Un violeur emprisonnι demandant une remise de peine, une jeune femme meurtrie par les fantτmes de son passι, un meurtrier des plus sadiques, des enquκteurs ripoux & un flic au bout du rouleau. Les rues de la "Citι Phocιenne" vont κtre le thιβtre d’un chassι-croisι meurtrier oω les agneaux doivent devenir des loups s’ils veulent survivre !
Campant d’inquiιtants personnages dans "Ne le dis ΰ personne" et "Scorpion" (2007), Olivier Marchal, ex-flic, est ιgalement un scιnariste et un rιalisateur reconnu. Avec son nouveau long-mιtrage, "MR 73", ce dernier continue d’analyser les travers de la police judiciaire franηaise tout en insufflant dans ses œuvres une incontestable touche polar-spectacle qui fait mouche.
S’inspirant de son expιrience personnelle du monde "pourri" (?) dans lequel devaient nager les Bad Cop’s des annιes 80, Olivier Marchal tisse un puzzle divinement sombre et inquiιtant dans lequel Daniel Auteuil, souvent transcendant dans des rτles en rupture, tire sans grande difficultι son ιpingle du jeu.
Plongι dans un Marseille gris, orageux et dιcrιpi, le personnage d’Auteuil, l’inspecteur Louis Schneider, se noie dans l’alcool depuis qu’un horrible accident de la route lui a enlevι les deux κtres qu’il chιrissait le plus en ce monde. Ajoutez ΰ ce profond dιsarrois, qui lui ronge les entrailles, un mιtier, enquκteur ΰ la Police Judiciaire, oω l’on frιquent chaque jour les pires "crapules", celles qui commettent des crimes abjectes comme celles qui portent un insigne !
Lancι sur les traces d’un assassin pervers, Schneider va κtre contactι par une jeune femme, dιnommιe Justin (Olivia Bonamy), avide de connaξtre la vιritι sur l’assassina de ses parents. S’en suit un habile puzzle, ιlaborι d’une main de maξtre par Marchal, oω la moindre piθce, le plus petit indice, s’emboξte ΰ la perfection avec d’autres ιlιments, tantτt sentimentaux, dramatiques, ou flippant mais toujours lugubres.
Jouant sur plusieurs tableaux, "MR 73" croise et entrechoque l’existence de plusieurs individus, toujours trθs bien interprιtιs par des acteurs consciencieux jouant toujours la carte du profil bas et du naturel. Le poids des silences et la duretι des regards sont pimentιs par une ambiance ιlectrique, poisseuse, voire organique, que l’on doit, en grande partie, aux dιcors trθs inquiιtants, chapeautιs par Ambre Fernandez, qui ne sont pas sans rappeler, par exemple, le travail d’Olivier Raoux sur "Les Riviθres pourpres 2".
Privilιgiant une histoire dure, crue et forte - un chouya prιvisible toutefois -, Olivier Marchal n’oublie pas non plus de soigner le spectacle en intιgrant, dans "MR 73", quelques archιtypes du cinιma polar plus "grand public" comme les grosses voitures noires amιricaines, les groupes d’intervention d’ιlite surιquipιs et les traditionnels impermιables de flic transformιs en longs manteaux de cuir noir faηon "Matrix"...
Ces "ιlιments" rιpondant sans doute ΰ une volontι de se dιtacher un temps soi peu d’un film-vιritι pessimiste au plus haut point, n’entachent nullement le caractθre noir et sombre d’un film (presque) unique. On soulignera ιgalement l’efficace jeu final qui s’opθre entre une rιelle force de vivre & une profonde soif de vengeance et de destruction.
Dιmultipliant les points de vue, les thιmatiques et les pistes scιnaristiques, "MR 73" est plus qu’un (simple) film de policiers ripoux et alcooliques. Olivier Marchal donne ιgalement une place trθs importante aux victimes et ΰ leur famille endeuillιe jusqu’ΰ la mort. Avec "MR 73", Olivier Marchal - merveilleusement secondι, devant la camιra, par un excellent Daniel Auteuil - signe un polar noir de haut vol, ΰ la fois intimiste et grand public, ΰ la fois violent et poιtique, ΰ la fois pessimiste et optimiste. Du grand cinιma ΰ la franηaise ! Bravo !
La bande-annonce...