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Pitch :
Durant la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1942, Hitler envisage d'envahir Stalingrad, ville clé de l'URSS qui le sépare de la victoire totale sur l'Europe. Un héros aiderait à motiver les troupes, entre alors en jeu Vassili Zaitsev, un jeune tireur d'élite de l'Armée Rouge. Dans le camp ennemi, l'état-major dépêche son meilleur tireur d'élite, le Major König, pour abattre celui qui est devenu le symbole de l'indomptable résistance russe.
En 2001, Jean-Jacques Annaud se lance dans le film de guerre avec Stalingrad. Après un très bon Alien IV, l’homme voit les choses en grand et prend le parti d’une reconstitution fidèle et détaillé de son propos. Tiré d’une histoire vraie, Stalingrad se situe à la croisée du film de guerre grand spectacle autant que d'une œuvre plus intimiste.
Casting efficace et réalisation ambitieuse montre que le réalisateur Français a bien compris l’enjeu tragique de l’histoire de cette guerre ignoble. En restant sobre et en évitant le côté mélo-dramatique à la Pearl Harbor, Stalingrad garde tout au long de son récit sa cohérence et son aspect réaliste. Le film est intéressant à plusieurs égards, et notamment par son mélange de romanesque et de politique. C’est d’ailleurs principalement sur ce mélange que repose tout l’intérêt du film de Annaud. Avec une mise en scène efficace jouant constamment sur une alternance de passages plus calmes et plus explosifs, Stalingrad prend assez rapidement la tangente du film de guerre dépassant le stade du pur produit commercial.
Jude Law en Vassili Zaitsev, devenu en quelques semaines un héros national sans peur et sans reproches est dans le tempo et semble concerné par son rôle de héros national. En face, Ed Harris reste comme d’habitude sobre et juste dans son rôle de sniper Allemand expérimenté. Le contraste entre les deux générations est, à ce titre, criant de vérité : l’un, jeune et fougueux désireux de se battre pour emmener sa patrie à la victoire, et l’autre, major âgé et expérimenté cherchant à relancer son pays souffrant de plus en plus des conditions Russes.
Dommage de constater des longueurs inutiles (notamment avec l’histoire d’amour fleur bleue inintéressante entre Jude Law et Rachel Weisz) pour un film qui parvient dans le même temps à emballer rapidement le spectateur dans son histoire. En outre, on constatera avec consternation la musique beaucoup trop présente qui à une forte tendance à vouloir à tout prix appuyer les scènes. Inutile et finalement assez énervant de constater cette omniprésence de la musique de Monsieur Horner (qui nous a habitué à beaucoup mieux). Heureusement, les silences sont globalement respectés durant les phases de « duel » entre les deux hommes.
Stalingrad reste un bon film de guerre réaliste, ambitieux et respectueux d’une certaine mise en scène plus intimiste qu’à l’accoutumée. A défaut de faire date, le film de Jean-Jacques Annaud permet d’apprécier par la lunette du divertissement, le contexte et les enjeux d’une guerre particulièrement atroce.