Un petit tour au Sénégal en compagnie de Cheikh Lô, ce Baye Fall charismatique que beaucoup de gens en France ont tendance à assimiler, à tort, au mouvement rasta. Membre de la confrérie Mouride (un mélange "folklorique" de la religion musulmane et des différentes croyances animistes encore en cours dans le pays), ce chanteur et musicien talentueux et autodidacte en quête constante de fusion des genres a un parcours artistique relativement atypique par rapport à d'autres célébrités locales A la différence de beaucoup d'entre elles, jamais il n'a "limité" le son de ses productions aux sonorités essentiellement m'balax, ces rythmes syncopés joués aux sabars que l'on retrouve partout en Afrique de l'Ouest depuis plus de 20 ans et qui font danser les foules. Et si beaucoup de ses textes sont écrits en wolof, la langue courante sénégalaise, ses albums restent incomparables en bien des points de la majorité des disques venant d'Afrique, à commencer par leurs inspirations aussi bien sud-américaine qu'européenne ou l'utilisation d'instruments venus des quatre coins du monde.
Il s'en est écoulé du temps depuis "Ne La Tiass" produit en 1996 par Youssou N'Dour. Presque 10 ans ont passé, "Bambay Gueej" a suivi en 1999 avec déjà des tonalités sud-américaines, mais jamais il n'a précipité les choses ni accéléré la cadence de ses sorties officielles, préférant de loin travailler selon ses désirs d'évolution, au point de voir sa musique se métisser à chaque fois un peu plus, jusqu'à ce "Lamp Fall", autre petite pépite colorée qu'il serait dommage de louper et 3e d'une série qui en compte aujourd'hui 4.On y retrouve des notes de samba, de reggae, de musique cubaine, de blues, de flamenco, et puisque l'homme est pieux s'y ajoutent des prières dirigées vers Cheikh Ibra Fall (le fondateur de la caste des Baye Fall, présent dans nombre de cérémonies ou de représentations picturales au Sénégal, et forcément loué par Cheikh Lô), l'évocation de sa foi et des batailles à mener en Afrique pour l'éducation, la paix, ou la santé des africains (la morale reste très présente dans beaucoup de ses textes), et bien sûr de l'amour (pour la belle Mademoiselle Marthe N'Galula), tout cela entremêlé de vibrations fraternelles et chaleureuses ressenties dès les premières notes de "Sou", et jusqu'à "Zirkoulah" en piste 13, l'ensemble des morceaux étant orchestré de main de maître par un florilège de musiciens qui ont enregistré à Londres, Dakar, ou Bahia. Comme de coutume je vous fais part de mes préférences en 5 titres, et si l'envie vous venait d'acheter l'album ou de vous renseigner plus en détail, les liens habituels. Amazon iTunes Myspace