Les glossaires et les polyglottes,
Les corsaires et les matelotes
En quadrilles langoureux s'agacent
Les linguistes et les multilingues
Les artistes et les camerlingues
En gavottes languides s'enlacent
Les gloseux fous et les langagiers
Les taiseux doux et les imagiers
En menuets languissants se placent
Les languards et les beaux glossographes
Les bavards et les gris soulographes
En des slows alanguis se prélassent.
* * *
La glossolalie serait le don des langues poussé à son extrême, comprendre et parler sans avoir appris. A défaut de don des langues, je me suis limité à un don - partiel il est
vrai - de la langue.
Les lemmes de la famille sont dérivés de plusieurs radicaux : le grec γλωσσα , le latin lingua et le français langue. Ainsi me sont revenus
glossaire, polyglotte, gloseux - celui qui glose - et glossographe, puis linguiste et multilingue, et enfin linguard - celui qui prend langue avec ardeur - et langagier.
Les intrus sont langoureux, languides, languissants et alanguis, dont la parenté n'est que paronymique, mais dont le voisinage verbal méritait d'être sublimé. De plus, issus du latin
langor, maladie, faiblesse, ils sont à leur place légitime dans ce bal de village.
Le mode de construction des strophes m'a permis de convoquer à cette sauterie une population hétéroclite et- bigarrée. Je prie les camerlingues de me pardonner de leur avoir suggéré la
fréquentation des soulographes, et vice-versa bien entendu !
Crédits :
Merci à Giotto di Bondone alias Ambrogiotto di Bondone pour cette oeuvre à propos du don des langues datant de la première Pentecôte...et peinte - huile sur bois, panneau d'autel - vers 1310.
Merci aux opérateurs du Service d'ORL et de chirurgie de la Face et du Cou de l'Hopital Européen Georges Pompidou, pour leur glossectomie partielle latérale et
évidement ganglionnaire cervical bilatéral en date du 19 juin 2012.