Les vins de Saint-Joseph sont à prendre au sérieux. Même quand ils sont partenaires d'un festival national des humoristes, dont c'est (déjà) la 24ème édition, comme le temps passe. Humour et granit, aucune incompatibilité. Se fendre la gueule pendant le festival, à Tain ou Tournon, ou se la casser, dans les coteaux pentus du lieu-dit le Saint-Joseph, faut choisir. Parce que tailler, rogner ou vendanger encordé, dans le Saint-Joseph ou sur un autre coteau de l'appellation, mine de rien, c'est une sérieuse affaire. Sans rire.
Les 1200 hectares de l'appellation, étirés sur 50 km de long, font la jonction entre la Côte-Rotie et Cornas. Une bande granitique, sculptée par les méandres du Rhône, d'exposition sud-est prédominante, entre Chavanay au Nord et Guilherand au Sud, qui nous a été présentée depuis le Saint-Joseph par Jérôme Coursodon. Au cœur de l'appellation, Mauves, ses vins Saint-Joseph, ses fruits, son marché journalier mai-août, coincé entre l'entrepôt du bricolage et un magasin sportif.
Le vin de Mauves, célébré par Victor Hugo dans les Misérables (souvenez-vous, la petite Cosette qui allait emplir son seau d'eau de bon vin de Mauves au puits des Thénardier et qui s'est pris une rouste -méritée, vu le prix où il était commercialisé à l'époque- pour en avoir renversé une goutte sur le carrelage et, plus loin dans le livre, Jean Valjean qui a vu rouge après avoir abusé du Mauves chez l'évêque, lui tirant ses petites cuillères, et se conduisant par la suite comme un malotru avec le petit ramoneux, sacré Victor, toujours le mot pour rire, quelle imagination fertile et débridée!).
Crédit photo AFAG
Saint-Jo a de l'humour, donc, quand il s'agit de communiquer, mais question gastronomie, pas question de rigoler! Surtout après une achtement belle pièce de théâtre revisitant avec brio, humour et panache les trois mousquetaires, du haut du mât et au fond à gauche.
Deux belles adresses de miam à ne pas manquer, donc, au choix. L'une rive droite, l'autre rive gauche. À Tournon, Carafes en folie, initialement retenue, mais abandonnée pour cause de foire aux oignons, censée paralyser la ville. Une adresse visitée ce printemps et déjà approuvée. Carte bistrot, originalement présentée sur bouteille (vide) et parfaitement exécutée par le chef (sans sommation), large choix de vins, pour tous les goûts, y compris les miens. Je me faisais un plaisir d'y retourner. Finalement, nous resterons sur la rive gauche, sans perdre au change.
Le Mangevins, c'est ouvert depuis relativement peu de temps, mais le tout Tain s'y presse déjà. Cuisine genre bistronomique, impressionnante de maîtrise et de précision, franchement épatante, et qui m'a fait forte première impression, comme ces petites cuisses de cailles confites, servies sur une crème de Tarbais, suivies d'une pièce de bœuf cuite à la perfection et d'une pêche rôtie au sirop de verveine.
Carte des vins très fournie, laissant une large place au Rhône, évidemment, dans ce qu'il a de meilleur, pour tous les goûts également, mais ouverte sur les autres régions, y compris le Jura. Et aussi le Beaujolais. Ici, vins fins et gamelle soignée. Même les filles sont belles. Que demander de plus Ultime?
Saint-Jo a de l'humour, mais sait être sérieux lorqu'il s'agit de goûter sérieusement à ses vins. Le petit échantillonnage dégusté, lors de ce petit voyage de presse estival et festif, entre théâtre et vélo-rail, organisé par Rouge Granit (y a-t'il nom plus prédestiné pour gérer le communication de l'appellation Saint-Joseph?), ne manque pas de personnalité et la diversité de style sait s'affirmer. Il n'y a guère que les festivaliers nationaux des humoristes que ça ne fasse pas rire!
Olif
P.S.: je ne résiste pas à vous narrer la meilleure blague qui circule en ce moment au festival national des humoristes viticoles, du côté de Tain: quelle est la différence entre la colline de l'Hermitage et un insecte? Le nombre d'antennes, évidemment!