Profil d’une oeuvre : David et Jonathan

Publié le 26 mars 2008 par Juval @valerieCG

Notre enfance a été bercée par des chansons formidables, émouvantes et inoubliables. Il y avait Brassens, il y avait Brel, il y avait Barbara. Mais il y avait surtout David et Jonathan avec la chanson “Est-ce que tu viens pour les vacances ?” que je me propose de faire revivre pour vous.


Signalez-moi dans les commentaires des œuvres injustement boudées et que j’analyserai avec tout le respect qui leur est dû. Francophones je vous prie, on cause pas étranger ici.

“T’avais les cheveux blonds
Un crocodile sur ton blouson
On s’est connu comme ça
Au soleil, au même endroit”.

Dés la deuxième phrase une synecdoque aide à la datation du texte : les révisions du bac français. Cela nous permet d’ailleurs de montrer que ce texte n’est pas apocryphe et une pâle copie de l’œuvre magistrale de nos deux compères.
Néanmoins, une surprise nous attend. Un blouson en été, c’est peu courant. L’été avait-il été froid ? N’y-avait-il plus de saison ? Non nous n’en étions pas encore là. Une seule piste s’offre à nous ; elle tremble de désir devant nos deux amis.

“T’avais des yeux d’enfant
Des yeux couleur de l’océan
Moi pour faire le malin
Je chantais en Italien”

Deuxième strophe, deuxième figure de style. Par une métaphore peu courante, les auteurs nous apprennent la couleur des yeux de l’héroïne. Sans trop nous avancer, on peut en conclure qu’ils sont bleus.
Le choix de l’italien n’est pas anodin. Nous connaissons Dante, Svevo mais surtout Eros Ramazzotti.

“Est-ce que tu viens pour les vacances
Moi je n’ai pas changé d’adresse”

Les deux premières phrases ne cessent de nous surprendre. Ça n’est pas qu’il n’ait pas changé d’adresse qui nous importe. Mais il faut surtout qu’ils retournent bien au même lieu. Si elle l’attend à la Grande-Motte et qu’il est à Palavas les flots, on risque de se retrouver avec Roch Voisine, seul sur le sable et les yeux dans l’eau.

“Je serai je pense
Un peu en avance
Au rendez-vous de nos promesses”

Le monde se divise en deux catégories : les juilletistes et les aoutiens. David et Jonathan avouent ici contrevenir aux règles sociales les plus élémentaires. D’un hymne que nous pensions simplement amoureux nous passons à un air beaucoup plus révolutionnaire, voire même anarchisant.

“Je reviendrai danser
Une chanson triste, un slow d’été
Je te tiendrai la main
En rentrant au petit matin”.

David et Jonathan nous ont déjà prouvé leur virilité à fleur de peau. Mais un homme, un vrai c’est aussi ça. Il s’émeut devant des chansons à l’eau de rose (et en écrit aussi).
Habilement cette fugitive impression de fragilité est atténuée par nos deux derniers couplets. Fragile oui mais baiseur.

“C’que j’ai pensé à toi
Les nuits d’hiver où j’avais froid”

David et Jonathan nous avouent sans fard leur pauvreté ; pas de couette en plume d’oie, pas de chaude couverture. L’intensité de leur amour les réchauffe, dieu merci.

“J’étais un goéland
En exil de sentiments”

La fin du bac de français se sent ; on maîtrise les poètes du 19eme.

“Amour d’enfance
D’adolescence
On dit je t’aime
Et on oublie quand même”

Une conclusion à la hauteur de la chanson. Le verbe oublier est sans nul doute prémonitoire du sort artistique de nos deux héros. David et Jonathan medium ?