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Je me suis réfugié dans la salle de bains. Je n’en sors plus. J’ai éteint la lumière. J’ai peur d’exploser une fois de plus. Je n’en peux plus. J’ai ri, sans aucune interruption pendant plus de deux heures. Je suis écœuré. Je suis malade. Et moi qui pensais guérir ! Tout me donne envie de rire. L’objet le plus ridicule. Mais je ne dois plus y penser. Je dois faire le vide en moi. Je vais ainsi rester dans l’obscurité pendant encore quelques heures. Il faut positiver. Le rire s’en ira. Je dois aussi détruire les pensées parasitaires, elles sont nombreuses et elles peuvent à tout moment surgir ! Il faut que je pense à des choses sérieuses. A du sang par exemple. A un fleuve de sang qui se déverse dans l’océan. Qui me fait penser tout à coup à un manga à la con, Nicky Laarson. Ou sinon à des cancrelats. Je les déteste. Ils sont dégueulasses. Je les vois. Ils arrivent. Ils vont me tomber dessus. Ils vont me dévorer. Mais pourquoi est-ce que le petit dernier ressemble à quelqu’un que je ne connais que trop bien ? A mon oncle le mégalo ? Penser alors à la fin du monde… A l’apocalypse. Il ne reste plus un seul survivant. C’est foutu. On voit des corps partout. Mais parmi eux voilà que je devine le ventre tournoyant de mon directeur ! Non, je dois penser à une chose tout à fait affreuse. A ma copine/ fiancée qui me vénère. Pas ça ! A un meurtre… Un génocide de cancrelats. Tout s’emmêle dans ma tête. Le rire m’attaque, m’agresse. Il s’immisce dans mes pensées. Je ne vais pas y échapper ! Je le dois pourtant. Je dois dormir. C’est la seule échappatoire. Dormir, oublier le comique. Je le dois. Je le dois. Dormir, dormir….
Umar Timol
(à suivre).