Le Lion, terreur des forêts,
Chargé d’ans, et pleurant son antique prouesse,
Fut enfin attaqué par ses propres sujets
Devenus forts par sa faiblesse.
Le Cheval s’approchant lui donne un coup de pied,
Le Loup, un coup de dent ; le Bœuf, un coup de corne.
Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,
Peut à peine rugir, par l’âge estropié.
Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes,
Quand, voyant l’Âne même à son antre accourir :
Ah ! c’est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir ;
Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.
Jean de LA FONTAINE (1621-1695).
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