Le gouvernement Ayrault multiplie les commissions, méthode bien connue qui permet d'évacuer les problèmes que l'on ne veut pas résoudre.
Par Michel de Poncins.
Lionel Jospin préside une commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique. Il dispose, pour mener cette tâche impossible à définir, de trois mois, de 14 assistants et de spacieux bureaux dans un quartier chic de Paris.
Louis Gallois dirige une mission sur la compétitivité des entreprises. Personne ne peut comprendre pourquoi cet éminent personnage a accepté de dire du neuf sur un sujet traité par de multiples rapports publics ou privés.
Arnaud Montebourg, a confié à un polytechnicien, une mission sur la santé de Peugeot. N'importe quel boursier sait répondre à cette question puisqu'il s'agit d'une société cotée qui ne peut rien cacher de ses comptes.
Les antécédents
Évacuer les problèmes que l'on ne veut pas résoudre en créant une commission est une méthode de gouvernement très ancienne.
Christine Boutin avait été gratifiée par Sarkozy d'une mission sur la mondialisation et ses conséquences sociales ! Michel Rocard, qui dispose du train de vie princier d'un ancien premier ministre, s'est fait nommer « Ambassadeur pour les négociations dans les pôles », fonction luxueuse qui doit gêner énormément les nombreux diplomates tout à fait capables de gérer ces problèmes.
Passons aux rapports. L'Assemblée nationale a produit au moins 8000 rapports dont personne n'a aucun besoin réel. Pour les autres assemblées nous ignorons le chiffre ; avec le nombre de collectivités, il doit être immense. Un seul exemple : Juppé avait commandé à Storelu un rapport sur « Une étude de la proposition américaine pour l'effet de serre » !
La pyramide abusive
Cette sarabande à laquelle se livre Jean-Marc Ayrault est orchestrée par les innombrables élus dont souffre la France. Les étrangers en sont stupéfaits. Aux élus de base s'ajoutent ceux des intercommunalités et d'autres étranges structures comme le grand Paris.
À côté, il faut compter une quarantaine de ministres ou équivalents, une vingtaine d'entre eux veulent d'autant plus marquer leur passage qu'ils sont inutiles.
La sarabande n'est qu'un sous-produit naturel de la pyramide.
Les coûts
Deux précieuses indications nous ont été fournies.
Quand Madame Boutin obtint sa mission, une curiosité journalistique révéla son salaire, à savoir 9 500 € par mois. Avec d'autres ressources prises sur l'argent public, elle se trouvait toucher 17 500 €. Elle eut l'élégance de renoncer à son nouveau salaire. Deo gratias.
Le salaire de la patronne n'était qu'une goutte d'eau dans le coût total de la mission. Il fallait trois salariés de très haut niveau à la tête d'une formidable bureaucratie...
Monsieur Claude Barral, vice-président du conseil général de l'Hérault, avait reçu 320 000 F (49 000 euros) pour un rapport sur la « démoustication du littoral ». Le rapport indiquait que le moustique « est agressif et pique du printemps à l'automne », et que « les larves du moustique se développent dans l'eau et viennent respirer à la surface » .
Que faire ?
Il n'y a aucune chance visible que la voie électorale nous délivre du boulet insupportable supporté par les entreprises dans un univers très concurrentiel. Les élus devraient nous protéger des Princes qui nous gouvernent. Ils sont devenus les Princes agissant selon leur bon plaisir et leurs intérêts changeants.
Ceux qui manipulent les élections au sommet n'ont aucune raison à leur âge de changer quoi que ce soit. Ils se chuchotent entre eux que ce fut toujours comme cela.
Nous devons ne pas être dupes et ne pas cesser d'informer.
Pour le reste, espérons modestement que le réveil ne sera pas trop brutal.