 90-2000.
Un petit village "typique", avec ses dirigeants ayant des dossiers sur tout le monde ; ses piliers de bar qui se saoulent de vodka polonaise (parce que la russe est vraiment mauvaise) ; son vieux prêtre qui aime les promenades dans la forêt et son jeune prêtre qui veut clouer au pilori toutes les vieilles gloires.
Et puis il y a Leszek et son voisin, Powierza, de braves paysans qui tentent de donner un sens au meurtre du fils de Powierza.
Leszek, dont le père vient de mourir, est un peu le "ravi" du village : son enquête va lui permettre d'ouvrir les yeux sur l'histoire communiste du village et ses rouages, et sur le rôle de son propre père dans le système.
Le vieux prêtre, quant à lui, va s'intéresser à la filliation de l'étrange Czarnek qui s'occupe de la distillerie de vodka.
Quant au grand-père de Leszk, il nous parle de sa guerre contre les allemands et les russes, où chaque groupe de résistants était indépendant, d'où une grande pagaille et une désorganisation impressionnantes.
Un roman qui monte en puissance au fil des pages, pour finir dans une apothéose tragique. Même si les dernières mots de l'auteur donnent espoir.
Un roman où la forêt est omniprésente, qui cache l'histoire et les mystères du village, que personne ne veut plus voir et que tout le monde tente d'oublier dans la vodka.
On boit donc beaucoup dans ce roman, et la base de la nourriture polonaise semble être la saucisse et le pain à l'orge. De quoi bien tenir au ventre....
Un roman qui donne à voir les rouages du communisme à petite échelle (celle d'un village) et sur l'état de la Pologne il y a 10 ans. Le roman a été publié pour la première fois en 1997.
L'image que je retiendrai :
Celle de la forêt qui abritait les Résistants et le cimetière oublié.
Je crois bien que tu es la reine du thriller !