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Donc lui aussi… Lance Armstrong est à son tour ratt...

Publié le 01 septembre 2012 par Pierre

Donc lui aussi… Lance Armstrong est à son tour ratt...Donc lui aussi… Lance Armstrong est à son tour rattrapé par la patrouille anti-dopage et risque, selon les spécialistes, pas moins que la déchéance de toutes ses victoires acquises depuis 1999 et une radiation du sport cycliste à vie !
Ce cas Armstrong est pourtant bien différent de celui des autres cyclistes pris en flagrant délit de dopage car le Texan, l’un des coureurs le plus contrôlés de la planète à son époque !, n’a jamais été contrôlé positif lorsqu’il courait. Ou plutôt, disons qu’il l’a été une fois, en 1999 aux corticoïdes, mais a bénéficié d’une justification thérapeutique a posteriori du médecin de l’équipe, acceptée par l’UCI.


Complexité. En matière de lutte antidopage, rien n’est jamais simple. Déjà que d’un point de vue scientifique, le gendarme court éternellement après le voleur (merci les médecins…), même si le cas de dopage est avéré, il faut alors faire avec un enchevêtrement de compétences incroyable qui brouille tout :

  • les pouvoirs sportifs sont nationaux et internationaux,
  • les réglementations civiles et pénales sont différentes (non rétroactivité, prescription…),
  • les approches politiques de la lutte antidopage varient d’un pays à un autre,
  • l’afflux soudain de témoignages et autres « analyse » de journalistes, avocats, sportifs… le plus souvent guidés par la seule lumière médiatique parasite toute analyse et information objectives (Les derniers exemples en date de Thibault  de Montbrial, Dick Pound ou encore Michel Rieu sont à ce titre assez consternants d’opportunisme),
  • les luttes d’influence dans les diverses instances sportives et politiques compliquent l’action collective,
  • les lobbies et autres intérêts économiques des sponsors jouent rarement la carte antidopage…

Bref, l’affaire est loin d’être simple et fait aggravant, il n’y a pas d’unité de temps car celui médiatique n’est pas celui du sportif, encore moins celui du judiciaire. Alors, méfiance de principe avec tous ceux qui, et ils sont toujours nombreux, annoncent et claironnent des faits avérés, des preuves intangibles, et toute la lumière des média qui va avec…
Mais aussi, recul et froide analyse envers les accusés-dopés qui nient en bloc. Notons que le supportariat et le souvenir ému d’exploits sportifs sont malheureusement ici très mauvais conseillers. Et dans le cas de Lance  Armstrong, il faut ajouter la fondation pour la lutte contre le cancer…

Nouveauté. Mais ce qui est véritablement intéressant avec ce cas Armstrong, au-delà du fait qu’il a été un incroyable être humain, puis un incroyable athlète (car sa victoire contre le cancer et ses victoires sportives, même dopé, demeurent extraordinaires et cela, on ne pourra jamais lui retirer), c’est que presque toute l’accusation de l’USADA repose sur des accusations de ses anciens équipiers. Il y a d’abord eu Frankie Andreu et sa femme Betsy, puis Floyd Landis puis Tyler Hamilton et George Hincapie et très récemment enfin, Jonathan Vaughters.
Ce sont les aveux de Landis qui ont tout déclenché. Ce dernier ayant été contrôlé positif dans les règles, il a pu être poursuivi par l’Agence antidopage américaine et c’est lui qui a complété les dires d’Andreu et indiquant les pratiques dopantes au sein des équipes de Lance Armstrong (Motorola, US Postal, dirigées par Johan Bruyneel). Or dans ce pays, qui soit dit en passant a mis bien du temps à engager la lutte antidopage, il est difficile de mentir sous peine d’être accusé de parjure et de finir en prison.
Ce constat n’est pas des plus rassurants car il démontre une véritable solidarité d’équipe. Tant que personne ne tombe, tout le monde se tait. Mais c’est aussi un exemple à suivre dans la méthode à employer pour lutter contre le dopage : dès que l’on tient un sportif dopé, il est possible d’éradiquer tout système de dopage interne organisé si judiciairement parlant, le silence ou le mensonge conduisent individuellement chacun des coureurs à la prison. C’est alors très efficace ! Une alternative à la prison pouvant, bien sûr, consister en une sanction financière dissuasive.

Dopage avéré? Deuxième élément du communiqué de l’USADA, des informations scientifiques montrant l’usage d’EPO pour les dernières années de la carrière du coureur texan (2009-2010). Ce point, qui ne fait qu’une ligne dans le communiqué, est pourtant essentiel en ce qu’il constituerait, pour la première fois, un contrôle positif du Texan. Mais cette information soulève une interrogation : pourquoi un tel silence de l’UCI qui devrait être au courant.

Et puis le communiqué n’indique pas qu’il s’agit d’un contrôle et laisse plutôt à penser que l’analyse des données sanguines du coureur montre une prise d’EPO. C’est l’approche défendue depuis une quinzaine d’années par les français au travers du passeport biologique et qui fait ses preuves. Un faisceau d’indices, même sans contrôle positif, peut permettre d’attester d’une pratique dopante. Sur ce point néanmoins, qui est essentiel !, il faut rester très prudent et attendre des informations complémentaires de la part de l’USADA.

Armstrong nie en bloc. Il n’en demeure pas moins que face à ces aveux de ses anciens coéquipiers, l’attitude de Lance Armstrong est bien cavalière et très peu respectueuse du monde du cyclisme et des supporteurs de vélo. Armstrong balai d’un revers de main ces éléments qui l’accablent, arguant simplement qu’il est passé à autre chose et qu’il préfère s’occuper de sa fondation contre le cancer. La ficelle est trop grosse, la défense presque ridicule pour ne pas dire triste. Et faisons le pari que l’homme, si tous ces faits de dopage sont vrais, doit parfois avoir du mal à vivre avec. Que dira-t-il dans quelques années à son petit garçon Luke qui le questionnera sur sa carrière de cycliste, sur ses exploits, ses victoires ? C’est peut-être la pire des sanctions qu’aura Lance Armstrong, de vivre avec le regard de son fils…

Une autre époque. Cet ultime geste de mépris pour le vélo qui a tout donné à Lance Armstrong montre bien que le sport a changé d’époque. Les sportifs, ou plutôt ces sportifs, sont devenus mercenaires. Ils envahissent une discipline sportive, se servent, la desservent, et repartent, sans états d’âme. Ne compte plus que l’argent, ce satané argent. Même la gloire et le fait de rester dans l’histoire collective ne semble plus les intéresser. A ce titre, Bjarne Riis indiquant, après ses aveux de dopage dans le Tour 1996, que son maillot jaune devait être dans un carton au garage et qu’il s’en foutait, a du être, pour les supporteurs de cyclisme et du Tour de France, un véritable crève-cœur, une humiliation même. Et le bonhomme continue à faire son business comme manager d’équipe…

L’argent, toujours l’argent… Alors puisqu’il s’agit d’argent, puisqu’il n’y a que cela qui compte pour les tricheurs, alors il serait opportun que les principaux floués de l’affaire portent le fer sur ce terrain : je pense aux autres coureurs (des gars comme Hampsten ou Mottet seraient millionnaires !), aux fédérations de cyclisme, à la Société du Tour de France. Ils devraient demander à récupérer leur argent et demander des dommages et intérêts pour le préjudice moral occasionné.

Floyd Landis s’est très récemment engagé à rembourser toutes les donations que les particuliers avaient faites pour le défendre lors de son inculpation pour dopage. C’est ça le pire dans tout cela, c’est qu’on est prêt à pardonner les personnes pour peu qu’ils fassent preuve d’un peu de respect pour la collectivité. Les Millar, Basso, Vaughters (dont la tribune sur le dopage dans le New-York Times est passionnante) sont autrement plus sympathiques et utiles à leur sport que tous ces voyous qui n’ont jamais rien avoué et ont continué leur œuvre de sape : Vinokourov, Di Luca, Valverde, Rasmussen, Berzin…

Mais terminons sur une note d’espoir, un rêve ? Lance Armstrong avoue, fait amende honorable et monte une fondation de lutte contre le dopage.


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