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Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski (Recueil de nouvelles d'un vieux dégueulasse, 1972)

Publié le 31 août 2012 par Florian @punkonline
contes_de_la_folie_ordinaire_charles_bukowski.jpgCes contes de la folie ordinaire sont le premier recueil de nouvelles de Bukowski traduit en français. Perversion, sale, sexe, alcool, misanthropie, femme sont quelques mots clés qui décrivent ces nouvelles semi-autobiographiques.

Le style est direct et n'essaie jamais d'enjoliver la situation. Bien au contraire, Bukowski se dépeint en gros vieillard alcoolique fait de la  surenchère dans l'ideux. Nihiliste, il a pourtant nombreux côtés libertaires : il est contre la guerre et se met du côté des pauvres, des clodos, des moches contre les strates supérieures la société.

Il préfère les lieux sordides a ceux branchés et superficiels. Bukowski ne veut pas plaire, bien au contraire. Lors des parutions  de ses nouvelles, il se délectait des critiques proférées à son encontre, notamment par les gens de la bonne société.

Dégueulasse et jouissif.

Voici les nouvelles présentes dans le recueil :

  1. La plus jolie fille de la ville
  2. La vie dans un bordel au Texas
  3. Le petit ramoneur
  4. La machine à baiser
  5. Trois femmes
  6. Trois poulets
  7. Douze singes volants qui ne sont jamais arrivés à baiser
  8. Vie et mort d'un journal underground
  9. Le jour où nous avons parlé de James Thurber
  10. La politique est l'art d'enculer les mouches
  11. Autant qu'on veut
  12. La chatte blanche
  13. J'ai vécu avec l'ennemi public n°1
  14. Comme au bon vieux temps
  15. Le grand mariage zen
  16. Cons comme le Christ
  17. Pas de chaussettes
  18. J'ai descendu un type à Reno
  19. Carnets d'un suicidé en puissance
  20. Le Zoo libéré

Quelques citations du livre :

La différence entre une démocratie et une dictature, c'est qu'en démocratie tu votes avant d'obéir aux ordres, dans une dictature, tu perds pas ton temps à voter.


Quand un homme s'angoisse pour son loyer, les traites de sa voiture, le réveille-matin, l'éducation du gosse, un dîner à dix dollars avec sa petite amie, l'opinion du voisin, le prestige du drapeau ou les malheurs de Brenda Starr, une pilule de LSD a toutes les chances de le rendre fou parce qu'il est déjà fou en un sens, écrabouillé par les interdits sociaux et rendu inapte à toute réflexion personnelle.


Les hôpitaux, les prisons et les putes, telles sont les universités de la vie. J'ai passé plusieurs licences, vous pouvez me donner du Monsieur.


Je retourne aux putes et au scotch, pendant qu'il est encore temps. Si j'y risque ma peau, il me paraît moins grave de causer sa propre mort que celle des autres.


Dans la vie, ne gagnent que ceux qui s'entêtent et auxquels la chance sourit. D'autant que, plus vous tenez ferme sur vos positions, et plus la chance peut se montrer bonne fille. Mais la plupart des humains lèvent le pied et échouent.


Les écrivains posent un problème. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend comme des petits pains, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend moyennement, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend très mal, l'écrivain se dit qu'il est génial. En fait la vérité est qu'il y a très peu de génie.


Un être libre, c'est rare, mais tu le repères tout de suite, d'abord parce que tu te sens bien, très bien quand tu es avec lui.


Pour s'en sortir dans une nouvelle, il faut du cul, beaucoup de cul, si possible.


Trouvez-moi un homme qui vit seul et dont la cuisine est sale en permanence, et six fois sur dix je vous montrerai un homme exceptionnel.


Les mariages, les liaisons, les amours d'une nuit l'avaient convaincu que l'acte sexuel ne valait pas ce que les femmes exigeaient en échange.


Vous croisez au moins cinquante machines à baiser dès que vous posez le pied sur n'importe quel trottoir d'Amérique - seule différence: dans la rue, elles se prennent pour des êtres humains.


Quant à ma vie, elle était toujours aussi lamentable qu'au jour de ma naissance. Une seule chose avait changé : maintenant, et ce n'était jamais assez souvent, je pouvais boire de temps en temps. Boire était la seule chose qui permettait de ne pas se sentir à jamais perdu et inutile. Tout le reste n'était qu'ennuis qui ne cessaient de vous démolir petit à petit. Sans compter qu'il n'y avait rien, mais alors ce qui s'appelle rien d'intéressant dans l'existence. Les gens vivaient en-deçà d'eux-mêmes, les gens étaient prudents, les gens étaient tous pareils. "Et dire qu'il va falloir continuer à vivre avec tous ces connards jusqu'au bout", pensais-je (...). Il était évident que je ne serais jamais capable de me marier et d'avoir des enfants. Et pourquoi l'aurait-il fallu alors que je n'étais même pas foutu de me trouver un boulot de plongeur dans un restaurant ?
Mais peut-être que je serais pilleur de banques ! Un truc d'enfer ! Quelque chose qui aurait du panache, de la gueule. On ne tentait sa chance qu'une fois. Pourquoi être laveur de vitres ?
J'allumai une cigarette et continuai de descendre la colline. Étais-je donc la seule personne que cet avenir bouché rendait fou ?


Quand elle m'a dit ce "non", j'aurais dû "insister" au lieu de me taire. Je lui avais demandé de vivre avec moi et ça l'avait touchée, j'en suis sûr. Dans cette histoire j'ai été trop réservé, trop distant, trop flemmard. Je méritais de crever et je méritais sa mort. Je n'étais qu'un chien. Et là, j'insulte les chiens. Je me suis levé, j'ai déniché une bouteille de vin et je l'ai vidée comme une brute.... La nuit tombait lentement et c'était trop tard.


C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.


Les femmes raffolent des imposteurs parce qu'ils savent embellir la réalité.


J’ai trouvé une bouteille chez moi et je l’ai vidée, plus quatre canettes de bière, et j’ai gratté mon premier papier. Ça parlait d’une pute de cent cinquante kilos que j’avais baisée dans le temps à Philadelphie. Ça faisait une bonne chronique. J’ai corrigé les fautes de frappe, une branlette, et au dodo...


Certains ne deviennent jamais fous... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses.


Toi, tu es laid, et tu ne connais pas ta chance : au moins, si on t'aime, c'est pour une autre raison.

J'ai un projet, devenir fou.


La poésie en dit long et c'est vite fait. La prose ne va pas très loin et prend du temps.


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