J’ai été cueilli hier par une petite fille au pied du Karthala ; de ses menottes, elle s’agrippait à mes frères et nous envoyaient dans le panier que portait sa jeune soeur à peine plus haute que trois goyaves ; c’est vrai que je proviens d’un jeune plant, à peine un mètre de hauteur ; mais certains de mes cousins sont issus d’arbres de six mètres de haut…. tellement haut même que certains membres de ma famille qui habitaient l’Inde en ce temps là, étaient ramassés avec une technique bien particulière ; c’est bien en Inde que l’on peut trouver des singes, n’est-ce pas ?
ma famille est loin de leur ressembler, nous sommes en général un petit peu plus petit, un chouïa moins puissant mais non moins odorant si l’on en croit les femmes qui nous utilisent ; ici elles savent, presque d’une façon innée, nous faire sécher au soleil, nous remuer dans tous les sens, nous secouer doucement pour que nous leur donnions le meilleur de nous même ; juste après la cueillette, lorsque nous sommes encore verts nous exhalons de puissants arômes de sous-bois, de champignons, d’humus et de terre ;
black pepper
et puis, le plaisir sur terre, lorsque l’on nous écrase doucement avec un de ces gros galets, l’explosion de fraîcheur, de menthe et d’agrumes…. concassés grossièrement c’est la meilleur façon de profiter de notre famille ; au jour le jour quasiment…. notre piquant n’est jamais agressif mais finement tenace ;