onfrontés à une triple crise, économique, climatique et idéologique, l'humanité semble au bord de l’abîme. Les signes convergent pour nous dire qu'il est peut-être trop tard.
L'économique est en panne, le chômage et la misère montent dans tous les pays industrialisés ainsi que, bien sûr, dans les pays traditionnellement pauvres. Le changement climatique montre sa puissance et les indicateurs de fonte des glaces, de récurrence des tornades, de floraisons anarchiques, de disparitions d'espèces sont dans le rouge. L'idéologie néo-libérale montre sa faillite dans les crises perpétuelles et de plus en plus rapprochées, l'actuelle et colossale dilapidation d'argent pour tenter de sauver son cœur, les banques, comme dans la guerre d'intensité croissante que signifie la coexistence en terrain de concurrence, à l'évidence non libre et faussée un peu partout.
Nous allons vers une désagrégation générale du monde, semble-t-il. Désagrégation qui ne se fera pas sans douleurs immenses pour le plus grand nombre, et nous jettera dans un univers de pauvreté bien supérieure, se déployant sur des territoires devenus quasi-invivables, avec la surveillance et la coercition d'appareils de contrôle bien plus autoritaire encore que ceux déjà existant, pour faire accepter l'insupportable.
L'intelligence et la volonté de l'humain lambda n'est pas en cause. C'est la part d'ombre qui gagne sur notre laisser-faire. Nous avons trop accepté, délégué et ignoré en comptant justement sur les sursauts de l'intelligence et de la volonté de quelques-uns, sur le sens du Bien Commun pour remettre tout à l'endroit in fine.
Malheureusement, l'exigence citoyenne, morale et éthique ne pèse pas sur les décideurs qui ont plus de pouvoir que jamais mais un souci du Bien occulté, barré par le système qu'ils ont mis en place au service de ce qu'ils croyaient peut-être être bon, ou pour servir leur carrière et leurs collègues, dans quelques domaines que ce soit.
Nous pénétrons finalement dans le cœur de la société de marché intégral, où règne un individualisme quasi-total, où les décisions sont individuelles bien avant d'être collectives, manipulées avant qu'un soupçon de justesse, de cohérence et d'impact ne leur advienne, si par miracle de telles décisions venaient à être pensées.
Ici, la vocation de la marchandise c'est d'être produite sans fin et sans retenue et de disparaître de même. Ainsi les pensées et les hommes, aujourd'hui. L'unicité et la durée d'une vie, l'imperfection et la douleur, tout cela relève d'un temps dont nous ne voyons plus que l'image sur le mur de la caverne : le temps de l'humanité.