Pour commencer un hommage. Thierry Lincou a annoncé cette semaine à ma copine Framboise sur le site sitesquash.com, qu'à 36 ans, il mettait un terme à sa carrière (il est encore n°10 mondial). Thierry, j'ai eu la chance, ou plutôt le privilège, de le côtoyer plusieurs années lorsque je couvrais le squash à L'Equipe. A l'époque, le sport était quasi confidentiel dans les colonnes du journal. Et puis j'ai commencé à mettre le nez dedans (fortement encouragé par mon amie Pauline, alors attachée de presse de la discipline). J'y ai rencontré Thierry qui allait vite devenir "Titi". A l'époque, Thierry devait être aux alentours de la 10e place mondiale mais commençait à venir titiller les Britanniques, maîtres de ce sport (avec actuellement les Egyptiens). Je me suis vite attaché à cette équipe qui comprenait aussi Renan Lavigne et Gregory Gaultier, alors tout jeune, et évidemment une des chouchoutes de ce blog, Isabelle Stoehr. Assez vite, j'ai réussi à récupérer davantage de place dans le journal pour traiter le squash. Parce qu'ils le méritaient bien et que lorsque j'accroche avec un sport ou un sportif, je lâche difficilement le morceau pour oeuvre à leur reconnaissance (je préfère au terme de "médiatisation"). Avec évidemment Thierry en chef de file. Je les ai suivis un peu partout, et même à Hong-Kong pour les Championnats du monde 2005 (j'ai toujours dans mon armoire, le maillot dédicacé que les Bleus m'avaient offert à l'époque).
Thierry a grimpé dans la hiérarchie mondiale jusqu'à aller chercher la place de numéro 1 mondial, en janvier 2004. Une première pour un joueur non issu du Commonwealth. En 2004, il s'est aussi offert le titre de champion du monde. Là encore, une première. Vous l'aurez compris, Thierry est un grand champion (également 11 titres de champion de France, deux de champion d'Europe, 10 ans dans le top 10 mondial, etc. etc.). Mais au-delà de ces performances sportives, il est aussi un sacré mec. Un de ceux que je place dans mes tops "humains", dans la même famille que les Jean-Philippe Gatien, Vincent Vittoz, Tony Estanguet et quelques autres. Un de ceux qui possèdent un p'tit truc en plus indéfinissable, une sorte d'aura qui inspire le respect. Et qui vous fait comprendre que ce métier de journaliste est un privilège quand il vous permet de rencontrer de telles personnes.
Même s'il viendra rendre service à l'équipe de France au Mondial 2013 par équipes à Mulhouse, Thierry emmène toute sa famille dans une nouvelle aventure, à Boston, où il encadrera de jeunes joueurs. Une étape de plus dans la vie de Thierry, le Réunionnais parti ensuite à Marseille. Bonne route Thierry. Et surtout, merci pour tout.
A lire son entretien réalisé par Framboise ici : www.sitesquash.com/thierrylincouretraite.htm
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En vrac
. Un grand bravo à Jessica Harrison et à Laurent Vidal, nouveaux champions de France de triathlon, distance olympique. Enfin, pas vraiment nouveaux puisque c'est le 3e titre de Laurent et le quatrième de Jess qui devance Anne Tabarant et Charlotte Morel. A noter la belle performance des deux sociétaires de Poissy, Tony Moulai, 2e, et de Grégory Rouault, qui s'offre la troisième place du podium. Bien content pour Greg ! Comme quoi, le Time's Up et surtout le vacherin, c'est nickel pour la préparation... (au passage, merci à la FFTRI pour son suivi sur tweeter qui m'a permis de "vivre" la course).
Et toujours en triathlon, un grand bravo à Marion Lorblanchet, super chouchoute de ce blog qui a remporté le CD de Gérardmer. Super Bubu !
. Les championnats du monde d'escalade à Bercy, c'est dans deux semaines (du 12 au 16 septembre, ouvert au public les 15 et 16). Les meilleurs du monde seront au rendez-vous de cette discipline très spectaculaire. Il faut du monde pour encourager les Bleus, alors tous à Bercy ! (moi, j'y serai). Toutes les infos : www.worldclimbing2012.com Et pour vous donner envie, le clip de présentation, vraiment très bien fait.
. Ce week-end avait lieu le North Face Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB pour les intimes), une des courses les plus difficiles au monde. Malheureusement, la météo a encore décidé de perturber l'événement. Avec des températures hivernales, de la neige et du vent, les organisateurs ont sagement décidé de raboter le parcours pour éviter d'envoyer des coureurs au casse-pipe. Au final, une course réduite à une "petite" centaine de kilomètres (au lieu des 166km du parcours d'origine) sans passage en Suisse et en Italie. C'est François D'Haene qui s'impose en 10h32' chez les hommes et de la Britannique Lizzy Hawker chez les femmes, en 12h32 (16e au scratch). Un peu plus loin, Cécile (Bertin) qui a essayé de faire croire aux plus crédules et naïfs qu'elle ne prendrait pas le départ avec son genou, sa cheville et son tendon d'Achille en vrac, en termine aussi en 23h54'... No comment...
Dawa Sherpa, souvent évoqué sur ce blog, a remporté la TDS (114km, 7150 m D+), en 14h35 (une semaine après avoir gagné le 80km du Grand raid des Pyrénées). Victoire d'Agnès Hervé chez les filles en 19 h 07'. Un coucou et un bravo aussi à Anne Valéro, 4e de la CCC (85km, 6000m D+) en 12h43.
Puisque je parle de trail, j'en profite pour dire un grand bravo à Maria Semerjian, victorieuse la semaine précédente du Grand Raid des Pyrénées (160km en 32 h 58'). Maria, j'ai eu le plaisir de la rencontrer il y a deux ans lors d'un stage de préparation à l'UTMB (bon j'étais loin derrière...). Un vrai plaisir. Bravo donc pour cette belle victoire !
. De mon côté, à un niveau bien plus modeste (sniff sniff), la prépa Embrun 2013 suit son cours... Comme il semblerait qu'il y ait un peu de vélo sur l'EmbrunMan, je me suis enfin décidé à ressortir le Cervelo, parce que les 180 bornes au programme, ce n'est pas au printemps que je devrai commencer à y penser... Longchamp pour recommencer... Dur dur... Va y avoir un peu de boulot avant d'attaquer les pentes de l'Izoard. Côté course à pied, ça ne va pas trop mal. Retour du fractionné dans la programmation (du 30-30 pour le moment) et des sorties longues (entre 1h30 et 1h45), une fois par semaine avec Miss Sasa. Pour la natation, petit break d'une semaine après avoir constaté que je n'avançais plus et qu'un peu de repos serait sans doute le bienvenu. Je replonge a priori cette semaine avec deux ou trois séances entre 3000 et 5000. Bref, jusqu'ici, tout va bien !
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Un peu de recyclage. Cécile m'a gentiment permis de poster ici un de mes articles parus dans son magazine "Running pour Elles", bimestriel de course à pied ciblé surtout sur les femmes. Mais les hommes ont le droit de le lire hein ! J'y écris depuis quelques mois la rubrique "Au masculin"... un point de vue masculin donc, au royaume des coureuses. Voici donc le premier papier publié il y a quelques mois.
Sexistes, les médias ?
La médiatisation du sport féminin est bien souvent réduite à peau de chagrin. A performance égale, la sportive ne bénéficie que très rarement d’une exposition similaire à celle du sportif. Sauf si bien sûr, sa plastique est susceptible d’affoler les hormones masculines.
Il y a quelques jours, l’Ethiopienne Tirfi Beyene remportait le Marathon de Paris dans l’excellent chrono de 2h21’40’’, améliorant le record de la course. Dans les journaux télévisés du soir, quelques images du Marathon et de son vainqueur masculin, le Kenyan Stanley Biwott, lui aussi auteur du record de l’épreuve en 2h5’12’’. La pauvre Tirfi, elle, attend toujours devant sa télé de se voir lever les bras sur la ligne avenue Foch. Elle a beaucoup entendu parler des 3h16’49’’ d’Amélie Mauresmo (73e féminine) mais pas grand-chose sur sa perf personnelle (au passage, un chrono qui ne lui permettra même pas d’aller aux JO puisque cinq de ses compatriotes sont allées plus vite qu’elle lors du marathon de Dubai). Le lendemain dans L’Equipe, le classement donnait les onze premiers hommes et les… six premières femmes. Un exemple parmi beaucoup d’autres de la différence de médiatisation entre les hommes et les femmes. Certains rétorqueront que les femmes ne représentaient « que » 20% des partantes (ce qui est déjà beau pour un marathon). Certes. La cérémonie de remise des prix du Marathon des Sables, avec les dix premiers hommes récompensés et seulement les trois premières femmes, témoigne elle aussi de cette inégalité dans le traitement entre les sexes. Avec en plus, en ce qui concerne le MDS, une différence dans la grille de prix puisque le Jordanien Salameh Al Aqra est reparti avec un chèque de 5000 euros alors que la Rémoise Laurence Klein n’était récompensée que de 4000 euros (même prime hommes et femmes de 50 000 euros pour le Marathon de Paris).
Voilà pour ce qui est du « quantitatif ». Si l’on se penche sur le « qualitatif », là encore, il y a beaucoup à dire. La première question est une évidence : faut-il être jolie pour être médiatisée ? Alors soyons honnêtes… ça ne peut pas faire de mal. Oui, au pays des Bisounours, seuls les critères sportifs devraient définir le niveau d’exposition dans les médias. Mais voilà, même si on aimerait tous vivre à Bisounours land, la réalité est toute autre. Attention toutefois à ne pas tomber dans la caricature : les résultats restent prioritaires. Souvent citée dans ce genre de débat, la joueuse de tennis russe Anna Kournikova à qui l’on a beaucoup reproché d’être surmédiatisée pour son physique avantageux alors que soi-disant elle n’avait jamais rien gagné, était quand même dans le top 10 mondial et a été n°1 mondiale en double. Une vraie championne donc et pas seulement une poupée russe.
La lecture des journaux sportifs est aussi assez significative. La nature des adjectifs est souvent explicite sur la façon de parler du sport chez les journalistes sportifs… majoritairement des hommes. Alors que le sportif sera souvent affublé d’un adjectif qualifiant son mental, sa force (« le valeureux Croate »), la sportive est plus souvent associée à une valeur physique du genre « la jolie Slovène ».
Il y a trois ans, certaines filles de l’équipe de France de foot avaient accepté de poser nues pour une campagne de publicité. Le slogan : « faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir ? » Evidemment, quelques chiennes de garde, offusquées, s’étaient tout de suite élevées contre cette initiative de la fédération française de foot. Mêmes protestations quand la Fédé de foot récidiva en choisissant Adriana Karembeu comme ambassadrice du foot au féminin, évidemment pas pour la qualité de sa frappe ou de sa technique balle au pied. A la limite pour ses passements de jambe… La promotion de la pratique féminine fut alors articulée autour d’une campagne très « Barbie touch » sur fond rose bonbon. De quoi en énerver encore quelques-unes promptes à s’enflammer au moindre début de commencement de ce qu’elles estiment être du sexisme… N’empêche que jamais les médias ne s’étaient autant intéressés à cette équipe de France féminine, alors vierge du moindre titre ou de la moindre performance significative.
Ce n’est évidemment pas le cas parmi les lecteurs de ce magazine, mais la cible des médias sportifs est majoritairement masculine. Et évidemment, pour titiller cette cible, mieux vaut lui montrer de jolies gambettes, de jolis décolletés et de jolis minois (on est d’accord, tout ça est très subjectif). Même en course à pied, quand une agence de communication cherche une photo d’une coureuse pour promouvoir une épreuve, elle ne s’attache pas vraiment à l’esthétique de la foulée mais bien à celui de la coureuse. Si le phénomène existe de plus en plus avec les hommes à l’image d’un David Beckham ou d’un Cristiano Ronaldo qui n’hésitent pas à nous montrer leur tablette de chocolat, il est évidemment moins flagrant.
Est-ce un passage obligé ? Comment faire pour ne pas devoir passer par ces artifices ? Déjà, arrêter de faire des comparaisons sur la performance. Christine Arron au temps de sa splendeur (10''73 sur 100m) aurait terminé 5 mètres derrière le recordman de France cadet. Etait-elle nulle pour autant ? Laure Manadou (toujours au temps de sa splendeur), avec son record du monde du 400m, affichait trois secondes de plus que le record de France 15 ans. Etait-elle nulle pour autant ? La nature est ainsi faite, qu’il y a bien des différences physiologiques entre les hommes et les femmes. Et tant mieux.
Attention, les femmes ne sont pas exemptes de tout reproche. Combien de fois ai-je entendu une demoiselle dire qu’elle joue au foot féminin ou au basket féminin ? Non, il ne s’agit pas de deux sports différents. Elle joue au foot ou au basket, point barre. Manaudou ne fait pas de la natation féminine. Christelle Daunay, notre meilleure marathonienne, ne pratique pas l’athlétisme féminin.
Pour séduire les médias, peut-être faudrait-il aussi accepter de mettre en avant la féminité (ça, je sais que ça va en énerver…). Le monde de la course à pied est dans ce domaine plutôt en avance. Il y a bien longtemps que les équipementiers ont compris tout l’intérêt de décliner des gammes féminines. Dans d’autres sports, ce fut bien plus tardif. Par provoc (j’adore), je prône parfois le port de la jupette. Je prends à chaque fois des scuds en réponse (même pas mal), mais c'est aussi un moyen pour lancer la réflexion sur la différence entre sexy et féminin. Sans tomber dans l’excès du beach volley où le règlement édicté pour les Jeux d’Atlanta en 1996, imposait aux femmes de porter des maillots de bain moulants dont le bas ne devait pas être plus large que sept centimètres sur les hanches (j'en connais certains qui se seraient volontiers portés volontaires pour aller prendre les mesures... trop tard car la fédé de volley vient de modifier le dit règlement), ce n’est pas un outrage de vouloir mettre en avant cette fémininté (chacune est évidemment libre de faire ce qu’elle veut). Quelques porteuses de jupette dans les pelotons de course à pied (Maud Giraud par erxemple) font un tabac.
Cette inégalité de la médiatisation a forcément des répercussions économiques. Dans le Top 50 des sportifs les mieux payés en 2011 dominé par le golfeur Tiger Woods avec 52 millions d’euros, une seule femme. Et devinez quoi, elle est du genre très jolie. En plus de bien jouer au tennis, elle sait aussi "jouer" de son physique. Il s’agit de la Russe Maria Sharapova (16,21 millions d’euros de revenus en 2011). Injuste ? Evidemment.
Pas question non plus de tomber dans la misandrie (contraire de misogynie), mais juste de rééquilibrer les choses. Après, c'est l'éternel problème de la poule et de l'oeuf. Est-ce que c'est parce que les médias n'en parlent pas que les gens s'y intéressent moins ou est-ce parce que les gens s'y intéressent moins que les médias en parlent moins ? Si vous avez la réponse, je suis preneur.