Magazine Culture
Tout le mois de septembre,pour notre plus grand plaisir nous accueillons sur BookenstockSIRE CÉDRIC
Venez l'assaillir de questions ici même...
Relayez l'info !
Je ne sais plus si je l'ai prévenu...mais tout le monde le sait,sur Bookenstock, zéro joker !
Alors un peu de réconfort avant l'effort... :))
Je lui laisse la parole :
— Diable, on approche déjà tant que ça ? Bon, puisqu’il faut que je me présente en quelques mots… autant me jeter à l’eau…— Attention, tu penses à haute voix, Cédric.La voix, derrière moi, m’a surpris, mais un peu moins. Chaque fois un tout petit peu moins.Je souris sans me retourner. Je bois une gorgée de bière déjà tiède, maudissant la canicule. Je songe à ma manie de parler tout seul quand je réfléchis. Je bois une gorgée de plus.— Désolé. Mais je dois vraiment faire ça maintenant.— Tu vas faire quoi au juste ?— Une présentation, avant de répondre à des questions de lecteurs. Tu sais que c’est comme les dédicaces. Le moment juste avant, c’est, comment dire, un peu intimidant…Je l’entends ricaner dans mon dos.— Encore des questions ? Tu ne t’en lasses pas ?— Eh bien, tout d’abord ce sont Dup et Phooka qui me l’ont demandé, elles sont très sympas, et de toute manière j’adore discuter. Tu es bien placée pour le savoir.— Bon, je suppose que ça va durer encore toute une soirée, encore une fois ?— Non. Cette fois, c’est un mois entier.Une pause. Puis sa voix s’élève de nouveau. Blanche.— Je t’ai déjà dit que je n’aime pas ton humour ?— Il est fait pour ne pas être compris. Sinon ce ne serait pas drôle. D'ailleurs, ce n’est pas une blague. Le dialogue va durer tout le mois de septembre.J’entends son rire forcé. Il y a de la nervosité, pourtant, dans son timbre faussement suave. La même que la mienne. Et autre chose aussi. Je connais bien cette teinte dans sa voix. Celle de la curiosité.— Tu crois qu’ils vont te demander si tu vis avec tes personnages ? Si pour toi ils existent ?Curiosité, et intérêt.Cette fois, c’est moi qui souris.Je me retourne et je la regarde, installée sur le canapé derrière moi, la jeune femme aux cheveux blancs qui me fixe derrière ses lunettes noires. Le volet du velux de mon bureau presque entièrement fermé, seul un rayon de soleil tombe en oblique sur son bras. Sa peau luit dans l’ombre comme du marbre.— Je n’aime pas qu’on me regarde, grommelle-t-elle en pivotant, regagnant l’ombre qui baigne le bureau avec la souplesse d’un courant d’air.Je fixe la pièce vide. L’ombre tiède qui règne dans le bureau.Je murmure :— Je leur dirais qu’ils n’existent pas, Eva… Après tout, il n’y a que les dingues qui croient que les choses sorties de leur imagination ont une vie propre, n’est-ce pas ?Je me tourne de nouveau vers mon bureau, mon clavier, mon écran et la page Word tout de blanc brillant, aveuglant, et subitement noircie de lignes noires. Des choses qui n’existent pas. Pas plus qu’il n’y a d’orchestre dans les enceintes. Mais qui sont pourtant là, devant mes yeux, écrites en lettre de lumière. Des pensées. L’une après l’autre, prenant vie. La vérité, peut-être, ou un de ses masques.C’est vertigineux, au début.Mais chaque fois un tout petit peu moins.