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Sohrab Sépéhri (en persan سهراب سپهری), né à Kashan le 7 octobre 1928 et mort à Téhéran le 21 avril 1980, est un des grands poètes iraniens du XXe siècle. Contemporain d’Ahmad Shamlou, Furough Farrokhzad et Nima Yushij, il est également connu pour ses peintures.
Sépéhri était un voyageur. Il a fait de nombreux voyages en Europe et en Afrique, a vécu un an aux États-Unis puis deux ans en France.
Les grands thèmes de son œuvre sont la nature, l’amitié et le sens de la vie.
C’est en hommage à Sépéhri qu’Abbas Kiarostami, grand réalisateur iranien, a réalisé en 1987 Où est la maison de mon ami ? (en persan Khané-yé doust kodjast ?), un film portant le titre d’un de ses poèmes.
Et maintenant vous voilà un poème de Sohrab Sépéhri:
La sourate de la vision
Je prête serment sur la vision
Et sur le commencement du verbe
Et sur l’envol du pigeon quittant l’esprit
Un vocable existe dans la cage.
Mes paroles ressemblaient à un coin de prairie ensoleillé.
Je me suis adonné à eux:
Le soleil touche le seuil de votre demeure
Une fois la porte ouverte, il éclaire votre comportement.
Je leur ai encore suggéré:
Que la pierre n’embellit pas la montagne
Aussi bien que le métal n’est pas une parure pour la pioche.
Sur la paume de la terre se trouve un bijou invisible
Dont la clarté avait ébloui tous les prophètes.
Cherchez le bijou.
Laissez les moments paître dans le domaine de la prophétie.
Et je leur ai donné la bonne nouvelle du bruit des pas du courrier.
De l’approchement du jour et de la coloration des choses
Au tintement de la rose, derrière la haie de mauvaises paroles.
Je leur ai expliqué:
” Le visage de celui qui découvre le jardin dans la mémoire du bois,
Se voile dans le souffle du bocage salé.”
Celui qui contracte l’amitié avec l’oiseau des airs
Dormira du sommeil le plus profond et le plus calme du monde.
Celui qui recueille la lumière sur le bout du doigt du temps
Dénouera avec son soupir le nœud attaché aux fenêtres.
Nous demeurions sous un saule
J’ai détaché une feuille de la branche qui s’était pliée sur ma tête
” Ouvrez les yeux, dis-je, voulez-vous un signe plus signifiant que cela?”
J’entendais leurs chuchotements:
C’est un mystère, un vrai mystère!
Au sommet de chaque montagne, ils ont vu un prophète
Et ont porté sur les épaules, le nuage de dénigrement.
Nous avons envoyé le vent
Pour les découvrir par la tête.
Leurs demeures étaient pleines de chrysanthèmes,
Nous leur avons fermé les yeux.
Nous leur avons empêché leurs maisons d’atteindre le bout de la branche de l’intelligence.
Nous leur avons fourni les poches d’habitudes.
Nous leur avons troublé le sommeil en le faisant parcourir, dans les miroirs.