Je crois que l’on peut donc dire que la sortie en version restaurée de « La servante » est un véritable évènement cinéphile en cette fin d’été, que l’on soit adepte ou non de cinéma coréen. Le cinéma coréen, j’ai beau être tombé dedans depuis quelques années maintenant, je sais que j’ai encore des lacunes à combler, et le film de Kim Ki-Young était l’une d’elles. Et il n’y a pas de meilleure manière de découvrir un film qu’avec une belle copie sur grand écran. Le grand écran en question, c’était celui de la salle bleue de la Filmothèque du Quartier Latin, un des cinémas incontournables de la cinéphilie parisienne pour voir des reprises. Cela faisait quelques mois que je n’y étais pas allé, et en découvrant que la salle bleue se nommait désormais « Salle Audrey » (en référence à Audrey Hepburn), je me suis demandé depuis combien de temps il en était ainsi. A moins que je n’ai jamais fait attention ? Non, quand même…
Juste avant d’aller voir « La servante », deux personnes (dont je tairai l’identité pour garantir leur sécurité) m’avaient dévoilé à quel point le film leur avait tapé sur les nerfs, l’une avait quitté la salle avant la fin du film, l’autre était restée mais aurait voulu faire de même. Mais non. Le huis clos intense narrant l’arrivée d’une domestique dans une famille aisée, une arrivée qui va bouleverser la vie de la maisonnée à mesure que la servante va se mettre en tête de séduire le maître de maison, ne m’a pas tapé sur les nerfs. Il m’a plus d’une fois mis mal à l’aise, c’est certain. Kim Ki-Young tisse une véritable toile de moiteur, de tension et de torture psychologique qui met bien souvent à mal l’image que l’on pourrait se faire du cinéma coréen des années 60, si tant est que l’on en est une image.
Entre deux personnes se levant pour aller aux toilettes en faisant grincer la porte, le film n’a pas cessé d’accaparer mon attention. Et cette pirouette finale tranchant avec le fatalisme attendu, toute en ironie, a même parvenu, contre toute attente, à me faire sortir avec le sourire aux lèvres. Qu’elle est délicieuse cette sensation d’arriver là où l’on ne s’attend pas… Maintenant, si je pouvais trouver le temps d’enfin attraper la ressortie du film d’Hou Hsiao Hsien avant qu’il ne disparaisse…