[Critique DVD] La désintégration

Par Gicquel

Une cité dans l’agglomération Lilloise, aujourd’hui.Ali, Nasser et Hamza, âgés d’une vingtaine d’années, font la connaissance de Djamel, dix ans de plus qu'eux. Aux yeux d'Ali et ses amis, Djamel apparaît comme un aîné aux propos acérés et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons…


"La desintegration" de Philippe Faucon

Avec : Rashid Debbouze, Yassine Azzouz

Sortie le 04 septe 2012

Distribué par

Durée : 78 minutes

Nombre de : 1

Film classé : Tous publics

Le film :

Les bonus :

C’est une réalité ; elle est devenue malheureusement banale.Sur un CV, Jean-Pierre prend toujours le pas sur Mohamed. Ali est de la même déveine. Après avoir trimé pour obtenir son Bac pro, il n’arrive pas à dénicher un stage.Désespéré, après une centaine de refus ou de non réponse, il vire de plus en plus dans la marge que lui ouvre un recruteur de types dans son genre.

Le parcours est lui aussi très connu, un grand classique là encore, qui fait la une des journaux quand l’Islam et le terrorisme se confondent pour montrer du doigt la brebis égarée.C’est très manichéen comme attitude, et bizarrement  Faucon la redessine à sa façon à travers l’itinéraire de ce gamin paumé qui ne demandait qu’à s’intégrer à la société française.

Le constat est froid et méthodique, et je ne sais avec quel argutie, le cinéaste réussit à nous convaincre de le suivre jusqu’au bout dans sa démarche, qui à priori ne révèle rien de nouveau sur la vie dans les banlieues. Si ce n’est  que depuis «  La Haine » (pour prendre un repère bien commode), pas grand-chose n’a changé.

Avec une distance raisonnable, qui lui évite de porter un jugement quelconque sur les acteurs de ce drame, et à fortiori d’apporter un début de solution, il met parfaitement en lumière le système de l’endoctrinement, jusqu’à la radicalisation, puis l’extrémisme.

A l’heure où l’on révèle que Mohamed Merad n’était pas forcément le loup solitaire, décrit par la police et relayé par les médias, le film de Philippe Faucon prend une toute autre signification.

Sur un sujet aussi délicat et sensible, ce point de vue « culturel » un peu primaire, systématique, devient plus évident quand le héros est confronté à son environnement quotidien : endoctriné, il doit affronter le reste du monde, à l’échelle de sa famille et des gens «  impies » qui le fréquentent.

Rashid Debbouze  adopte parfaitement le profil de ce fils des quartiers,produit d’un système ballotté entre deux cultures, que Djamel joué là encore avec beaucoup d’intelligence par Yassine Azzouz, , contrebalance pour mieux fragiliser un équilibre instable depuis des générations.

Je l’ai déjà dit, Faucon n’apporte pas de solution, mais il pose à  son tour, une fois encore, le problème.

 LES SUPPLEMENTS

  • Entretiens avec le réalisateur et Rashid Debbouze

La Désintégration signe les débuts au cinéma de Rashid Debbouze. Humoriste comme son frère Jamel, il se produit lui aussi sur scène dans des spectacles qui mêlent stand up et one man show.

Faucon tente, en évitant les clichés et le sensationnalisme, de trouver les raisons qui poussent un jeune des cités à basculer vers le terrorisme. L’explication sociale lui semble évidente : « Dans mon film, la dérive radicale et violente a aussi un sens métaphorique : elle est le symptôme révélateur d’un état de société miné. Ali a le sentiment que la fermeture sociale qu’il subit malgré son investissement est la suite directe de l’exclusion vécue avant lui par ses parents. »

Le réalisateur avait en tête le parcours de Zacarias Moussaoui, parfois surnommé le 20ème pirate de l’air des attentats du 11 septembre. Avant de s’engager dans la voie du djihad et d’être condamné à la perpétuité suite à son arrestation peu de temps avant les attaques de 2001, Zacarias Moussaoui était un étudiant français né à Saint-Jean-de-Luz.

« J’ai fait beaucoup de rencontres avec des jeunes qui tous avaient été confrontés à des difficultés du même ordre que celles que connaît Ali dans le film ; dont quelques uns avaient été tentés par des engagements du même type, en étaient revenus « Le sujet du film est à l’évidence un sujet qui a fait peur. Apparemment, ce projet a suscité des polémiques dans toutes les commissions où il a été proposé. (…) On a plusieurs fois eu des réponses du type : « Le scénario est formidable, mais, très clairement, on n’ira pas, à cause du sujet .»

En bref

Le film

En tenant une mise en scène à l’écart des grands discours sur les quartiers, le cinéaste pose une fois de plus le problème des banlieues, à travers la dérive d’un jeune homme qui pensait pouvoir s’en sortir en étudiant. Mais un diplôme ne suffit pas à trouver du travail, surtout quand tu t’appelles Mohamed ou Rachid