Pour sa première réalisation, Marion Laine a décidé d'adapter le conte de Flaubert, Un coeur simple. Au programme : destins brisés et casting de charme (Sandrine Bonnaire, Marina Foïs, Pascal Elbé, Johan Libéreau, Noémie Lvovsky...). On y court tout simplement ?
La critique
Une saga des sentiments, maniérée et sensible
Félicité (Sandrine Bonnaire) est une femme naïve et sincère. Le genre de personnes qui donne son amour sans compter, sans conditions et cela malgré une existence loin d'être rose. Eprise du viril Théodore (Pascal Elbé) , cette femme passionnée va rapidement déchanter et voir son coeur se briser en mille morceaux. Désespérée, elle court dans la forêt pour oublier, s'oublier, puis tombe sur la maison de Madame Aubain (Marina Foïs) à qui elle va proposer de devenir sa servante. La maitresse de maison est acariatre, un vrai mur émotionnel qui s'interdit toute expression des sentiments que ce soit avec son amant (Thibault Vinçon) ou ses propres enfants. Rapidement, Félicité va devenir une mère de substitution pour eux et se découvrir un amour maternel sans limites. Mais ces deux femmes que tout semble opposer vont pourtant avoir un point commun de taille : celui de subir moultes tragédies, d'endurer un destin impitoyable où l'incapacité d'aimer et d'être aimé en retour comme on le voudrait ronge jusqu'à la destruction mentale ou physique. Coeur simple peut être, mais attention, émotions complexes.
Saga sentimentale littéraire et maniérée, Un Coeur simple aura surtout des chances de plaire à un public de cinéphiles avertis. Une certaine austérité règne pendant la majorité du film, permettant de ressentir tout le vide, les manques qui hantent les personnages. Premier film typiquement maladroit par quelques abus de style (ralentis, fin qui peine à se trouver avec accumulation de fondus, effets kitsch plus que poétiques pour le plan final avec le perroquet) et des acteurs excellents mais pas toujours très bien dirigés, cette oeuvre sensible et qui ne manque pas de personnalité est pourtant loin de manquer d'intérêt. Marion Laine sait créer la tension (tension très sexuelle avec une remarquable scène d'orgasme de Sandrine Bonnaire face au corps saillant de Pascal Elbé) , bien utiliser ses décors, le paysage. La réalisatrice a ausssi et surtout pris des libertés avec l'oeuvre originale et intelligemment baties les psychologies des personnages. Ces derniers sont tous finement creusés, leurs émotions décortiquées et habités par leurs interprètes. Avec beaucoup de délicatesse, Un coeur simple dresse deux très beaux portraits de femme. Si vous êtes clients des films sentimentaux un brin naturaliste , plongez donc dans cette campagne, théâtre de la dépression et des fêlures intimes.
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