Il est étrange qu’en ce pays il faille rappeler une telle évidence : le retour de la croissance, de l’emploi, de l’équilibre de notre balance commerciale dépend très majoritairement de la capacité de nos entreprises à augmenter leur activité en France et à destination des marchés étrangers (la réduction des dépenses publiques et des prélèvements liés y aidera aussi comme signal fort adressé aux investisseurs privés français et étrangers).
Par Jacques Legrand.
40 ans de recettes socialistes, 40 ans de chômage élevé. On change quand?
Il y a plusieurs moyens de rendre de la compétitivité aux entreprises en France. Rappelons que la compétitivité s’obtient essentiellement par 4 facteurs :
- L’innovation des produits et des process
- L’investissement dans les actifs immatériels (marque, savoir faire, formation…)
- Un management performant incluant, notamment, pour la fonction commerciale, une expertise et des ressources pour obtenir des débouchés à l’exportation
- Des prix concurrentiels, obtenus par des gains de productivité (qui sont 5 fois plus importants dans l’industrie que dans les services)
Encore faut-il disposer de marges pour financer les 3 premiers facteurs, or les taux de marge de nos entreprises sont aujourd’hui parmi les plus bas des pays comparables. Or, comme le rappelait récemment sur LCI Lionel Zinsou, président de PAI Partenaires, « les excédents bruts d’exploitation par secteurs sont nettement plus intéressants en Allemagne qu’en France».
Pourquoi le gouvernement actuel ne prend il aucune mesure pour diminuer fortement les prélèvements de tous ordres qui accablent nos entreprises?
Pour ce gouvernement de gauche, il y a 2 obstacles majeurs : un obstacle idéologique et un obstacle socio-économique.
L’obstacle idéologique
Pour les socialistes, et encore plus pour les partis associés Front de gauche et Ecologie les Verts, toute mesure allégeant les charges des entreprises est assimilée à des « cadeaux faits aux patrons », horreur suprême, tant le hiatus entre monde de l’entreprise et secteur public/associatif reste fort dans ce pays où les « élites » sont demeurées sous emprise marxiste, genre « lutte des classes ».
La gauche ne parvient pas à se convaincre que c’est le secteur marchand qui procure l’essentiel des emplois qui ne sont pas à la charge de la collectivité, qui produit des biens ayant en général une valeur ajoutée reconnue (sinon les clients se détournent des entreprises qui les proposent) ; ce secteur est aussi le principal à offrir les biens et services exportables, décisifs pour viser le nécessaire équilibre de notre balance commerciale.
Autrement dit aucune « politique de l’emploi » n’a de sens et de chance d’améliorer la grave situation présente si le gouvernement ne se convainc pas de prendre des mesures qui allègent fortement les charges des entreprises.
C’est alors qu’intervient l’obstacle socio-économique : le montant considérable de la « protection sociale », au minimum 600 milliards € à financer chaque année, qui interagit avec le premier.
En effet, seul 10 % de ce montant est payé par des cotisations des bénéficiaires, les 90 % le sont par des taxes et prélèvements dont une part importante affecte les entreprises.
Or, le Medef souligne, comme d’ailleurs d’autres acteurs politiques ou sociaux, que les dépenses sociales de solidarité (branche famille, CMU, minima de retraite, droits familiaux de retraite, périodes validées au titre du chômage, de la maladie, de la maternité) ne relèvent pas de la responsabilité de l’entreprise, mais de celle de l’Etat. D’où sa proposition – en considérant le scenario le plus massif - de transférer en cinq ans 12 points de cotisations (de l’ordre de 70 milliards) vers la TVA et la CSG, afin de faire converger les taux de cotisation (hors CSG-CRDS) entre la France et l’Allemagne
En fait on peut estimer plus efficace (et moins coûteux) de considérer qu’une catégorie d’entreprises peut à la fois créer des emplois durables et impacter favorablement notre déficit extérieur : les 80.000 entreprises déjà exportatrices et les nouvelles qui les rejoignent chaque année en souscrivant une assurance prospection de la COFACE.
C’est ainsi qu’on observe, dans les pays de l’Europe du sud, une reprise des exportations : « Depuis deux ans, grâce à la baisse des coûts salariaux, les entreprises espagnoles ont retrouvé des gains de compétitivité», explique Jesus Castillo, économiste de Natixis.
Pour ces entreprises nous préconisons une baisse de 20 points de cotisation pour obtenir l’impact recherché
Pour les 2.800.000 autres un abaissement de l’ordre de 7 à 8 points serait déjà significatif pour un coût de 40 milliards € environ.
Notre position de libéraux est la suivante :
- C’est aux bénéficiaires de se protéger par des assurances de leur choix, à l’exception de cas limites : maladies longue durée, handicaps lourds, incapacité de se gérer, manque total de ressources personnelles et familiales, pour lesquels les coûts demeurent à la charge de l’Etat
- Surtout, un gouvernement responsable se doit d’expliquer aux citoyens que, si on libère les entreprises des charges de la protection sociale, ils auront certes des efforts à faire momentanément mais que c’est ainsi que le pays retrouvera de la croissance et eux des emplois.
Plutôt que de débourser 2,3 milliards € pour 150.000 emplois qui n’ont d’avenir que le nom, le pouvoir serait mieux inspiré de prendre d’urgence les mesures permettant une véritable relance.