Merci à Olivier Leguay qui a attiré mon attention sur ce texte de Cédric Villani, qui fait le point sur quelques années d’une exposition médiatique inhabituelle pour un mathématicien: chroniques sur France-Info, tribunes dans le supplément science du quotidien Le Monde, assez inhabituel pour un matheux de sa catégorie, non?
Cédric Villani relève trois écueils. Le premier, celle de la limitation dans l’espace et dans le temps. C’est vrai que le monde des médias impose parfois une certaine concision, pour laisser de la place aux autres. Je ne crois pas que cela pose de réels problèmes pour un matheux, habitué à rechercher l’expression la plus courte et la plus directe. C’est lorsque les restrictions d’espace et de temps provoquent des imprécisions que cela devient embêtant, et c’est le second écueil relevé par Villani, celui des erreurs de retranscription. Il pointe peut-être, par la même occasion, le défaut de culture scientifique de celles et ceux qui effectuent ce travail nécessaire, mais délicat. Dernier écueil, celui plus sournois de la classification d’un expert dans une catégorie donnée: un expert en maths ne peut l’être que dans son domaines, et n’a rien à dire (autrement dit rien à penser) de la crise financière ou de sujets plus anodins.
Si ces barrières sont bien réelles, elles ne doivent pas empêcher Cédric Villani de poursuivre son travail de passeur, même s’il doit devenir le Hubert Reeves des mathématiques. Et quitte à être passeur, qu’il le soit dans les deux sens, et pousse enfin les innombrables chercheurs qui continuent à travailler dans l’ombre à entreprendre ce même travail de vulgarisation auprès du grand public, en utilisant les moyens à leur disposition: blogs, Twitter, vidéos partagées, etc.
Car ce n’est qu’en montrant, régulièrement, l’efficacité et l’intérêt de la recherche qu’on orientera les jeunes diplômés vers ce type de carrière. C’est en offrant une plus forte exposition dans les médias qu’on offrira aux sciences et à la recherche la place qu’elles méritent…