La Justice n'a pas le sens de l'humour avec ce genre de plaisanterie et le parquet de Bobigny a ouvert une enquête préliminaire pour « délaissement d'enfant ».
Un homme découvre que son bébé de six mois n'est peut-être pas son fils : il passe une annonce pour le vendre sur Leboncoin.fr.
On pense forcément à une blague, de mauvais goût peut-être, mais une blague quand même. En France, l'esclavage a été définitivement aboli dans la deuxième moitié du XIXème siècle et avec lui le droit de propriété sur un être humain et son commerce.
Comment un homme peut-il croire, ne serait-ce qu'un instant qu'il est autorisé à vendre un bébé sur un site de petites annonces entre particuliers comme on se sépare d'un fauteuil qu'on n'aime plus?
C'est la chaîne M6 qui est à l'origine de cette révélation surprenante. Les faits remontent au week-end dernier et l'annonce n'est à priori restée que quelques heures en ligne, le temps qu'une association de protection de l'enfance en soit informée pour une action immédiate et un retrait de l'annonce.
Le bébé était proposé dans la rubrique ameublement (un bibelot sans doute) avec le laïus suivant : « je m'en sépare car je viens de découvrir que cet enfant n'est visiblement pas le mien. Outre le fait qu'il n'ait pas la même couleur de peau que moi, le père m'a téléphoné sur le portable de ma femme pour me demander des nouvelles de mon fils ». Prix du bébé « à débattre ».
On se souvient forcément de cet autre fait divers qui avait défrayé la chronique lorsqu'en avril 2010, une américaine avait renvoyé en Russie un enfant qu'elle venait d'adopter parce que l'enfant, âgé de 8 ans ne lui convenait pas.
Serions-nous en train de devenir fous, happés par un consumérisme galopant qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes et des enfants pour des produits ? Si le « papa » à l'annonce plus que douteuse du Bon Coin est « de bonne foi », il sera intéressant de savoir s'il est reconnu « mentalement responsable » de ses actes. Souhaitons que non...
Si, et c'est sans doute le plus probable, c'est bel et bien une mauvaise blague, l'annonceur va découvrir à ses dépens que, pour sa part, la Justice n'a pas le sens de l'humour avec ce genre de plaisanterie. Preuve en est que le parquet de Bobigny a ouvert une enquête préliminaire pour « délaissement d'enfant ».
L'an passé, pour une annonce similaire, bien que formulée comme une blague authentique, un jeune homme a été poursuivi pour atteinte à la vie privée des enfants dont la photo était restée en ligne pendant plusieurs heures.
Illustration : Photopin