Un projet de révision des arrêtés relatifs à la liste des espèces végétales protégées à l'échelle régionale et nationale prévoit des modifications réglementaires qui pourraient entrainer moins d'applications des mesures concrètes de protection des espèces végétales. La Société Nationale de Protection de la Nature lance une alerte.
Les textes concernant la protection de la flore ont pour but de limiter la disparition des espèces végétales menacées et de permettre la conservation des biotopes correspondants. Ils interdisent leur destruction et leur commercialisation. Cependant, certaines exceptions existent et concernent seulement les parcelles cultivées. Ainsi l'article 1 des arrêtés précise que : " les interdictions de destruction, de coupe, de mutilation et d'arrachage ne sont pas applicables aux opérations d'exploitation courante des fonds ruraux sur les parcelles habituellement cultivées ".
" Mais les modifications, proposées aujourd'hui, sont préoccupantes puisqu'elles élargiraient le panel des exceptions autorisées ", dénonce la société Nationale de Protection de la Nature (SNPN). Ainsi l'article 1, s'il intégrait les modifications envisagées, stipulerait que : "les interdictions de destruction, de coupe, de mutilation et d'arrachage ne s'appliquent pas:
" 1° aux opérations de gestion courante des milieux naturels ayant pour objectif le maintien des habitats présents ou, le cas échéant, favorables à l'espèce concernée ;
" 2° aux opérations d'exploitation et de gestion courantes sur les parcelles habituellement cultivées, utilisées ou habituellement exploitées à des fins agricoles, sylvicoles, piscicoles, conchylicoles, salicoles, cynégétiques ou à des fins de maintien de la sécurité des biens et des personnes à condition que cela n'entraîne pas de modifications notables des habitats de l'espèce. "
" De telles dispositions ouvrent les portes à de nombreuses dérives " estime la SNPN... Selon elle ces arrêtés n'auraient plus de réelle portée et donc d'utilité : " l'ensemble du territoire rural et surtout une multitude de projets allant clairement à l'encontre de la préservation de la nature (urbanisation, industrialisation...) ne sembleraient plus concernés par lesdites mesures de protection sous prétexte du maintien de la sécurité des biens et des personnes ! "
Pour la SNPN " malgré la volonté et le bien-fondé de réviser ces textes, il s'agit, en l'état, d'une régression pour la protection de la nature et d'une aberration allant à l'opposé des engagements actuels en matière de préservation de la biodiversité ".
Stella Giani