Plus de tifos, plus de banderoles, de timides chants en tribune, des mégaphones confiés un temps à un collectif, Sportitude, prié de ne pas critiquer la direction du club. Des prix de places qui explosent. A l’heure où le PSG se dote d’un club galactique il tourne le dos à ses fidèles et entre dans une ère soit disant « moderne », où l’hyper consommation et l’exigence immédiate de résultat s’imposent. Au grand bonheur des dirigeants ?
Juste cause, injuste conséquence
La manœuvre est habile. Elle repose tout d’abord sur une nécessité absolue : mettre fin aux violences qui gravitent autour du club, née de la rivalité entre tribunes. Cette violence n’était pas nouvelle mais a atteint son paroxysme avec la mort d’un supporter en 2010. Depuis 30 ans, le club, les associations de supporters et les pouvoirs publics restaient plus ou moins spectateurs de ces violences, tantôt en tribune, tantôt autour du stade. Pourtant, seuls quelques centaines de hooligans y prennent part. Qu’importe. Tous les supporters ont été punis. Après tout pourquoi pas ? Les ultras ont été eux aussi incapables de « maîtriser » ces éléments perturbateurs. Alors pourquoi ne pas repartir de zéro et rebâtir des kops pacifiés mais fervents ?
Seuls les ultras des autres clubs ont manifesté une certaine solidarité avec la cause parisienne, voyant certainement se dessiner leur propre avenir, quand leur club cherchera à se débarrasser d’eux pour remplir leurs « Arenas » de spectateurs plus dociles. Et plus fortunés.
Ô ville lumière, sens la chaleur, du portefeuille
La situation est parfaite pour les qataris. Plus d’ultras, plus de contrepouvoir. Alors que la défection des ultras parisiens pouvait affaiblir la précédente direction, incapable de bâtir une équipe compétitive, elle est une aubaine pour les nouveaux propriétaires. Ils ne sont responsables en rien de ce plan Leproux mais vont pouvoir en bénéficier pour recycler le public du Parc. C’est d’ailleurs chose quasi-faite : avec les stars le stade est plein, personne n’est autorisé à contester quand on vire un entraineur leader de Ligue 1, le public siffle à 0-0 et le prix des billets explose littéralement.
Beaucoup semblent le regretter mais plus personne n’est là pour agir, protester. Les témoignages de nostalgiques de l’ambiance du Parc se sont récemment multipliés, mais de façon plutôt discrète (cf. documentaire sur Dailymotion et articles des Cahiers du Foot). Le reste du monde du foot regarde cette éviction comme une évolution logique, accompagnant la montée en gamme du foot français : nouveaux investisseurs, nouveaux stades, nouveaux diffuseurs. Donc nouveau public ? Le sort des ultras parisiens devrait interpeller bien plus largement car, au-delà des problèmes de sécurité qui se sont posés au Parc, il illustre également le mépris grandissant des responsables du foot français pour les supporters des clubs : montée des prix, horaires extravagants, blasons et maillots ridicules,… Le parallèle d’Alain Cayzac avec le syndicalisme est à ce titre intéressant (voir le documentaire Le Parc, une fois encore) : « dans un club [les associations de supporters] c’est comme les syndicats ; quand on est patron on rouspète contre les syndicats mais il n’y a rien de pire que quand il n’y a pas de syndicats : on ne sait pas à qui parler ».
I have a nightmare
Depuis le plan Leproux, nombre de personnes m’ont interpellé : « oui, mais tu pourras emmener tes enfant au stade ». Mes enfants, j’aurais souhaité les emmener avant, quand Auteuil et Boulogne se répondaient, quand je ressortais du Parc les oreilles sifflantes, quand un stade enflammé rendait la rencontre la plus soporifique possible en un spectacle magique. J’aurais surtout voulu les emmener pour aller voir ensemble, en famille, un match de foot. Et non pas tirer au sort lequel d’entre nous aura l’honneur d’aller agiter le drapeau PSG, gracieusement offert par les qataris, dans un virage à 100€ la place.
Lanfer