L’obsédé

Souvent je devine qu’on rigole dans mon dos, je parle des plus aimables car les autres me charrient carrément.

Et pourquoi se moque-t-on de moi ? Parce que je suis organisé. Très organisé, même. D’accord. En quoi est-ce une tare ? Inutile de me répondre, je le sais, on m’a déjà tout balancé au visage parfois sans ménagement. Mais je n’en ai cure.

Les gens s’imaginent que je suis obsédé par l’ordre et l’organisation, comme si j’avais attrapé une maladie rare qui doit être soignée. Mais cet aspect de ma personnalité ne m’est pas tombé dessus par hasard, bien au contraire. C’est d’ailleurs ça que les gens ne comprennent pas.

Quand je fais quelque chose, d’une manière répétitive et toujours identique disent péjorativement mes détracteurs, c’est qu’eux-mêmes pas très malins font les choses sans réflexion. Si ma manière de procéder est toujours identique, c’est que j’ai pris le temps d’étudier en théorie et en pratique qu’elle était la meilleure façon de s’y prendre. Après des tâtonnements, qui peuvent être longs et nombreux, quand j’ai trouvé le geste juste, la technique optimum qui me permet d’économiser temps et sueur, je m’y cantonne. A ce point, j’estime que je suis dans l’acte parfait qui ne peut plus être perfectionné, du moins pour moi et mes moyens. Par conséquent, ne pas répéter cette procédure à chaque fois serait complètement ridicule. Pourquoi faire moins bien ou mettre plus temps pour faire une chose que je sais faire bien et vite avec ma méthode ?

D’ailleurs, il faut croire que je suis dans le vrai, car à près de soixante ans, je peux me targuer de n’avoir quasiment jamais été en retard de ma vie et d’avoir eu souvent beaucoup de temps libre. A notre époque, qui peut en dire autant ?

Alors vous pouvez me traiter de maniaque de l’organisation si vous voulez, moi je n’y vois que de la jalousie. Na !