De sondage en sondage, la
baisse de popularité de Hollande se confirme et elle fait beaucoup gloser.
Il faut dire qu'une telle baisse 3 mois après son élection est un bel exploit
que seul
Jacques Chirac avant lui avait réussi à accomplir.
Pour autant rien de vraiment surprenant à la baisse de sa cote de confiance,
elle était même largement prévisible.
Tout d'abord, rappelons que les enquêtes ont montré que beaucoup avaient
voté pour Hollande
sans réelle conviction ou en l'occurrence pour ne pas voter Sarkozy, il est
donc normal que ceux là ne lui accordent que peu de répit pour prouver qu'il
est capable de redresser la France.
La difficulté pour Hollande a été tout d'abord de se faire désigner à la
primaire puis de rassembler la Gauche derrière lui, sans pour autant s'engager
sur un programme trop à gauche. Dès l'été 2011, il s'était fait remarquer par
rapport à ses collègues mais néanmoins concurrents (es) à l'époque, par ses
positions sur la nécessité de résorber notre considérable déficit. N'hésitant
pas à remettre en cause le projet mort-né du parti, il avait pris une position
sans ambigüité sur le sujet.
Il y a eu ensuite la fameuse primaire qui l'a, tout naturellement, amené
faire quelques promesses susceptibles d'attirer sur sa personne les suffrages
des sympathisants socialistes, ce furent les 60 000 postes dans l'Education
Nationale ou le contrat génération mais il a su éviter toute surenchère
excessive.
Enfin ce fut la campagne avec ses 60 propositions, des propositions plutôt
rassurantes puisque le projet socialiste a été largement dépouillé de la
plupart de ses couteuses promesses. Mais ce fut également beaucoup de non-dits
et de semi-mensonges. Comme par exemple l'absence de précisions sur le volet
réduction des dépenses dont il a pourtant admis la nécessité, ou des
affirmations peu crédibles sur le non alourdissement de la fiscalité des
classes moyennes.
Grace à l'ambigüité de son positionnement, il est arrivé à se faire élire en
conciliant son réalisme et sa bonne maitrise des mécanismes économiques, avec
son statut de représentant de la principale formation de gauche.
Ce faisant, il a pris le risque de décevoir très rapidement l'aile gauche du
PS, ses " partenaires " politiques que sont les Verts et dans une moindre
mesure le Front de Gauche, les syndicats, et d'une manière général tous ceux
qui ont cru qu'il allait, comme Mitterrand en son temps, prendre des mesures
sociales et politiques fortes dès son arrivée au pouvoir.
Le terrain était donc plutôt favorable à la désillusion.
Or, les 3 premiers mois de quinquennat n'ont été, en fait, que le
prolongement logique de sa campagne pendant laquelle il a été en permanence
soumis à des forces contraires. Cela s'est traduit notamment par la mise en
oeuvre très minimale des promesses de campagne (Réforme des retraites, Hausse
du SMIC, baisse du prix de l'essence, Augmentation du plafond du Livret A...),
par une politique de sécurité ferme, ou par une politique européenne qui,
malgré le fameux pacte de croissance, est somme toute assez peu éloignée de
celle de son prédécesseur.
Si on y ajoute à cela la légitime impatience de ceux qui ont pris au pied de
la lettre le slogan " le changement c'est maintenant " et non pas dans 5 ans ni
même dans 1 an, rien d'étonnant que beaucoup se sentent quelque part un peu
floués.
François Hollande va devoir précipiter les événements quitte à réduire le
temps de la réflexion et de la concertation sur lesquels il s'est pourtant
engagé !
Mais, n'est-ce pas Mitterrand lui-même qui suggérait de " donner du temps au
temps " !