Notre verte ministre de la ville veut ajouter des logements sociaux pour loger tous ceux qui attendent un logement social. Evidemment on pourrait aussi se dire que lutter contre la précarité et faire en sorte que les salaires soient plus hauts, le chomage plus bas, tout cela permettrait d’avoir moins de personnes en attente de logements sociaux… On pourrait aussi laisser les parents donner à leurs enfants au lieu de baisser le montant des donations, mais non ce n’est pas à l’ordre du jour. Comme on ne peut pas monter le niveau de vie des gens on baisse le prix des logements… un nivellement par le bas en quelque sorte.
Pour cela, après avoir bloqué les loyers (voir article précédent), elle a trouvé une nouvelle solution miracle ! Il faut augmenter le quota prévu par la loi Gayssot ! C’est vrai, c’est si simple, on monte le curseur et on règle le problème… On fait des quotas pour tout désormais et curieusement ils ne sont jamais respectés… Quelle méconnaissance de la réalité que de décréter cela.
« Il y a deux façons de faire de la politique. Il y a ceux qui ont des formules, et ceux qui agissent. Moi je me range dans la deuxième catégorie » a dit la Ministre, pourtant là c’est une formule mathématique qu’elle nous a sorti, pas des m2 de foncier pour construire, pas un financement, juste un chiffre… 25 % et ensuite aux villes de s’exécuter.
Il y a 927 villes (voir la carte) qui n’ont pas leur quota de logements sociaux et parmi ces villes il y a Saint-Maur avec ses 6,35 % de logements sociaux ! Pour notre ville il manquerait à peu près 6000 logements pour arriver aux 25 % demandés. La ministre est gentille elle laisse jusqu’en 2025 pour atteindre le chiffre, cela fait « juste » 462 logements par an !
On les finance comment et on les met où ? Certains diront que c’est possible car il y a des immeubles qui se construisent régulièrement sur la ville… mais ces constructions font généralement 10 – 20 logements… cela ferait donc 20 immeubles neufs tous les ans pendant 13 ans juste pour les logements sociaux ! Rien que les logements prévus pour la ZAC des facs (et on voit combien de temps cela prend pour que la construction se fasse…) il n’est prévu que 150 logements sociaux… On voit bien que ce n’est pas possible ! Qui dit logements dit surface pour les construire (emprise foncière) mais également investissement ! On sait tous qu’un logement privé est rentable sur Saint-Maur et c’est pourquoi il s’en construit régulièrement, mais si c’est un logement social qui va le financer ? En plus, si on veut que ces logements se fassent dans de petites unités intégrées dans le tissu urbain de la ville, seule chance d’une intégration réussie, il faut construire encore plus et permettre ce mélange… Donc au moins le double… près de 1000 logements neufs par an… Il n’y a manifestement pas la place !
Le problème n’est pas la volonté de faire de la mixité sociale, si on avait partout en France, dans toutes les villes 20 % de logements sociaux ce serait merveilleux, à condition que ces 20 % soient bien intégrés… Sur Saint-Maur on le sait tous, la grande partie de nos logements et regroupée sur deux zones : le pont de Créteil et le quai de la Pie… Les autres logements dans la ville on ne les repère pas et pourtant il y en a également, même à La Varenne ! Preuve que c’est bien l’intégration dans le tissu urbain qui est la solution et pas un chiffre ! Saint-Maur, même sans avoir son quota de logements sociaux, a déjà des problèmes d’intégration. En effet, dans les années 70 la répartition n’a pas été faite correctement, on a construit des tours car c’était un moyen rapide d’entasser du monde. Et désormais il faut gérer l’intégration, notamment l’école pour ces habitants avec des enfants souvent en difficultés scolaires et là la carte scolaire n’aide pas car elle concentre les problèmes sur une ou deux écoles qui n’ont pas forcément les moyens adaptés pour y répondre malgré tous les efforts des enseignants et des parents. C’est de là qu’est venu le problème. Si dans ces années 70 on avait pensé l’intégration autrement on aurait aujourd’hui des villes avec des logements sociaux mieux répartis, sans problèmes de mixité. Là, on veut faire payer aux villes qui ont refusé cette mise en barres et tours le fait d’avoir été visionnaires et d’avoir désormais moins de problèmes à gérer que les autres. Sans compter que comme l’emploi est mal réparti en Ile de France et en France, on cherche des logements pour tout le monde au même endroit. Dans le Cantal comme dans bien des endroits de France il reste de la place et des villages meurent. Ce n’est donc pas seulement de logements qu’il s’agit mais de logements liés à un emploi ou un bassin d’emploi. Voilà pourquoi tous les efforts sont concentrés.
La clé est dans la répartition homogène sur la ville, même la ministre le dit « Tout le monde s’est rendu compte que mixer les populations, c’était une très bonne chose ». Mixer c’est le maître mot, mixer cela veut dire mélanger donc construire des petits ensembles disséminés, mais comment construire 6000 logements disséminés ? Il n’y a pas sur toute la ville des terrains libres pour construire autant de logements ! Alors comme il n’y a pas les terrains, difficile de le faire, donc de respecter la règle… C’est un cercle vicieux. On nous annonce que l’Etat va céder des parcelles pour construire des logements… très bien, quelles sont les parcelles de l’Etat sur notre ville ? Les terrains de l’Observatoire, près du centre sportif Brossolette, c’est à peu près tout. Avec ces surface on est bien loin des 6000 logements nécessaires et loin d’une répartition homogène sur la ville.
Pour obtenir de tels chiffres, si on veut vraiment atteindre un pourcentage et non tenir compte de la réalité de la commune, il faudrait remettre à plat tout notre urbanisme. Dire adieu à la règlementation qui limite la hauteur des constructions, dire adieux aux zones réservées aux pavillons. On sait que si notre ville avait la densité de certaines de ces voisines, comme Vincennes qui est 3,5 fois plus dense, il n’y aurait pas 80 000 habitants comme actuellement mais 250 000… C’est une toute autre ville dont on parle là. Et, s’il faut respecter la loi, il faut également respecter la libre administration des communes, ou alors l’Etat prend tout en main et on passe à un « centralisme démocratique ».
Pour l’instant c’est une amende qui pèse sur le budget de la ville, encore que depuis quelques années l’amende n’est pas payée, sa valeur étant utilisée dans l’investissement dans le parc social… Demain il faudra certainement payer… Alors que faire ? Le rejet des intercommunalités nous a également affaibli et maintenant que nous sommes considérés comme « la Grèce » du département cela va être difficile de trouver des voisins accueillants.
On pourrait dire comme cela a été le cas, on paye et circulez, il n’y a rien à voir… mais on sait où cela mène, à une pression de l’Etat insupportable pour notre ville, n’oublions pas que nous avons déjà vécu cela au moment de la ZAC des facs quand le précédent maire voulait faire un parc et qu’il a vite cédé face au « Programme d’Intéret Général » agité par le préfet. Un PIG c’est le Préfet qui prend la main sur l’urbanisme de la ville… Il faut donc être prudent car sinon on ne pourra plus rien faire sur la ville.
L’autre voie est d’essayer de trouver un bon compromis en essayant d’avoir des logements un peu plus nombreux mais en tenant compte de la réalité de notre urbanisme. Nous avons tous des amis, des enfants qui ont du mal à se loger sur la ville, il y a donc bien une demande et c’est une réalité, notre ville a aussi besoin de se développer. Pour être plus sereins dans nos discussions avec le préfet, représentant de l’Etat sur le département et qui aura certainement à faire appliquer ces nouveaux textes, il faut surtout être clairs sur notre orientation politique et aussi… avoir des finances un peu plus florissantes que celles que nous avons actuellement qui ne sont malheureusement, faute de courage politique et en raison des dépenses inutiles nombreuses faites par le maire, Henri Plagnol, pas en train de s’améliorer contrairement à ce que l’on veut bien nous faire croire. Des villes ont réussi à remonter leurs chiffres de logements sociaux mais leur point commun était d’avoir du foncier disponible et d’avoir également une densité supérieure à la notre. Saint-Maur a des caractéristiques à faire valoir, un dialogue intelligent avec l’Etat peut peut-être nous sauver. En attendant, il est encore plus urgent de redresser les finances de la ville pour prévenir le risque d’amende !