Cet effarouchement devra être mené par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) sur l'alpage de Bachebirou sur la commune de Luz-Saint-Sauveur.
Sur cette estive, du 14 mai au 24 juin, le troupeau non gardé (on est dans l'appelation Barèges-Gavarnie) a été attaqué à sept reprises, entraînant la perte de dix-neuf brebis.
Pour l'Association Pays de l'Ours-ADET : "Appliquer le protocole « ours à problème » sur un ours dont le comportement est normal ne sert à rien.
L’effaroucher, le capturer, l’équiper d’un émetteur comme certains le
préconisent ne résoudra pas le problème de fond à l’origine de son
comportement.
Comme par le passé, les dégâts ne cesseront que quand l’ours aura quitté la vallée, et la même situation se reproduira, indéfiniment, dès qu’un ours reviendra, tant que l’on n’aura pas modifié des pratiques de gestion des troupeaux inadaptées."
Pour Gérard Bozzolo*, le problème ne vient pas de l'ours, mais de l'appellation Barèges-Gavarnie : "Dans le décret de l'AOC, la partie relative aux conditions techniques de production du système d’élevage, l’assertion de la conduite d’élevage en liberté durant l’estive, justifiant la qualité de la viande produite, résulte d’un fait d’opportunisme. Il entérine la facilité prise par les éleveurs de laisser leurs troupeaux sans surveillance étroite et régulière.
En particulier, les moutons ne mangent pas habituellement la nuit, par
contre, tirent avantage d’une forte activité de pâturage à la tombée
de la nuit et tôt, au lever du soleil, lorsque les conditions météo
sont propices et que la rosée n’est pas très abondante.
Or, cette mise en vacances des animaux sur les parcours d’altitude correspond à
un laisser aller préjudiciable à la qualité fourragère des estives et
constitue, aussi, un risque face aux pertes accidentelles, sanitaires
et à la prédation."
Du côté de France Nature Environnement, on regrette la choix du préfet : "Sur l’ensemble du département, depuis le début de l’année 2012, trente-huit brebis ont été tuées, six blessées et dix-huit disparues. Il n’en fallait pas plus pour que le préfet décrète que l’ours présente un comportement anormal. Faisant fi du protocole d'ours à problèmes établi dans le cadre du plan de restauration et de conservation d'ours brun dans les Pyrénées."
Pour FNE, "le préfet a autorisé l'effarouchement afin d'acheter la paix sociale. L’État a choisi là la solution de facilité sous prétexte qu'il ne peut financer l'emploi d'un berger sur une saison d'estive en raison du coût de cette mesure de protection."
Il est intéressant de noter que le Conseil National de Protection de la Nature n'est pas dupe. l'institution a rendu un avis défavorable à cet effarouchement : le troupeau ne bénéficie pas d’une protection permanente et la présence de bergers pendant six nuits a bel et bien permis d’éviter toute attaque.
Pour les associations, toutes les mesures alternatives à l’effarouchement n’ont donc pas été mises en œuvre.
L'opposition à l'ours est une histoire d'argent. Comme l'écrit un internaute : "C’est une question de gros sous et les principaux opposants sont des pluri-actifs qui ne peuvent et ne veulent pas garder leur bétail dans les estives." Pour l'ours, les éleveurs font du "bear howling", Ils crient "A table !"
* Enseignant en Zootechnie à la retraite à l'ENSAT Castanet-Tolosan et auteur de "Appellations d'origine contrôlée et productions animales"