MassToMass propose aux internautes de financer des campagnes d'opinion créées par des associations ou collectifs qui veulent transmettre un message dans les médias traditionnels. Une initiative intéressante mais qui prête à la discussion.
Le crowdfunding est-il applicable à tous les secteurs ? Ce financement participatif fonctionne en effet idéalement dans le domaine culturel ou associatif (KissKissBankBank, Ulule...) et même dans le financement de startup (Wiseed). Si l'on en croit MassToMass, il s'adapterait tout aussi bien au marché publicitaire. Le site, dont le slogan est "ensemble pour se faire entendre", propose ainsi aux collectifs, aux associations, mais aussi aux agences et même aux particuliers de lancer des appels à budget pour créer des campagnes d'opinions qui seront ensuite diffusées dans les espaces publicitaires dits traditionnels (TV, radio, presse). L'initiative est intéressante : elle vise à permettre à tout un chacun et surtout aux acteurs qui n'ont pas beaucoup de moyens, d'être visible sur des supports qui demandent encore des fonds pour être affiché.
Des fonds élevés
Mais les moyens pour y parvenir soulèvent quelques questions. En effet, pour lever des fonds, il faut tout d’abord créer et poster une campagne sur un sujet d'opinion, puis collecter les contributions financières de ceux qui la soutiennent. Or, pour envisager une première diffusion de la campagne, il faut dépasser un seuil de collecte qui varie en fonction du support choisi et qui s’élève à 3000 € minimum. Une somme non négligeable. "Ces espaces sont excessivement coûteux, et il semble difficile de rassembler de telles somme d’argent", estime ainsi Michèlle Blanc, conférencière et blogueuse québécoise spécialisée dans les questions de stratégie et de marketing Web. "Certes les affiches proposées par les internautes ou associations sont superbes, mais les sommes versées sont minimes (137€, 235€) et loin d’atteindre le véritable coût que représente le déploiement d’un plan de communication efficace", poursuit-elle.
Les réseaux sociaux pour communiquer
Cela s'expliquant par le fait qu'apparemment, les internautes contributeurs ne reçoivent rien en échange de leur participation, contrairement aux autres plates-formes de crowdfunding, qui proposent soit des intérêts, soit un produit ou un service. Selon Michèlle Blanc, également, la visibilité dans la presse traditionnelle, si elle permet d'attirer l'attention d'un public potentiellement différent de celui du web, n'est pas indispensable pour se faire connaître. "Avec les réseaux sociaux, il est aujourd'hui facile et peu coûteux de toucher un nombre important de personnes potentiellement intéressées pour soutenir un projet ou une cause", explique t-elle. Reste que MassToMass pourrait trouver dans les entreprises un contributeur efficace : le site propose ainsi aux compagnies de financer tout ou partie de ces campagnes, dans une logique de mécénat qui peut avoir son intérêt.