Rien n'est plus doux que le soleil, celui qui lèche dès le matin, en suivant le contour de l'immeuble voisin, il renait en contournant la maternité de ce CHU. Là, maintenant, je ne dors plus malgré les somnifères, je les volontairement oublié, pour avoir une nuit à moi, un nuit de souffrance certes, mais sans être assomer, sans avoir ce sentiment de coup de massue. Je me gère, je souffre toujours un peu plus, je hais ce cancer qui me dévore, années après années.
J'ai pu voir la cérémonie des jeux olympiques, j'ai tout suivi, ces centaines de chaises roulantes et ses sourires par milliers. Aveugles, handicapés, impotents, brisés par la vie, ils sont là pour partager une fête du sport.
J'en suis venu à me demander pourquoi, tous ces sportifs n'étaient pas là avant, durant les jeux olympiques du mois d'août, avec les autres "normaux". Pourquoi ne pas alterner naturellement des épreuves avec et sans handicap ? Car ici encore on renforce la discrimination en offrant deux spectacles, en sectarisant les uns et les autres SEPAREMENT. Les malades et les non malades, comme depuis ce jour où je suis passé de l'autre côté de la frontière. Assomée, brisée, seule, trop seule, trop malade, vainqueur par KO après certains traitements et malheureusement les rechutes, les petites boules, les examens sanguins qui vous pourrisent la vie, le moral en ouvrant une simple enveloppe. J'en suis arrivée à avoir la nausée en ouvrant ma boîte aux lettres.
Maintenant je suis malade, j'ai un corps en souffrance et à chaque fois que je dois avoir un contact pour un boulot, pour un papier bancaire, je dois préciser que je suis malade. Une tâche indélébile entre ce cancer et ma dépression, entre tous ces méandres qui dévorent mon corps et mon âme.
Alors ce matin, je savoure le soleil, là, dans ma chambre vide, sobre et de couleur pastelle, je suis dans cet atmosphère triste, pauvre de tout sentiment, juste dans l'efficacité d'un traitement, d'une possible rémission, partielle, jamais définitive. J'attends ni le docteur, ni l'infirmière, encore moins la maladie. Je sortirai volontiers pour humer la fraîcheur du matin, pour ma balader le long de cette rivière si proche, de ce mer à quelques kilomètres. Je croque un rayon de soleil, j'essaye de l'attraper avec ma main, les perfusions me rappellent à mon lit. Un bijou pendouillant, même en version doré.
Je suis lasse de cette vie pourrie, de ses maux, de tout cela, de ce mal maudit, ancré en moi. Pour combien de temps encore ? Je vois mes enfants qui ne peuvent plus cacher leur tristesse, je vois mes petits-enfants qui sèchent leurs larmes avant-après les visites. Je porte ma fierté lors de leurs passages, mais mon visage, mon corps parle. Aujourd'hui, je suis de plus en plus lasse.
Le soleil, la chaleur, les robes d'été, trop larges sur mon corps épuisé, mes talons trop frêles sans la moindre force dans mes jambes.
Serait-ce mon dernier été ?
Nylonement
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