Titre original : Rambo
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Sylvester Stallone
Distribution : Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze, Graham McTavish, Matthew Marsden, Ken Howard, Rey Gallegos, Tim Kang, Maung Maung Khin, Jake LaBotz…
Genre : Guerre/Action/Drame/Saga
Date de sortie : 6 février 2008
Le Pitch :
John Rambo vit retiré en Thaïlande, loin des conflits. Contacté par un groupe de volontaires humanitaires, Rambo accepte à contre-cœur de les conduire avec son bateau en Birmanie, où la guerre fait rage. Peu de temps après son retour, Rambo apprend que les volontaires se sont fait capturer par l’armée birmane. Devant le refus des ambassades de tenter une action de sauvetage, Rambo accepte de conduire une escouade de mercenaires en Birmanie. L’opération va vite tourner au carnage…
La Critique :
Quand Sylvester Stallone annonça qu’il mettait en chantier un nouveau film consacré à Rambo, il y avait de fortes chances que le résultat recentre un propos qui s’était relativement égaré à l’occasion du troisième opus. Rocky Balboa, sixième du nom, ayant en effet superbement apaisé les craintes quant à l’état d’esprit d’un Stallone en phase avec sa condition de vétéran d’un cinéma old school. Un Stallone également en pleine possession de ses moyens, désirant offrir à ses deux rôles fétiches des longs-métrages à la hauteur de leur popularité, de leur légende et complètement pertinents quant à leur personnalité respective.
John Rambo ne déçoit pas. C’est le moindre des compliments que l’on peut formuler à l’encontre de cet obus cinématographique qu’est le quatrième épisode de la saga guerrière la plus célèbre du septième-art. Sylvester Stallone tourne le dos à Rambo 3 qui, de l’aveu personnel de l’acteur, s’est perdu, quelque-part entre le pamphlet patriotique et la comédie d’action hors-sujet. En cela, John Rambo se situe habilement entre le premier épisode et le second. À Rambo, il emprunte la mélancolie et le radicalisme des émotions, tandis qu’il convoque la débauche pyrotechnique de Rambo 2. Le mélange est étonnant. Et encore une fois, le mot est faible.
Dans John Rambo, les balles font des dégâts. Stallone, qui est allé chercher conseil auprès de son fils Sage (qui créa une société spécialisée dans la restauration de vieux films d’horreur), retranscrit à l’écran une violence sourde, brutale et frontale. Le métrage tient à montrer les conséquences immédiates de la guerre. Les civils massacrés, les corps perforés, les éclaboussures de sang et les explosions, qui sont tout sauf sujettes à démontrer une débauche de moyen. La violence n’a ici rien d’esthétique. Elle sert juste à montrer ce qu’est la guerre. Et de mémoire de cinéphile, rarement un film n’avait illustré la violence avec une telle franchise, sans se soucier de la bien-séance ou d’une morale qui tendrait à édulcorer les dommages collatéraux des batailles.
Dès le début, le ton est donné. Les images sont dures et non, le film n’est pas à conseiller au plus grand nombre. Interdit officiellement aux moins de 12 ans, John Rambo est plutôt conseillé aux plus de 16 ans. Au moins, car Stallone ne fait pas dans la dentelle. À aucun moment il ne trahit son cahier des charges, qui consiste à remettre les choses sur un niveau sérieux. Histoire de rappeler que si le cinéma -y-compris le cinéma de Stallone- a souvent montré avec détachement des fusillades, ce n’est pas à la base, quelque-chose de drôle. Extrêmement gore, le long-métrage de Sly prend en plus pied au cœur d’un conflit brulant, à savoir le génocide birman. Une tragédie humanitaire souvent ignorée des médias, mais pas de Stallone, qui à tenu a pénétrer de plein fouet dans un réalité actuelle, afin de bien souligner le sérieux de sa démarche.
John Rambo ne laisse aucune place à l’humour. Rambo y apparaît comme un homme fatigué, harcelé par des souvenirs traumatisants. Retiré du monde, il se bât contre sa vraie nature, avant de comprendre qu’un tel combat est perdu d’avance. Blasé, il fuit les autres et lui-même, mais pas pour très longtemps. Simple dans sa narration car voulu comme tel, le film de Stallone est de plus d’une efficacité rare. Particulièrement inspiré dans sa mise en scène, l’acteur/réalisateur/scénariste imprime de sa patte une œuvre qui ne peut pas parler à tout le monde. Bien trop radicale pour vraiment fédérer, elle illustre l’état d’esprit d’un artiste conscient de sa place dans le monde du cinéma, de son âge et de la valeur de son capital auprès de ses fans.
Rambo, à la base, c’était du sérieux. Le personnage s’est ensuite perdu en chemin. Enfin il nous revient mature. Une vraie machine à tuer qui ne verse pas le premier sang, mais qui réplique avec une hargne sauvage. John Rambo est, quand il fait face au feu d’une bande de militaires dégénérés, pour qui la violence est devenue une distraction et qui s’adonnent aux vices les plus ignobles, un animal. Un animal qui rentre dans le lard et qui ne fait pas de prisonnier.
Entouré d’une troupe de mercenaires (les Expendables avant l’heure en quelque sorte), Rambo est toujours un solitaire, mais, comme dans le un ou dans le deux, il ne crache pas sur un petit coup de main ponctuel. Ce quatrième épisode reste très fidèle au personnage. Il ne garde que ce qui fait de Rambo ce qu’il est. Premier degré, âpre et sanguinaire, le film recentre les choses et est à l’image de son géniteur : sensible et brut.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Nu Image