Tout change pour que rien ne change. A la question quelle est la différence entre un ministre de l'intérieur de droite et son successeur de gauche, l'électeur lambda aura bien du mal à répondre. Coups de menton et claquements de talonnette Manuel Valls met ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy quand celui-ci était place Beauvau. Quitte à risquer d'endosser un bilan aussi médiocre en termes de sécurité.
On disait du maire d'Evry qu'il était Sarko-compatible. La question ne se pose plus mais Manuel Valls démontre jour après jour qu'il est fongible dans l'approche sarkozyste de la sécurité. Les mêmes amis et conseillers de l'ombre, Alain Bauer en tête, et quelque part la même politique. On ne reprochera pas à un ministre de l'intérieur sa fermeté sous réserve que ses actions ne constituent pas des coups d'épée répétés dans l'eau. Or, sur deux derniers sujets d'actualité, Manuel Valls vient de démontrer toute son impuissance et avec lui, ce qui est plus grave, celle du gouvernement.
Sur la question des Roms, le ministre a cédé à la pression des élus locaux et du syndrome Nimby. Un affreux acronyme pour l'expression "Not In My BackYard", qui signifie littéralement "pas dans mon arrière-cour". Autrement dit, on ne règle pas le problème, on se contente de le déplacer. Hors hexagone on ne s'est pas trompé sur la continuité de la politique sakozyste en la matière. Le gouvernement socialiste français aura eu droit à son tour aux gros yeux non plus cette fois de la commission européenne mais des experts de l'ONU.
Et pour cause. La réaction française est loin d'être à la hauteur des valeurs qu'elle est censée incarner. Elle est surtout indigente en efficacité faute d'appréhender le problème au bon niveau qui ne peut être qu'européen. On aurait préféré à cet égard que la place Beauvau soit à l'initiative d'une réunion des ministres européens de l'intérieur en vue de rechercher une réponse coordonnée et harmonisée au sein de l'Union.
Même erreur sur le dossier Marseillais. L'assainissement des cités et au-delà des quartiers ne passera pas par un renforcement des effectifs de policiers. Le mal est trop profond. La réponse est du niveau d'un cautère sur une jambe de bois. La bonne question est venue du terrain par la voix d'une élue socialiste. La sénatrice-maire Samia Ghali, très basiquement, a proposé de faire appel à l'armée pour rétablir l'ordre républicain. C'est effectivement la seule conclusion possible pour une course à l'escalade des effectifs. Et encore pour quels résultats ?
Le courage en politique ce n'est pas la gestion électoraliste à la petite semaine. Ce n'est pas de soigner les maux par la prise répétée et toujours plus forte d'aspirine mais bien de les attaquer à la racine. La dégradation de la situation Marseillaise, prémices de ce qui attend les autres métropoles, impose un angle d'approche radicalement différent sinon, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
"Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste ses voiles". Manuel Valls doit faire sien les mots de William A. Ward. Combattre la délinquance implique de s'attaquer à l'économie souterraine de la drogue. Les GIR ont constitué une première réponse pragmatique. Il faut aller plus loin et ouvrir le débat d'une légalisation encadrée du cannabis en gardant en tête l'exemple de la fin de la prohibition aux Etats-Unis. Une période sombre qui avait vu les bars clandestins fleurir et le crime organisé exploser sur fond d'immigration. A défaut, se constitueront ici en France, au regard des sommes colossales qui sont brassées, des empires mafieux qui gangrèneront l'ensemble de la société. Replacé dans un cadre global, le laxisme n'est pas toujours où l'on pense.
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