Demande à la poussière (Ask The Dust) – John Fante

Par Nada @nada

Je vous ai déjà parlé de John Fante et de son livre ‘’Mon chien stupide’’ une belle découverte et un vrai coup de cœur, aussi pour continuer l’aventure avec cet auteur, je me suis plongée dans ‘’Demande à la poussière’’ et là, BADABOUM je suis tombée en amour comme dirait Céline (Non pas l’immense Louis-Ferdinand, mais la femme de Rrené …)

Durant les vacances beaucoup de livres me sont passés entre les mains, certains mieux que d’autres mais sans grande surprise, jusqu’à ‘’Lui’’. Je savais qu’en choisissant John Fante  j’avais l’assurance d’un bon moment, sans imaginer l’euphémisme du bon moment, le Choc !

Pourquoi ? Je ne saurais l’expliquer, certain(e)s  trouveront  mes propos démesurés, mais je décris simplement un ressenti qui me conforte dans cette passion qui m’anime, la lecture.

Bien sûr le talent de l’auteur  est  indéniable, son écriture tellement sophistiquée par sa simplicité nous touche et nous met à terre, chaque mot pèse une tonne. Ah ce Bandini, personnage odieux et touchant à la fois, comment résister à cet Arthur Rimbaud du XXe siècle.

Le décor : Los Angeles vers la fin des années 30.

Lui : Arturo Bandini,

’Peur de personne, d’aucun homme au monde, mais une peur bleue de traverser le tunnel, claustrophobe. Et peur de l’altitude aussi, peur du sang et des tremblements de terre ; à part ça plutôt brave, peur de rien sauf de la mort, de la foule de l’appendicite, des troubles cardiaques : tout le temps dans ma chambre, le doigt sur la jugulaire à me compter les battements du cœur, à épier les bruits suspects et sonder les gargouillis au fond de mon estomac. A part ça, comme j’ai dit plutôt téméraire’’

C’est aussi l’écrivain du siècle, du moins c’est ce qu’il pense. Sa première publication, une nouvelle ‘’Le petit chien qui riait’’, lui donne  l’illusion qu’un destin extraordinaire l’attend. Ce jeune mégalo de vingt ans, est obsédé par le succès, un besoin de reconnaissance qui se justifie par ses origines modestes. Il  a quitté son village du Colorado pour s’installer à Los Angeles afin d’y écrire’’ Le roman’’ qui lui apportera fortune et gloire.

Sans le sou, partagé entre la crainte de la punition divine et le besoin  de sexualité, qu’il n’a encore pas goûtée, l’inspiration lui fait défaut ;  mais plus que tout c’est le manque d’expérience et d’émotions qui le bloque, sur sa vieille machine à écrire la page reste désespérément blanche.

‘’C’était la sixième réclamation de ma logeuse en six semaines, c’était humiliant, ma logeuse écrivait plus que moi ’’.

Elle : Camilla Lopez, mexicaine sulfureuse, serveuse dans un bar glauque ‘’Un beuglant’’. Elle rêve d’un ailleurs sans jamais le chercher, et son quotidien est aussi ragoûtant que le café qu’elle sert. Son paradis sera artificiel.

Ils se rencontrent, s’insultent, s’aiment, s’insupportent. Pour Arturo c’est la naissance d’une passion dévorante, dévastatrice, quant à sa princesse Maya, comme il aime l’appeler, c’est plus complexe…

Dans ce roman John Fante dissèque ses personnages avec  justesse, il  nous immerge dans les tréfonds de leur âme,  leur mal-être et nous dévoile ainsi la flamboyance de ces deux êtres.

Demande à la poussière est un livre superbe, éclatant, une pépite, on peut difficilement y rester insensible, enfin je l’espère !

Merci Mr Fante

En 2006 Robert Towne en a fait un film avec Salma  Hayek et Colin Farell