On apprend aujourd'hui que la guerre a déjà coûté trois mille milliards de dollars aux Etats-Unis depuis le 20 mars 2003, date de la première invasion et des bombardements sur Bagdad. Ce chiffre invraisemblable donne le vertige mais il montre comment la décision d'un seul homme peut engendrer de dégâts. Cet homme qui vient dans sa dernière intervention de se gargariser de ces exploits. Mais ce montant ne doit pas masquer les pertes humaines, plus importantes aux yeux d'un humaniste que d'un économiste. Certes, un dictateur a été neutralisé mais le bilan est catastrophique : pertes humaines, dégâts matériels, insécurité permanente. Les Irakiens sont libres, mais libres de survivre dans un bazar sans nom. L'issue de cette guerre semble inexistante. Les Etats-Unis n'en verront peut-être jamais la fin.
Alors, tout espoir d'en finir dépendra des élections présidentielles outre-Atlantique. Un poids repose sur les Américains et déjà 64 % d'entre eux déclarent que cette guerre n'en valait pas la peine, comme les Européens le disaient déjà il y a cinq ans. Mais nos amis ont préféré n'en faire qu'à leur tête et croyaient encore une fois prouver leur puissance, jouer les policiers du monde et sauver leurs ressources pétrolières qu'ils ont tant besoin pour faire rouler leurs grosses voitures et faire fonctionner leurs industries. Maintenant, l'opinion publique a changé, la fibre environnementale s'est réveillée et de voir ces cercueils revenir les ont quelque peu tourneboulés. Les Américains sont fatigués et en ont marre. Alors deux questions se posent durant cette campagne électorale. Le prochain président va-t-il mettre un terme à ce gâchis ? Faut-il faire revenir les soldats ?
Si l'on réfléchit en humaniste, la question ne se pose pas. L'armée doit rentrer et il est temps de laisser le gouvernement irakien en place gérer le pays de façon autonome. Mais si l'on se place du côté des politiques, les facteurs économiques et de fierté pèsent dans la balance. En étant sur place, le gouvernement a l'œil sur les réserves de pétrole. Rappelez-vous lors de la première invasion : le seul ministère à n'avoir pas été bombardé et pris en main par les soldats était celui qui était le ministère du pétrole. Par contre, le musée principal de Bagdad a été abandonné et pillé dans l'indifférence générale. L'autre critère est qu'un retrait de l'armée pourrait être un aveu de faiblesse et d'échec. Or, les Américains ont cette espèce de fierté viscérale qui les caractérise tant : patriotisme à toutes les sauces, sentiment d'être les plus forts.
La main est donc dans le camp des électeurs. Les candidats doivent être fin dans leur stratégie électorale et prendre en compte cette opinion générale de "ras le bol". Ce serait pour lui ou elle l'occasion de se démarquer du président actuel. Il faut connaître ses limites et reconnaître ses erreurs : c'est un pas vers la respectabilité.