Marcela est une jeune femme qui, pour subvenir aux besoins de son couple, accepte de s’occuper pour l’été d’un vieil homme atypique : Amador. Très vite, une complicité naît entre ces deux inconnus qui ne vont pas tarder à se livrer leurs secrets respectifs.
"Amador (2010) " de Fernando León de Aranoa
Avec : Magaly Solier, Celso Bugallo, Pietro Sibille Sortie le 04 septemb 2012 Distribué par Cameo Media Durée : 108 minutes Nombre de : 1 Film classé : 12 ans et plus
Le film :
Les bonus :
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Des rencontres improbables, contre-natures, le cinéma en raffole. Des plus récentes aux plus évidentes, à l’image de « La délicatesse », ou « De rouille et d’os », aux plus anciennes et malheureuses aussi (« Portier de nuit »…)
Celle que procure la famille d’Amador, vieil homme impotent, à la jeune Marcela relève de l’apostolat. Mais pour gagner un peu d’argent la Péruvienne émigrée à Madrid accepte de rester à son chevet. On imagine alors un temps le très beau film de Philippe Faucon « Dans la vie ».
Mais cette fois, il n’y a pas d’antagonisme, d’opposition frontale, (l’âge, le caractère, la nationalité…). A l’image du film, la rencontre se fait sereinement, par petites touches impressionnistes.
Fernando León de Aranoa filme à l’intime, précautionneusement ; c’est très lent, et réfléchi. Un cadre assez banal prend alors une tout autre dimension, on s’y attache beaucoup plus, on s’y attarde. Je sais que ça en agacera certains, surtout que les dialogues ne prennent pas plusieurs tomes. Mais ajoutez à cette petite musique des échanges à fleuret moucheté, des réflexions légères sur l’état du monde, et la société, avant que l’héroïne ne poursuive ses pensées tout haut en compagnie d’une dame qui tous les jeudis rend visite au monsieur… Une sorte de « Irina Palm » à domicile.
« Amador » est fait de tous ces petits moments qui gèrent le quotidien de Marcela, trop heureuse de pouvoir quitter son quartier miteux et le commerce clandestin de son mari : elle y gagne un peu d’argent et sa liberté.
De plus en plus secrète, elle ne dit alors plus rien de sa vie et des grands événements qui la touchent. Une naissance entrevue, une mort possible…. les petites ficelles du scénario qui relancent le récit, l’attention que l’on y porte, de plus en plus soutenue.
Marcella est désormais ailleurs, là où la douceur et la mort, l’espoir et l’imagination vont lui ouvrir un nouveau monde
- Interview de Fernando León de Aranoa par Philippe Piazzo.
L’idée de départ du film remonte à une ancienne habitude prise par le réalisateur, l’observation des passagers d’un bus : « Lorsque j’étais étudiant en scénario, je me voyais proposer un exercice courant : inventer des circonstances à des passagers de bus. […] Tout faisait sens : celui qui regardait furtivement autour de lui craignait par exemple d’être reconnu secrètement. Celui qui piquait du nez avait, besoin de rêver. Et puis j’ai vu Marcela. Elle regardait le ciel et tenait des fleurs. J’ai désespérément cherché à savoir ce qui l’animait. Je suis descendu au même arrêt, je l’ai suivie puis je l’ai vu mentir, culpabiliser, pleurer et rire. Amador lui est dédié. »
Avec ce film, Fernando León de Aranoa s’affirme comme étant l’un des jeunes cinéastes espagnols les plus novateurs. Amador est porté par le jeu de Magaly Solier, l’actrice péruvienne découverte dans « Fausta » de Claudia Llosa
Elle mène une double carrière. Cette comédienne joue dans des productions de son pays natal et dans des films espagnols, mais elle est aussi compositrice-interprète. Elle a ainsi sorti son deuxième album en 2011.
En bref
Le film
Ce film insolite observe ses héros avec une particulière tendresse et tente de répondre à la question de comment renouer avec le monde lorsqu’on en est exclu.
Les bonus
Rien qu'une interview, plutôt longue et instructive. Alors avec un peu de patience....