- Bonjour Myriam
- Bonjour.
Silence. Ma mère ne le quitte pas des yeux. C'est lui qui regarde ses chaussures.
- Tu vas bien ?
- Oui.
Silence. Il relève la tête. Ses bras sont toujours croisés, une de ses mains à l'intérieur de son blouson.
- Comment vont les enfants ?
- Ils sont perturbés.
- Oui...
Silence.
- C'est toi les appels téléphoniques ?
- ...
- C'est toi les appels téléphoniques ?
- Je ne voulais pas parler à tes parents. Je n'ai pas de problème avec tes parents. Ce ne sont pas tes parents qui m'ont quitté !
- Les enfants ont peur, tu comprends.
- Mais pourquoi ? (Une grimace merveilleuse se dessine alors sur son visage convulsé et rougi par l'étranglement de ses larmes.)
- J'ai pris un avocat.
- Myriam, on peut, peut-être...
- Divorcer...
Il a un mouvement vers elle.
- Ne m'approche-pas...
- Laisse-moi te prendre dans mes bras...
- Jean-Marc...
- Je t'aime...
- Non.
Il revient s'adosser contre la voiture. Un long temps pendant lequel il se recompose, les yeux fixés sur la pointe de ses chaussures.
- Je veux voir les enfants...
- Je ne suis pas sûr que c'est une bonne idée... Ils sont encore très fragiles.
- S'il te plaît...
- Toi... S'il te plaît... Arrête de ne penser uniquement qu'à toi. Je te dis que les enfants sont perturbés, qu'ils ont peur. Ils souffrent... Tu es violent. Tu nous a frappé dessus. Ils te craignent... Ils ont peur... Alors attends un peu. Aujourd'hui, il est mieux pour eux qu'ils ne te voient pas !
Un long temps pendant lequel il se recompose, les yeux fixés sur la pointe de ses chaussures.
- Je suis chez mes parents. Jusqu'à mercredi. J'ai pris des jours. Je peux revenir demain.
- Je ne suis pas certaine...
C'est alors que ces yeux persans et sa voix glaciale ressurgissent. Radicalité.
- Myriam. Ce sont aussi mes enfants. J'ai le droit de les voir.
Silence.
- Ce sera ici. Sur le trottoir. Devant chez mes parents. Et en ma présence.
- Si cela peut te faire plaisir.
Il remonte dans le véhicule calmement et part.
Ma mère revient à l'intérieur de la maison.
Quand elle passe la porte, elle nous trouve tous les quatre, mes grands-parents, ma soeur et moi, qui attendons le récit de ce qui s'est dit...
- Alors ?
- Il est à Saint-Velin chez ses parents. Jusqu'à mercredi. Ca me laisse le temps.
Elle saisit le téléphone.
- Sylvia. C'est moi... C'est pour ce soir.
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