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L'Ecologie vue par un philosophe : Michel Serres

Publié le 01 septembre 2012 par Mickael_b @mickael_b

English: French philosopher Michel Serres at t...

English: French philosopher Michel Serres at the 19th International Festival of Geography held in Saint-Dié-des-Vosges in October 2008 Français : Le philosophe Michel Serres au 19ème Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges (Photo credit: Wikipedia)

Sortir de la vision technique, experte à parfois du bon.
Deux extraits de textes de Michel Serres, philosophe, sur la pollution et le rapport de l'homme à la terre :
"Oubliez donc le mot environnement, usité en ces matières. Il suppose que nous autres hommes siégeons au centre d'un système de choses gravitant autour de nous, nombrils de l'univers, maîtres et possesseurs de la nature. Cela rappelle une ère révolue où le modèle géocentré reflétait notre narcissisme, manière de mépriser le monde. Non. Celui-ci a existé sans nos inimaginables ancêtres, pourrait bien aujourd'hui exister sans nous, existera demain ou plus tard encore sans aucun d'entre nos possibles descendants, alors que nous ne pouvons exister sans lui. De sorte qu'il faut bien le placer au centre et nous à sa périphérie, comme des parasites. Nous sommes devenus si peu maîtres du monde qu'à force de la maîtriser, il nous maîtrise enfin à son tour. Par lui, avec lui et en lui, nous partageons un même destin temporel. Il va nous posséder plus encore que nous le possédons. Ainsi les anciens parasites, mis en danger de mort par les excès commis sur leurs hôtes, deviennent obligatoirement des symbiotes.
Il faut donc changer de direction et oublier le cap imposé par la philosophie de Descartes. Toute maîtrise ne dure qu'un terme court et se renverse très vite en servitude ; la propriété, de même, est une emprise de court terme ou se termine par la destruction. Voici la bifurcation de l'histoire : ou la mort ou la symbiose."
"Retour à la nature signifie désormais : abandon du contrat exclusivement social et passation d'un contrat naturel de symbiose et de réciprocité où notre rapport aux choses laisserait maîtrise et possession pour le respect, l'écoute, l'admiration et même la contemplation. Connaissance ne signifiera plus propriété ni action maîtrise. Contrat d'armistice dans la guerre objective, contrat de symbiose : le symbiote admet le droit de l'hôte, alors que le parasite -notre statut actuel condamne à mort celui qu'il pille et qu'il habite sans prendre conscience qu'à terme il se condamne lui-même à disparaître. Le parasite prend tout et ne donne rien ; l'hôte donne tout et ne prend rien. Le droit de maîtrise et de propriété se réduit au parasitisme. Au contraire, le droit de symbiose se définit par réciprocité : autant la nature donne à l'homme, autant celui-ci doit rendre à celle-là, devenue sujet de droit."
Tout est dit, non ?
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