Ma passion pour les questions environnementales est soumise à rude épreuve depuis plusieurs années, devant l'abandon presque total par les institutions financières de tout effort réel en faveur de la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Heureusement, de temps en temps, une actualité vient réveiller (brièvement) les consciences, comme c'est le cas aujourd'hui avec une interview d'un dirigeant de la banque australienne NAB (National Australia Bank).
Celle-ci fait partie des rares établissements qui persévèrent dans leur ambition de limiter leur impact environnemental : après avoir réduit ses émissions de GES de 25% (52 000 tonnes d'équivalent CO2) sur les 2 dernières années, elle cible désormais une réduction supplémentaire de 10% par employé d'ici à fin 2013, soutenue notamment par 350 projets concourant à la maîtrise de sa consommation énergétique. En complément, un objectif de baisse de 20% de la consommation de papier et de la production de déchets a également été fixé.
Parmi les chantiers les plus importants, plusieurs concernent les centres de production informatique ("data centers") de la banque, ce qui est parfaitement normal lorsqu'on sait que les 2 plus importants représentent 45% de sa consommation d'énergie. Le plan d'action correspondant comprend des initiatives classiques, de la consolidation des installations (les petites implantations étant proportionnellement moins efficientes) à la modernisation des infrastructures, par exemple par l'adoption du "free cooling" (climatisation par l'air ambiant extérieur).
Un peu plus en pointe, NAB prépare une véritable stratégie de cloud computing interne (dont le pilotage sera apparemment assuré par IBM), qui permettra de moduler la puissance informatique allouée en fonction de l'usage réel des applications, dans un mode "PaaS" ("Platform as a Service"). Et, afin de dépasser le stade habituel du "cloud washing" (si tout va bien), la facturation aux "métiers" des services délivrés serait basée sur leur consommation effective (ce qui doit inciter les responsables de la production à ajuster au mieux les ressources mises en ligne).
Au-delà des data centers, l'équipe en charge des enjeux environnementaux (la "green team") étant pluridisciplinaire, tous les domaines de la banque deviennent des cibles potentielles d'actions de réduction des émissions de GES. Ainsi, par exemple, l'immobilier est dorénavant soumis à des règles plus strictes, la flotte de véhicules de fonction est à 30% constituée de modèles hybrides, la politique de voyage a été modifiée pour favoriser l'adoption de la visioconférence et de la téléconférence et, donc, réduire les déplacements...
La réalisation qui attire plus particulièrement mon attention dans cette présentation est le déploiement de la connectivité sans fil (WiFi) dans les locaux de NAB. Combinée à un équipement des collaborateurs en micro-ordinateurs portables (ou en tablettes), cette action permet de réduire drastiquement les besoins d'impression. Pour voir (presque) quotidiennement le nombre de copies de présentations distribuées en réunion ou échouant directement dans les corbeilles (en raison des absences ou des participants qui apportent leur propre exemplaire) et pour avoir aussi connu une entreprise où la "mobilité informatique" était la règle, je n'ai aucun doute sur les effets positifs d'une telle politique...
En conclusion, l'exemple de NAB permet de tirer un enseignement important pour les stratégies environnementales actives : bien sûr, quelques actions de grande ampleur peuvent fortement contribuer à réduire les émissions de GES (comme une rénovation des data centers) mais une multitude de petits projets, ne nécessitant que des investissements modestes, peuvent aussi s'ajouter et se cumuler pour aboutir à de grands résultats.