Sondage après sondage, la popularité de François Hollande diminue de manière régulière depuis qu’il a été élu président de la République. D’après la dernière mise à jour du baromètre Ifop pour le Journal du Dimanche, 54% de nos concitoyens se disent satisfaits de lui. Ce score, certes honorable, marque cependant un fort reflux par rapport à la proportion de 61% en mai dernier.
Pourtant, cette tendance ne marque pas une particularité en ces temps de crise. Au contraire, la situation de ses prédécesseurs nous apprend que le fameux état de grâce présidentiel n’est plus, au mieux, qu’une vue de l’esprit.
Comment comparer la popularité des présidents de la République?
La matière « sondagière » s’étant densifiée ces dernières années, il peut paraître aujourd’hui difficile de trouver les bonnes données pour remonter dans le temps et avoir une lecture historique de la popularité d’un président.
Il est toujours délicat de comparer des productions issues d’instituts de sondage différents. D’une boutique à l’autre, les questions changent: popularité, satisfaction de l’action du président, bonne ou mauvaise opinion, confiance pour affronter les problèmes… Il y a autant d’indicateurs que d’instituts. Le seul outil permettant de remonter dans le temps est le baromètre de l’Ifop pour le Journal du Dimanche, dont la question « Êtes-vous satisfait ou mécontent de … comme président de la République? » est identique depuis la première vague, en juillet 1958. Depuis, 625 mesures supplémentaires ont rythmé la vie du locataire de l’Elysée et scruté la popularité de sept présidents.
Se pose également la question du choix des données: il semble hasardeux de comparer la popularité d’un nouveau président sur ses premiers mois de mandat avec celle d’un président qui vient d’être réélu, ce dernier ayant un passif avec l’opinion plus important. Il convient donc de se limiter aux sept périodes de début de premier mandat de chacun des sept présidents qu’a connu la Vème République, en n’omettant pas la particularité de l’élection, au suffrage indirect, du général de Gaulle en 1958.
Hollande chute-t-il plus vite que ses prédécesseurs ?
L’intérêt de ce type de baromètre, analysé hors du contexte politique toujours particulier à chaque élection, est de permettre une réponse à la fameuse question: « fait-il mieux ou moins bien que le président précédent? » qui alimente les débats partisans avec plus ou moins d’objectivité.
Cote de satisfaction des présidents de la Vème République au fil de leur(s) mandat(s)
Ifop/Journal du Dimanche
Le graphique ci-dessus reprend l’évolution de la cote de satisfaction des présidents de la Vème République mois après mois, tout au long de leur passage à l’Elysée. Il permet de tirer quelques enseignements rapides:
- Jusqu’à Jacques Chirac, les nouveaux présidents jouissaient d’une période de popularité en légère progression pendant environ un an: les citoyens attendaient de voir les résultats des premières mesures avant d’applaudir ou de vouer aux gémonies le nouveau chef de l’Etat. Ce n’est qu’ensuite qu’ils évaluaient, positivement pour Pompidou, plutôt négativement pour Giscard d’Estaing et très négativement pour Mitterrand, l’action entreprise.
- Avec une période de calme plus courte, Nicolas Sarkozy a connu une évolution de sa popularité très comparable à celle de François Mitterrand. Mais quand pour le premier la courbe s’arrête au bout de 60 mois, à la fin de son quinquennat, son ainé a pu profiter de la première période de cohabitation pour remonter à des niveaux plus agréables.
- Jacques Chirac a été le président le plus mal jugé sur ses premiers mois à l’Elysée. Arrivé avec 59% d’opinions positives, il ne lui en reste que 27% six mois plus tard. La dissolution de 1997, si elle a marqué la défaite électorale de son camp, lui a permis de bénéficier de la bienveillance de son opinion publique. Il était même le président le plus populaire de la Vème République après cinq ans de mandat.
- L’évolution de la popularité de François Hollande se situe, pour le moment, entre celle de Jacques Chirac et celle de Nicolas Sarkozy. Nos compatriotes ne semblent pas vouloir lui laisser le temps de les convaincre, les débuts semblent difficiles. Mais personne ne peut dire aujourd’hui avec certitude comment la courbe va évoluer dans les mois qui viennent.
La popularité n’est pas annonciatrice du mandat à venir
La lecture des courbes montre surtout que la popularité, dans les premiers mois, n’est pas annonciatrice du mandat à venir. Nicolas Sarkozy a été le président dont la popularité a été la plus élevée juste après son élection, et il est celui qui est resté le moins de temps à l’Elysée. Valery Giscard d’Estaing n’a presque jamais eu moins de 40% d’opinions favorables, mais n’a pas réussi à se faire réélire au bout de son premier mandat. François Mitterrand et Jacques Chirac sont les deux présidents qui ont enregistré les scores les plus faibles, ils sont aussi ceux qui ont le plus duré (respectivement 14 et 12 ans). De cohabitations en réélections, peut-être sont-ils des exemples à méditer pour François Hollande et ses adversaires?
Article publié mercredi 29 août sur le site Express Yourself