Mais la pression est là, évidente et tenace. Et les mêmes qui s'amusaient des mises en scène répétitives de l'ancien monarque regrettent ces cascades de communiqués, réunions, projets de lois et déplacements de l'ancienne Sarkofrance...
Mardi, Hollande et Ayrault avancent finalement la session parlementaire de 15 jours. La veille, le premier ministre se défendait d'accélérer. Les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le front économique... et ailleurs.
Rien n'est surprenant.
Tout était prévisible.
A Paris, les écologistes s'agacent des déclarations pro-nucléaires d'Arnaud Montebourg. A Marseille, d'autres règlements de comptes, gravissimes, se poursuivent. Une sénatrice socialiste réclame l'armée, une demande refusée par Manuel Valls. Depuis deux ans, certains quartiers de la cité phocéenne ressemblent au Chicago des années trente.
Lundi, François Hollande joue un coup contre la Syrie. Il place la France en pointe de l'opposition au régime syrien. La France ne reconnaît plus le gouvernement actuel. Hollande enjoint l'opposition de constituer un gouvernement pluraliste et a décidé d'apporter un soutien matériel aux zones libérées. A propos de l'Iran voisin, l'AIEA s'inquiète de l'escalade atomique. L'Iran s'équipe à tour de bras en centrifugeuses.
Mardi, son ministre de l'Economie surprend tout le monde en annonçant une baisse des prix de l'essence, pendant trois mois, d'au moins 6 centimes. C'est mieux que le blocage promis initialement, mais il y a quand même des râleurs. C'est cocasse.
La rentrée scolaire approche. Quelques modifications ont été prévues par le ministre Peillon. L'Education nationale a un millier de professeurs en renfort. Mercredi, les emplois d'avenir sont présentés en conseil des ministres: 100.000 jobs subventionnés à 75% du SMIC, ciblés vers les jeunes peu qualifiés et sans emplois, avec engagement de tutorat ou de formation (dont 6.000 pour l'enseignement). 50.000 suivront en 2014. Avant même les annonces précises, certains ont râlé. A gauche, Mélenchon regrette que ces contrats ne soient aidés que sur un à trois ans. « C'est du précariat ! » dénonce-t-il. A droite, on fustige ces emplois publics (ils sont réservés pour l'essentiel au secteur non marchand).
Pourtant, la situation de l'emploi est toujours grave, près de 41.000 sans-emploi supplémentaires ont été enregistrés à Pôle Emploi, pour frôler les 3 millions à fin juillet. Vendredi, le président profite d'un déplacement à Châlons-en-Champagne pour s'exprimer plus largement. Un document d'orientation de négociation sur la sécurisation de l'emploi pour les salariés «sera présenté le 10 septembre» aux partenaires sociaux. Des manifestations l'accueillent aux cris de « on veut du changement ! ». La CGT promet des manifestations le 9 octobre contre le traité budgétaire. C'était presque cocasse, il y a moins de 4 mois, la CGT était accusée d'être vendue à Hollande...
Mercredi, Jean-Marc Ayrault déboule sur le campus d'HEC, où le MEDEF tient son université d'été. Les patrons ont le blues. Officiellement, ils s'inquiètent de « la stratégie économique du gouvernement » (dixit Laurence Parisot au Monde) ou de la « compétitivité » des entreprises françaises. Officieusement, les plus grands d'entre eux, ceux du CAC, protestent contre la future taxation de 75% de leurs revenus supérieurs à un million d'euros annuels, prévue dans la prochaine loi de finances; ou du relèvement de l'ISF. A l'Elysée, on les appelle les « pleureuses ». L'une de ces dernières s'exclame dans les colonnes du Nouvel Obs: « Les 75%, c'est du viol ! » Un viol ?
Le récent classement des fortunes du pays établi par le magazine Challenge pour l'année 2012 recensait 500 fortunés qui comptabilisaient presque autant de gains que les recettes nettes de l'Etat...
Mathieu Pigasse, responsable de la banque Lazard France et, accessoirement, propriétaire de Libération, des Inrocks et d'une fraction du Monde, n'a pas de chance. Sa banque a été choisie par le gouvernement pour conseiller ce dernier en vue de la création de la future Banque publique d'investissement. Comme Audrey Pulvar, compagne du ministre Montebourg, a rejoint les Inrocks en juillet dernier comme directrice éditoriale, il n'en fallait pas plus à quelques-uns pour faire la polémique.
Le Nouvel Obs, qui a lâché cette prétendue bombinette jeudi 30 août, accuse ainsi Pigasse d'avoir nommé Pulvar en contrepartie de l'octroi du mandat.
L'accusation de conflit d'intérêt prête à sourire: les règles d'appels d'offres publiques sont assez drastiques pour une mission pilotée par Bercy et non Montebourg, la banque Lazard n'a pas pas besoin de cela. Mais elle rappelle cette désagréable impression d'une confusion des genres permanente. Sans attendre, dès vendredi, Montebourg lui-même fustigeait le recours à une banque privée (Lazard ou toute autre banque) pour cette mission.
Une autre information fut plus discrètement relayée. François Fillon, révèle Rue89, a créé sa société de conseil entre son départ de Matignon (mai) et son élection à l'Assemblée nationale (juin). S'il avait tardé, il n'aurait pu, la législation empêchant un député de créer une telle activité en cours de mandat. S'afficher consultant quand on devient élu de la Nation, quelle curieuse démarche !
Nicolas Sarkozy serait également devenu consultant. C'est une épidémie. La banque d'affaires Morgan Stanley, l'une de celles que l'ancien monarque désignait de déraisonnable au plus fort de la crise boursière de l'automne 2008, voudrait le rémunérer 250.000 euros pour une conférence de 45 minutes à New-York en octobre prochain, selon le Canard Enchaîné.
Du vrai travail !
A droite, l'UMP semble sombrer. Nous pourrions leur donner quelques conseils d'opposition. La campagne interne n'intéresse personne. Jean-François Copé a pourtant enfin déclaré sa candidature à la présidence de l'UMP. Un débat télévisé sera organisé. Copé et Fillon font assaut de sarkozysme comme pour mieux enterrer tout risque de retour de leur ancien mentor. La gauche gouvernementale a peut-être des ennuis, la droite d'opposition n'en profite pas. Les idées sont absentes, les débats se limitent à des petites vannes. Hélène Jouan (France Inter) s'amuse: « pour un parti qui découvre enfin la démocratie, commencer par le Congrès de Rennes, c'est cocasse.»
Jeudi, Hollande est à Madrid. Il traite de la crise européenne avec le premier ministre Rajoy.
Vendredi, Christiane Taubira fait un malaise en réunion publique. Un simple coup de fatigue, nous dit-on. Depuis sa nomination en mai dernier, la garde des Sceaux a été accusée des pires saloperies par certains de l'opposition. Sur Twitter, le député UMP Lionnel Luca déclenche une belle nausée en moquant son malaise qu'elle aurait eu « à l'énoncé de toutes les mesures en faveur de de la délinquance » du gouvernement...
Rien n'est surprenant.
Tout était prévisible. Chroniques de Juan François Hollande : «des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction» Baisse de 6 centimes des tarifs de l'essence pendant 3 mois Le coup de Hollande en Syrie. Face au chômage des jeunes, le gouvernement agit David Assouline : «la droite doit tirer les leçons de son échec»