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Docteur Mabuse, Le Joueur

Publié le 31 août 2012 par Olivier Walmacq

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Genre : Thriller, film noir

Année : 1922

Durée : 2H35 (première partie) 1H55 (seconde partie)

L’histoire : Début des années 20, l’Allemagne est en proie à l’inflation, à l’affairisme et aux complots occultes. Dans ce contexte trouble, le docteur Mabuse, véritable génie du mal, sévit sous de faux visages et de fausses identités. Tour à tour joueur de poker, faux monnayeur, spéculateur, psychanalyste et Hypnotiseur, Mabuse poursuit sa quête de pouvoir et de richesse en manipulant le destin des hommes. 

La critique de Vince12 :

Attention gros chef d’œuvre ! Et film majeur dans l’histoire du cinéma ! Docteur Mabuse, Le joueur réalisé par Fritz Lang en 1922.
A sa sortie, ce film connaîtra un immense succès et il fera de Fritz Lang le réalisateur le plus célèbre d’Allemagne. Mais plus que ça, le film aura une influence plus que majeure sur le cinéma mondial.

Le film réunit Rudolf Klein-Rogge, Alfred Abel, Bernhard Goetzke, Gertrude Welker et Aud Egede Nissen entre autres. Il se divise en deux parties.

Attention SPOILERS !

1

Première partie : Le joueur, une image de notre temps

Tout débute à la bourse, où le docteur Mabuse parvient à orchestrer de façon géniale et diabolique une opération de spéculation en bourse. Quand il ne joue pas les rôles de spéculateur, Mabuse donne des conférences de psychologie. Ce personnage diabolique est prêt à commettre n’importe quel forfait pour s’enrichir ou pour obtenir du pouvoir. Fréquentant un cercle de jeu sous de fausses identités, il s’enrichit en hypnotisant ses adversaires.

Le procureur Von Beck met alors tous les moyens en œuvre afin de mettre un terme à cette vague de crimes. Mais Mabuse dispose d’un réseau organisé et sa malveillance n’a d’égal que son intelligence. Tous ceux qui savent quelque chose n’ont pas l’occasion de parler ou n’osent pas se dresser contre Mabuse.

Dans le cercle de jeu, le docteur va rencontrer le comte Told et il va s’éprendre de la comtesse. Pour cela il n’hésitera pas à hypnotiser Told au cours d’une partie de Poker et à provoquer sa déchéance.

Cette première partie nous dresse donc le portrait de l’Allemagne du début des années 20. L’inflation frappe et le pays est en pleine crise.
Dans ce contexte instable, on découvre le personnage du Docteur Mabuse prêt à profiter de la situation afin d’assouvir sa soif de pouvoir.

2

Cette première partie permet donc de découvrir ce personnage. Autant dire qu’on tient là l’un des plus grands supers vilains de l’histoire du septième art.
Car en effet Mabuse est un véritable génie du mal. Ce personnage doté d’une intelligence hors du commun exécute ses crimes sous de fausses identités et trouve toujours le moyen de contrôler le destin de ses victimes. On le voit dans cette première partie combler diaboliquement sa volonté de pouvoir sur les gens.

Clairement le personnage de Mabuse doit énormément à son interprète, l’acteur Rudolf Klein-Rogge qui confère au Docteur Mabuse toute sa puissance démentielle.
Il faut dire aussi que notre homme a vraiment la gueule de l’emploi. Par certains aspects, il est fort possible que le docteur Mabuse soit inspiré du personnage de Fantômas.

Au niveau de la mise en scène, Lang impose son talent et son génie visionnaire. On est ici dans l’expressionnisme à l’esthétique à la fois noire, baroque et somptueuse.
Mais d’un autre côté, on a également un aspect quasi-documentaire qui fait du film un véritable témoignage sur une époque sombre pleine de tensions (nous sommes dix ans avant la montée du nazisme au pouvoir). 

Cette première partie se révèle également totalement novatrice par son montage créatif et réglé à la perfection.

Fritz Lang étudie la société allemande de l’époque à travers toutes ses classes et tous ses aspects. Il met en scène tous les personnages de l’œuvre en présentant Mabuse comme le maître du grand jeu qu’est la vie (on peut évidemment faire le lien avec le titre).
C’est lui qui a toutes les cartes en main et le procureur Von Beck ne semble par faire le poids face à un tel personnage.  

3

Seconde partie : Inferno, une pièce sur les hommes de ce temps

Le docteur Mabuse n’est pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. Toujours obsédé par son envie de faire chuter le comte Told, il s’acharne sur ce dernier tout ça dans le but de mettre la main sur la comtesse. Cependant le Docteur perturbé par ses changements fréquents d’identité et ses séances d’hypnose commence à sombrer peu à peu dans la folie.

Pendant ce temps le procureur Von Beck tente de faire parler la danseuse Cara Carozza. Pour Mabuse cela devient une nécessité d’éliminer cette dernière. Mais cela permet en réalité à Von Beck de le mettre sur sa piste.

Le docteur est alors prêt à tout pour se débarrasser de cet ennemi redoutable. Il conseille donc à Von Beck de se rendre à un congrès d’hypnose.
En réalité, le congrès est dirigé par Mabuse déguisé. Au cours d’une séance d’hypnose il tente d’assassiner Von Beck. Mais celui-ci échappe à la mort de justesse et comprend désormais le lien entre Mabuse et tous les crimes.

Von Beck fait alors prendre d’assaut la maison de Mabuse. Les sbires du docteur s’engagent dans une fusillade avec la police. Les hommes de Von Beck prennent le dessus et Mabuse n’a d’autre choix que de renoncer à la comtesse et de s’enfuir par un passage secret.
Cependant, au cours de sa fuite, Mabuse sombre définitivement dans la folie. Il revoit alors les fantômes de ses victimes.

En pleine crise de délire, Mabuse est retrouvé par Von Beck et ses hommes, il sera interné à l’asile et ce sera la fin de ses activités criminelles.

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Voilà donc pour la seconde partie qui est peut être encore plus fascinante que la première. Après nous avoir dépeint un personnage diabolique, Lang nous montre Mabuse devenir victime de sa propre personne, le psychiatre sombrant dans la folie.

Cette seconde partie se révèle donc encore plus sombre et encore plus riche en suspense. La scène finale ou Mabuse revoit les fantômes de ses victimes est véritablement terrifiante. 

Fritz Lang signe alors un film culte et un véritable classique du cinéma. Clairement on tient ici une œuvre véritablement visionnaire et novatrice.
D’ailleurs, la légende veut que le cinéaste russe Sergueï Eisenstein, fasciné par le montage du film, se soit acharné à démonter et remonter une copie du film pour le comprendre.

Une fois encore Docteur Mabuse, le joueur s’impose comme une étape majeure du septième art. Le film aura une énorme influence sur le cinéma.
L’expressionnisme allemand trouve ici un véritable modèle et le film noir est annoncé. Lang met en scène les aventures d’un des personnages les plus cultes du cinéma qui trouvera plus tard des répercussions à travers le personnage d’Hannibal Lecter entre autres.

5

Le film connaîtra deux suites, Le Testament du Docteur Mabuse et Le Diabolique Docteur Mabuse. Autant dire que ce chef d’œuvre mériterait d’être analysé dans les moindres détails.

Docteur Mabuse, le joueur est donc un portrait à la fois somptueux et sombre de la société allemande de l’époque. Un chef d’œuvre absolu qui impose Fritz Lang comme l’un des réalisateurs les plus importants et l’un des génies les plus influents.
Bref, une œuvre incroyable et fascinante.

A voir absolument !   

Note : 19,5/20


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