Vous saviez pas ? - C'est la rentrée, la littérature est morte... enfin je crois par Lazare Bruyant

Par Fric Frac Club
Quoiqu'il en soit c'est le truc qui se rapprochera le plus de la vérité auquel vous aurez droit cette semaine. Perso ça m'a fait un peu flipper au début. Je me suis fait tout un tas de trips comme quoi on allait devoir se contenter de quelques textos mal foutus & de labyrinthes perdus sur des bouts de boîtes de céréales. Mais ce pays est plein de ressources, j'ai pensé très fort avec mes yeux plissés à fond, on va bien finir par trouver une solution. 1) On parlera pas de cette rentrée littéraire (hé hé) 2) Je me suis mis a écouter du hip hop de pouffiasse & a boire du Red Bull par ce que j'ai eu la certitude que l'avenir se trouvait là, dans le cash & le débile. Si j'étais un de ces rapeurs en colère contre la société tout d'abord je dirais plein de gros mots genre « salope suce toutes mes bites ! T'entends ? », « Booba ? Booba quoi ? Booba mes cou-couilles oui ! », « J'emmerde Unilever mais j'arrive pas à me passer des cornichons Maille, you bitch ! » des trucs de gros loubards du béton en somme. Ensuite je ferais comme les types de Das Racist (c'est comme de la vraie nouvelle littérature cette merde), je m'habillerais comme si je venais d'acheter un appart à Harlem en revenant d'une semaine de soldes furieuses à Disneyland (Harlem is the new Brooklyn qui était déjà en compète contre lui-même dès les mid 00's), après j'irais bouffer de la New American cuisine tous les jours au Red Rooster & j'inventerais un nouveau rap cinétique fait d'interférences culturelles & de clin d'œil mercantiles à la littérature PoMo, de citations gonzoïdes à gogo, puis je balancerais tout ça en photos, sur mon Tumblr, tant pis pour les fautes d'orthographe (on a qu'a dire que c'est aussi ça la nouvelle littérature) & des crétins à l'identité sauvage, à l'allure ultra sensuelle, suivraient le mouvement & après on vendraient des t-shirts psychédéliques immondes, triturés à la javel, on aurait une online reputation en or massif & on écouterait des K7 de James Ferraro en se disant que c'est foutrement mieux que Michel Legrand___________________________________pfff ! c'est pas pareeeeeil !___________________________________On s'en fout Olivier ! C'est pour le principe. Au final la nouvelle littérature se trouve peut être là aussi (elle a été pendant deux semaines). Vous avez déjà lu les twittes d'Eugène Caselli ? Il a réussi à rendre à l'écrit le son des #cigales & l'odeur des #poubelles. Bravo à toi @CaselliEugene ! Lol & tout le tsoin tsoin !
En attendant la Littérature est morte c'est sûr, alors du coup je me sens complètement en droit de parler d'un livre que je n'ai absolument pas lu mais qui mérite quand même deux trois phrases discordantes. Ce livre (que vous pouvez m'offrir en remplissant une promesse de don à cette adresse : contact [arobase] fricfracclub.com), c'est Jubilee Hitchhiker de William Hjortsberg, une bio de Richard Brautigan, le sosie-blond-vénitien de John Lennon. Un truc indispensable. On sait toujours comment ça fini (dans un grand fracas) mais on apprend toujours de ces crétins qui décident, un jour, de se faire sauter le caisson (dans un grand fracas). Pour les futurs desperados de la littérature romancée comme moi c'est un moyen de comprendre le fonctionnement intérieur de la machine. Je ne vais pas faire mystères de mes ambitions démesurées en matière de littérature ni de vedettariat. Tout le monde connait mon potentiel, ceci dit peu de gens savent que Brautigan est un de mes modèles préférés de tous les temps. Non pas parce qu'il écrit bien, ça vaut pas la moitié de Flaubert ou de Gaddis, mais parce qu'il sait faire court sans que ça se voit trop. Poèmes en prose, fragmentés & mélancoliques. Un truc chouette qui croustille sous les dents. Américain comme tout un chacun. Émouvant & ça c'est plus rare.
En attendant que l'un d'entre vous m'offre Jubilee je vais relire Le Monstre des Hawkline. C'est classe les westerns gothiques qui commence dans un champs d'ananas à Hawaii. Ça fait comme une grosse surprise un peu bizarre.
Du coup, parlant de surprise & de bonheur, je me suis dit que j'allais exposer le plan de mon prochain roman, qui s'appellera sans doute Spectro ou un autre truc encore plus mystérieux, a un panel d'amis érudits. Plus qu'un plan c'est une sorte de carte kabbalistique (pour que je vous envoie un Instagram filtré Inkwell de ce plan, envoyez une demande ici : lazarebruyant (at) gmail.com. C'est ultra moderne, sécurisé & parfois rapide) des relations qu'entretiennent les personnages entre eux & les différentes péripéties qui leurs arrivent (j'ai prévu pas mal d'effets spéciaux comme une bouteille de vin qui prend feu toute seule devant plusieurs personnes attablées au comptoir d'un bar colonialiste : Le Diên Biên Phu Follies, une faille géante qui engloutit une ville entière & une pyramide enfouie sous le bitume qui, lors de sa découverte, redistribue les cartes du communautarisme local... j'ai super peur que quelqu'un me choure ces idées géniales mais c'est pas grave).
J'étais donc là avec mon plan &, franchement, personne n'a rien compris à l'idée. J'ai tout de suite eu un doute sur mes capacités réelles à laisser une trace sur le sable fugace de l'Histoire. Mon cœur balance sans arrêt entre devenir une hyper star du crew Albin Michel & un méta écrivain mythique mais plus pauvre & plus discret. Je sais plus trop bien quel genre de génie je voulais être. Mais on s'en fout de ça aussi. D'ailleurs : la littérature est morte & il se pourrait bien que le meilleur bouquin de la rentrée soit un livre de coloriage à l'effigie de Bill Murray. Ouais, un objet pour hipsters en manque de sensation forte. Commandez-le vite avant que Colette ne le vende 200€ pièce.

Je trouve ça chou & en même temps j'imagine que ça va devenir rapidement ennuyeux. Qu'est ce qu'on veut vraiment au final ? Du cul pardi ! Avec des gens qui passent à la télé si possible. La littérature ça n'intéresse plus personne aujourd'hui, si ? Chienne de vie.