Le poids des mots

Une image vaut mieux que de longs discours. Alors que s’achève la convention républicaine qui vient d’introniser Mitt Romney dans le rôle du candidat officiel du parti aux élections présidentielles de novembre, le New York Times publie son infographie traditionnelle des mots les plus utilisés dans les différents discours tenus à cette occasion. Pour tous ceux qui n’ont pas eu la patience d’écouter les sermons des ténors du GOP venus prêter allégeance et fortune (littéralement) au nouveau boss, le graphique est un bon résumé de la plateforme électorale républicaine et des idées qui ne manqueront pas d’être matraquées dans les médias au cours des prochains mois,  jusqu’à écoeurement des journalistes eux-mêmes.

L’idée sera de démontrer le leadership de Mitt Romney pour créer des emplois, redonner espoir aux familles qui travaillent dur pour réaliser le rêve américain que Barack Obama a démoli pièce par pièce, et assurer le succès des petites entreprises qui sont le futur de notre économie, grâce à l’experience de Romney dans les affaires, moins de taxes, et avec l’aide de Dieu.

Il est intéressant de noter que, à l’encontre des thèmes traditionnels du parti républicain attisant la peur depuis 10 ans, le mot terrorisme n’a pas été mentionné une seule fois à la tribune. Ensemble, les rares références à la guerre, à la défense et aux armes (une seule fois!), pèsent moins lourd que les mentions de la réforme du système de santé. C’est encourageant pour les relations internationales. Mais il est vrai qu’il est plus difficile aux républicains de mettre en cause sur ces sujets le président qui a tué Ben Laden…

Notez aussi que la place accordée par les médias aux sujets de l’avortement ou du mariage homosexuel est sans rapport avec leur vrai poids dans la rhétorique officielle de campagne (zéro mentions à la tribune). Il reste que, comme en France, on aura sans doute droit à une campagne très idéologique (avec seulement 8 mentions, le bon sens - »common sense »- ne fait toujours pas partie de la trame narrative), et extrêmement focalisée sur l’économie.

Les démocrates se réunissent en convention cette semaine autour de Barack Obama. En attendant le nuage de mots, les paris sont ouverts sur les poids lourds ! Allez. Je prends le risque : Obama, Michelle, rêve américain, justice, emploi et classes moyennes devraient former de grosses bulles. Et à l’encontre des thèmes de campagne traditionnels des démocrates, peut-être parlera-t-on aussi plus de guerre, de terrorisme… et de Ben Laden.