[Critique DVD] Bullhead

Par Gicquel

Jacky est issu d'une importante famille d'agriculteurs et d'engraisseurs du sud du Limbourg. A 33 ans, il apparaît comme un être renfermé et imprévisible, parfois violent… Grâce à sa collaboration avec un vétérinaire corrompu, Jacky s’est forgé une belle place dans le milieu de la mafia des hormones.


"Bullhead (Rundskop)" de Michael R. Roskam

Avec : Matthias Schoenaerts , Jeroen Perceval , Jeanne Dandoy , Barbara Sarafian

Sortie le 04 septe 2012

Distribué par Ad Vitam

Durée : 124 minutes

Nombre de : 1

Film classé :

Le film :

Les bonus :

Le trafic d’hormones dans le milieu de l’élevage bovin. A priori le sujet n’a rien de bien haletant, mais sous la coupe de Michael R. Roskam , il prend des allures de thriller puissant et ténébreux .Comme les nuages qui s’amoncellent au-dessus de la riche exploitation du sud du Limbourg, où Jacky, issu d’une importante famille d’agriculteurs, demeure renfermé, imprévisible, et parfois violent…

La mort d’un policier fédéral va conduire les enquêteurs à s’intéresser à la mafia des hormones dont il est l’un des principaux actionnaires. On ne dit pas encore parrain, et pourtant son statut s’apparente bien à celui d’un grand patron qui a droit de vie et de mort, sur les bêtes comme sur les hommes.

 

C’est un portrait inquiétant, méchant que nous livre le réalisateur, qui au fil de son réquisitoire éclaire cependant quelques zones d’ombre, qui adoucissent le trait.

L’homme porte un lourd secret, hérité de l’enfance, qui le condamne à jamais,  à vivre cette vie de reclus. Cette façon de regarder les filles, à la dérobée, presque sournoisement, sans jamais oser les aborder…

C’est un  homme qui a besoin de se reconstruire nous dit encore le réalisateur, mais comment, avec ou contre qui, c’est toute la force de sa mise en scène qui ne se prive pas d’alourdir l’atmosphère de lumières blafardes, où le toit des fermes se confondent avec les champs gris et noirs, à perte de vue.

Matthias Schoenaerts, dans le rôle titre a l’épaisseur suffisante pour supporter un tel personnage englué dans un réseau de filiations plus ou moins distendues et qui vont se reconstituer au fil des événements.

Car ce thriller qui ne dit pas son nom se prive quasiment de toute enquête policière. Elle n’est qu’en filigrane. Tout ou presque se concentre sur les individus, et leurs actions illicites, délivrées elles aussi au compte-gouttes, ne font que retenir l’attention, afin de mieux la relancer.

Le ressort est parfaitement tendu, et le scénario qui n’arrête pas de nous interroger sur les destinées des protagonistes, livre au bout du compte, l’état d’une région de Belgique, comme abandonnée à elle-même et à ses propres turpitudes. Ce n’est pas un tableau réjouissant, mais la manière de le présenter, lui offre maintenant une chance d’exister.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Matthias Schoenaerts

Ce film belge  a été sélectionné pour concourir dans la catégorie du « Meilleur Film Etranger » lors de la cérémonie des Oscars 2012.Matthias Schoenaerts et les autres comédiens ont dû étudier différents dialectes de la petite ville de Saint-Trond et de Flandre Occidentale qu’ils ont, au final, parfaitement assimilés.Certaines scènes du film, tournées en patois régionaux flamands sont ainsi sous-titrées pour le reste de la Flandre.

Diederik (Jeroen Perceval ) l’ami d’enfance, perdu , puis retrouvé, pour le meilleur et les souvenirs …

 Par ailleurs Matthias Schoenaerts a pris 27 kilos de muscles pour jouer  le baraqué Jacky Vanmarsenille.

 22, c’est le nombre de versions du scénario qu’a rédigé Michael R. Roskam avant d’être satisfait de l’histoire finale.L’organisation des réseaux illégaux du trafic d’hormones dans le milieu de l’élevage bovin interpelle les consciences belges depuis 1995 et l’affaire Van Noppen, dans laquelle un vétérinaire, soupçonné de participer à des affaires mafieuses, avait été assassiné

  • Les courts métrages de Michael R.Roskam

« The one thing to do » (24 mn )

Où l’on retrouve Matthias Schoenerts, cette fois du côté de la flicaille, perdu entre Bastia et nulle part, en quête d’un gus qu’on ne verra jamais. Car c’est son histoire  qui intéresse le réalisateur et dieu sait qu’il sait prend encore de très belle façon.

t  » Carlo » ( 18 mn )

En bref

Le film

L'interprétation phénoménale de Matthias Schoenaerts , liée à la réalisation très " terre à terre" constitue les deux arguments de poids de ce thriller hors norme.

Les bonus

Deux courts métrages, de très bonnes factures, c'est encore du plaisir à reprendre après l'excellent long métrage