Le gecko, sans doute déjà présent dans la préhistoire, est un reptile ressemblant au lézard, qui, dans la majorité des cas, n’a pas de paupière, peut rester longtemps immobile, même collé au plafond, et fait entendre des sons ou des cris. A Madagascar, il est souvent considéré comme portant malheur mais mange les insectes nuisibles.
L’auteur nous fait entendre, dans une langue qui doit être dite à voix haute, ce que pourrait penser un gecko, un poète, dont le cri semble parfois venir d’ailleurs, d’une autre position. Il englobe toute l’histoire, l’esclavage, les guerres, la misère, exprime sa honte au Rwanda de n’avoir pas osé écrire tout ce qu’il a vu, voir tout le réel. Il dit aussi que, dans notre monde, le réel a été remplacé par la fiction. Après avoir écrit les noms des dictateurs dans une texte intitulé Voyez nos fous, il conclut : « Je ne savais pas que le cou coupé, le cri ne sort plus de la bouche mais de la gorge tranchée… » Il indique que « la politique du cafard est d’éviter la langue du gecko ». Et ailleurs : « Sur le fil du temps, la vérité marchant comme un funambule, un pas de côté, et la voici mensonge ». Et la langue du gecko dénonce « la privatisation acceptée du monde, ta soumission ». Ecoutons le : « Je savoure les mots que vous avalez déjà et que vous revomissez – ô pardon, que vous débitez – ô pardon que vous exprimez sourires aux lèvres, salaire salivaire de vos emplois sous lois, décret, arrêt, ordonnance… Parlez ! Parlez encore. Débattons, et des massues ? »